MONTRÉAL - Il n'y a pas que Tim Raines qui ait poussé un soupir de soulagement quand il a reçu l'appel du Temple de le renommée, mercredi. Plusieurs de ses ex-coéquipiers attendaient aussi ce moment avec impatience.

Raines a obtenu 380 votes sur 442 bulletins pour 86 pour cent, franchissant à sa 10e et dernière année d'admissibilité le seuil requis de 75 pour cent des voix.

« Je n'ai jamais vraiment compris ce processus, parce que je ne crois pas qu'à l'an 1 de votre éligibilité, vous soyez moins un membre du Temple qu'à votre 10e année, se questionne Steve Rogers, coéquipier de Raines chez les Expos de 1979 à 1985. Je crois vraiment que c'est subjectif. (...) Vous devez avoir les statistiques pour être considéré mais, ensuite, ça dépend des électeurs.

« Quand vous prenez un joueur du calibre de Raines et que ça lui prend 10 ans, c'est signe que c'est aux membres à réaliser l'ampleur de ses exploits et de voter pour lui. Vous ne pouvez pas changer l'histoire: tout ce que Raines a fait, il l'a fait. Tout ce qui peut changer en 10 ans, c'est la perception des électeurs », rappelle Rogers.

« Il le mérite amplement. C'est dommage qu'il ait fallu 10 ans aux chroniqueurs pour le réaliser, renchérit pour sa part Andre Dawson, son grand ami. Il était un catalyseur dans son rôle et il a été l'un des meilleurs premiers frappeurs de tous les temps. »

Mais autant Dawson que Warren Cromartie, un autre ex-coéquipier de l'époque glorieuse des Expos à la fin des années 1970 et au début des années 1980, ont toujours cru que ce n'était qu'une question de temps.

« Je lui ai dit d'être patient, que le processus suivrait son cours, qu'il allait être admis, rappelle Dawson. Surtout après l'énorme progression qu'il a faite sur les bulletins de vote l'an dernier (NDLR : passant de 55 à 69,8 pour cent), je savais qu'il serait élu. »

« C'est plutôt amusant qu'il y a bientôt 7 ans, 'Rock' et moi étions assis à Cooperstown pour écouter le discours d'intronisation de Dawson, raconte Cromartie. Je lui ai alors dit : 'Tu sais, encore quelques années et je serai assis ici en train de t'écouter'. Je le lui ai rappelé lors d'un long entretien téléphonique que nous avons eu la semaine dernière. »

« C'est un peu surprenant (que cela ait pris 10 ans), mais il faut tenir compte du fait qu'il a eu des problèmes personnels, nuance toutefois Michel Lajeunesse, qui a couvert les Expos pour La Presse canadienne de 1976 à 2004, en référence aux problèmes de consommation de cocaïne de Raines du début des années 1980. Ça n'a sûrement pas aidé. Il y avait tout un courant qui disait que ces gens-là devaient être laissés de côté. (...) Mais il a été exceptionnel avant et exceptionnel après. Ces histoires de drogues, ce n'était pas du dopage pour améliorer ses statistiques.

« Bien sûr (qu'il mérite d'être intronisé), poursuit-il. Le baseball est un sport de statistiques et quand tu regardes ses chiffres, il le mérite beaucoup. Il y a une statistique au baseball qui est négligée un peu et ça me dérange, car dans le cas de Raines, de Marquis Grissom, ou de tout autre gars qui était premier frappeur et qui était rapide, ce sont des gars qui ont marqué beaucoup de points. Raines en a marqué 1571, c'est pas mal, surtout qu'il ne jouait pas pour la meilleure équipe au monde. »

Ces points, il les a marqués grâce à 2605 coups sûrs, 1330 buts sur balles et 808 buts volés, le cinquième plus haut total de l'histoire.

« Au haut du rôle offensif, il donnait le ton, ajoute Dawson. Quand il obtenait un simple ou un but sur balles, c'était comme s'il avait obtenu un double. Il ne volait pas un but juste pour l'ajouter à ses statistiques. Il ne courait pas n'importe quand, mais il avait l'habileté de voler un but à tout moment.

« Même si plusieurs n'accordent pas autant de valeur à cette statistique, il y a eu une période de cinq ou six ans au cours de laquelle il a mené la ligue pour la moyenne de présence sur les buts, les buts sur balles ou les buts volés. C'est pourquoi je pense qu'il a été l'un des meilleurs premiers frappeurs de l'histoire. »