Le gérant des Orioles de Baltimore Buck Showalter n'a sûrement pas très bien dormi après la défaite des siens en 11 manches contre les Blue Jays de Toronto mardi. En ce moment, il est probablement celui sur lequel s'abattent les critiques les plus virulentes en raison de ses choix de releveurs, particulièrement l'absence de son as, Zach Britton.

ContentId(3.1200089):Orioles 2 - Blue Jays 5 (11 manches)
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Les critiques sont justifiées et les amateurs qui regardent nos matchs savent que Marc Griffin a maintes fois répété que l'utilisation conventionnelle des releveurs n'est probablement pas la plus optimale dans le baseball majeur. Je ne veux pas défendre Buck Showalter, que je considère comme un excellent homme de baseball. Il a connu du succès partout. Mais je pense qu'il est approprié de mettre en contexte l'utilisation de ses releveurs.

D'abord, ce n'est pas la première fois qu'un gérant tarde à faire appel à son meilleur lanceur. En 2013, les Braves d'Atlanta menaient en 8e manche lors du quatrième match de la série de division contre les Dodgers de Los Angeles. Les Dodgers menaient la série 2-1, ce qui signifie que les Braves étaient à un match de l'élimination. Pourtant en 8e, même s'il pouvait compter sur Craig Kimbrel, celui-ci n'a jamais été utilisé puisque Juan Uribe a frappé un circuit décisif en 8e contre David Carpenter. Le gérant Freddie Gonzalez avait indiqué par la suite qu'il ne lui était même pas venu à l'esprit de faire lancer deux manches à Kimbrel.

Malgré les statistiques qui indiquent que les meilleurs releveurs pourraient être mieux utilisés, non pas seulement en 9e, mais également dans des situations corsées plus tôt dans le match, les vieilles conventions ont la vie dure. Le sport professionnel dans son ensemble est très réfractaire aux changements et évolutions, le baseball ne faisant certes pas exception. Et peu d'organisations et de gérants sont prêts à changer une façon de faire traditionnelle, de peur de perdre leur emploi.

Lors du dernier congrès de la Society for American Baseball Research, David Smith a clairement démontré lors d'une présentation que le pourcentage d'avances préservées en 9e manche n'a presque pas changé depuis 100 ans, malgré l'utilisation à outrance des spécialistes de la relève. Un gérant du baseball majeur, à qui il a fait valoir les résultats de sa recherche, a été fort impressionné, tous en mentionnant qu'il serait hésitant à changer sa façon de faire, en raison justement des critiques publiques dont il pourrait faire l'objet. Dans le même ordre d'idées, le gérant des Cards de St Louis, Mike Matheny, a aussi mentionné qu'il devait tenir compte de la statistique des sauvetages dont ses décisions, une statistique pourtant arbitraire.

C’est dans ce contexte que Buck Showalter a géré son match. Il n'est pas différent de plusieurs gérants qui refusent d'utiliser leur releveur numéro 1 sur la route lorsque le score est égal. Certains ont commencé à agir différemment, notamment Terry Francona à Cleveland avec Andrew Miller. Ce n'est pas encore la norme, mais lentement, je crois que les équipes et leurs gérants s'adapteront éventuellement à une façon de faire différente, quand on leur démontrera qu'ils pourront gagner plus de matchs de cette manière.