La poussière est tombée sur cette victoire historique des Cubs en Série mondiale contre les Indians. Le petit gars en moi a vraiment « tripé » de se retrouver au Wrigley Field à Chicago et d’être témoin de ce fameux match numéro 7 à Cleveland. Je vous propose donc quelques réflexions, commentaires et faits sur ces 11 jours intenses de baseball.

Les partisans des Cubs

Cent huit ans, c’est long ! Les partisans des Cubs vivaient cette série avec une intensité complètement folle. Il y avait des milliers des personnes à l’extérieur du Stade durant les matchs, juste pour être près de l’action.  Déjà qu’un match au Wrigley est déjà une expérience en soi, mais pour un match de la Série mondiale alors là, j’ai rarement senti autant de tension lors d’une partie de baseball, et ce pour chacun des tirs.

Les joueurs aussi étaient plus nerveux qu’à l’habitude. On voulait bien le cacher, mais les joueurs étaient de mauvais acteurs. On le ressentait dans le vestiaire et même durant les exercices au bâton. 

Après la victoire des Cubs, les très nombreux partisans fêtaient et se serraient dans les bras comme si on venait de vivre un miracle. C’était réellement beau à voir ! Combien de partisans participeront à la parade dans les rues de Chicago ? Sans doute un record !

Le baseball

C’est toute la planète baseball qui est sorti gagnante d’une telle série et d’un tel match ultime. Des revirements, des jeux spectaculaires, des décisions douteuses, des coups sûrs opportuns, des émotions fortes, des déceptions, un délai de pluie et de belles histoires.

L’histoire de David Ross qui se retire du baseball et qui frappe un circuit dans le match ultime pour aider les Cubs à gagner une première série mondiale en 108 ans, j’appelle ça sortir par la grande porte.

Le baseball permet aussi de questionner constamment les décisions des gérants. J’ai toujours été un partisan de Joe Maddon par sa créativité et le fait qu’il ose tenter des expériences qui ne se transforment pas toujours en succès.

J’avoue qu’il a étiré l’élastique un peu trop sur l’amortie commandée à Baez avec un compte de 3-2 lors du dernier match ou encore son utilisation de Chapman dans le match numéro 6 qui aurait pu lui coûter très cher. Mais ce qui ressort des séries, c’est le travail de Terry Francona.  Selon moi, les Cubs étaient nettement supérieurs sur papier que les Indians, mais Francona, qui a pressé le citron au maximum, a prouvé sans l’ombre d’un doute, qu’un gérant peut faire la différence.

Cette Série mondiale permet aussi de découvrir des joueurs de talents démesurés. C’est Francisco Lindor, 22 ans, qui m’a le plus impressionné. Nonobstant le résultat, la qualité de ses présences au bâton est surprenante. En plus d’être frappeur ambidextre, Lindor est extrêmement intelligent dans son approche fasse aux lanceurs. Son jeu en défense a été impeccable et son éthique de travail est remarquable.  Avant chacun des matchs de la Série mondiale, il était là avant tous ses coéquipiers à recevoir des roulants et s’exercer sur plusieurs aspects de son jeu en défense.

Javier Baez a démontré son énorme talent, mais devra travailler sur son attitude qui pourrait le nuire. La combinaison avec Addison Russell au milieu de l’avant-champ est pour le moins spectaculaire et dire que les 5 joueurs d’avant-champ en incluant le receveur Wilson Contreras ont tous moins de 25 ans !

Une mention spéciale à un autre jeune joueur, Kyle Schwarber, qui n’avait pas affronté un lanceur des majeurs depuis 30 semaines et qui pourtant, a joué un rôle important dans la victoire des siens.

Un autre élément que l’on a constaté est l’utilisation d’un lanceur partant à trois reprises dans la même série, et ce avec seulement trois jours de repos.  Corey Kluber a été spectaculaire durant les séries et je comprends Francona de l’avoir utilisé de cette façon. C’était, selon le gérant des Indians, le seul moyen possible afin de se donner une meilleure chance de gagner.

En fait, la raison principale que plusieurs ne donnaient pas cher aux Indians avant le début des séries, était la perte de Carasco et celle de Salazar. Finalement, ces deux pertes ont rattrapé Cleveland seulement à compter du 5e match de la Série mondiale d’où le travail remarquable de Terry Francona.  L’avantage pour les frappeurs des Cubs était d’avoir vu Kluber à trois reprises en l’espace d’une dizaine de jours.

C’était devenu trop difficile pour Kluber de surprendre les frappeurs des Cubs en plus de perdre un peu de mordant sur ses balles à effet.  Il y a une raison pour laquelle les lanceurs partants ont quatre jours de repos entre les départs et le non-respect de cette philosophie finit par te faire mal.

La durée des matchs

Même si le 7e match s’est joué en plus de 4 h 30 incluant un délai de 15 minutes, le spectacle a été tel qu’il était difficile de se plaindre. Par contre, on s’entend pour dire qu’une réforme est nécessaire à accélérer le jeu.

Le spectacle était tellement bon, mais qui de la jeune génération en a été témoin ? Je sais que la télévision apporte des revenus plus qu’importants aux équipes, mais ont-ils oublié les partisans de demain ?  Les matchs présentés à 20 h privent trop de jeunes amateurs qui peuvent regarder à peine une manche ou deux avant d’aller au lit.  Imaginez, des matchs à 19 h seraient un pas de géant pour rejoindre cette clientèle du futur.

Le commissaire du baseball Rob Manfred en est conscient et je suis confiant qu’il puisse trouver une solution.  D’ailleurs, Rob Manfred sera occupé lors des prochaines semaines puisque la convention collective du baseball se termine le 1er décembre. Il y aura beaucoup d’éléments à surveiller dans les négociations, mais un sujet en particulier devrait intéresser les amateurs de baseball du Québec soit celui de l’expansion ! Un dossier que l’on suivra avec attention !

En terminant, j’aimerais remercier les nombreux amateurs qui ont suivi le baseball à RDS lors de cette saison 2016.  Vous avez été nombreux à m’écrire durant la saison sur les différentes plateformes et ce fut un réel plaisir de discuter baseball avec vous.

Quelque part, nous sommes tous des gérants d’estrade avec nos opinions et nos philosophies, mais ce que j’ai apprécié davantage est le fait que tout ça s’est fait dans le respect. Il y aura beaucoup de sujets de baseball lors des prochaines semaines dont cette fameuse convention collective, la possible intronisation au Temple de la renommée de Tim Raines et évidemment le marché des joueurs autonomes.

En fait, l’expression « la saison morte » ne s’applique plus vraiment au baseball, et ce, pour notre plus grand plaisir.