Larry Walker verra sa plaque du Temple de la renommée être officiellement dévoilée au cours des prochaines heures et je ne peux m’empêcher de sourire.

J’ai eu ce privilège de côtoyer l’ancien numéro 33 des Expos sur un terrain, et donc témoin de son immense talent. Je souris parce que son intronisation est parfaitement justifiée. Le gars était un frappeur redoutable, un voltigeur de premier plan avec un bras canon et précis en plus d’un instinct qui sortait de l’ordinaire. Mais ce qui me fait sourire davantage, ce sont les souvenirs de ce bouffon qui avait aussi comme avantage de ne jamais se prendre au sérieux.

Walker était le coéquipier qui baissait la pression des joueurs qui s’en mettaient beaucoup trop, par de l’humour, et il était vraiment drôle! Même lui, lorsqu’il venait de mal paraître au bâton et semblait fâché, sortait une expression complètement absurde lorsqu’il revenait à l’abri et tout le monde partait à rire. Walker était donc un coéquipier parfait, mais cet humour n’était pas apprécié par tous. Certains journalistes comprenaient mal son sarcasme, mais je vous assure que tout le personnel baseball (à l’exception de Tom Runnells) appréciait le gars de la Colombie-Britannique.

Le baseball professionnel est mal fait. Tu joues dans le baseball professionnel mineur avec un salaire de crève-faim et tu dois payer ton gant, tes souliers à crampons, gants de frappeur et j’en passe. Tu passes au baseball majeur avec le salaire qui vient avec et donc en avoir amplement pour te payer le meilleur équipement, mais tout est fourni. Lorsque j’étais cédé au camp des ligues mineures, Walker prenait toujours la peine de me demander si j’avais besoin de quelque chose. Je lui répondais non parce que ne voulais pas passer pour le « quêteux »! Le lendemain, je trouvais tout de même dans mon casier, une boîte remplie de gants de frappeur pour passer deux saisons complètes.

Plus tard, lorsque j’étais maintenant devenu un commentateur des matchs des Expos, je me suis retrouvé au restaurant de l’hôtel de l’équipe avec quelques joueurs et membres du personnel des Expos. Lorsqu’est venu le temps de payer, le serveur a demandé à qui va la facture. En blague, quelqu’un a mentionné de la mettre sur la chambre à Walker, lui qui venait de signer un généreux contrat. C’est ce qu’on a fait. En quittant l’hôtel le dimanche, nous étions un peu nerveux de la réaction de Walker qui devait payer une facture assez salée. Il n’en a jamais fait mention. Poussant notre chance à la limite, nous avons répété le même scénario lors du voyage suivant. Cette fois, Walker a réagi, mais pas de la manière dont nous avions anticipée. Il a simplement dit avec le sourire : « Je le sais ma gang de #@&%. Tout ce que je vous demande est de ne pas exagérer »!!

On n’a jamais refait le coup, en tous les cas, pas à ma connaissance, mais le gars semblait toujours prendre la vie du bon côté!

Après sa carrière, Larry a raconté de nombreuses histoires sur ce qui se passait sur le terrain. Celle que je retiens est le jeu du « Chicken » avec Marquis Grissom. Walker jouait au champ droit et Grissom au centre et le jeu consistait à se regarder le plus longtemps possible pendant que le lanceur effectuait son tir. Imaginez, on parle du baseball majeur ici! Donc, le premier qui cédait à regarder si le frappeur allait s’élancer, perdait et devenait le « Chicken ».

Tout ça pour dire que le fait que Larry Walker est maintenant un membre officiel du Temple de la renommée me fait doublement sourire. Certes, parmi les meilleurs athlètes que j’ai eu le plaisir de mettre les pieds sur le même terrain, mais avant tout, le bouffon qui ne se prenait pas au sérieux malgré ses succès et qui a fait rire tellement de joueurs qui en avaient drôlement besoin la plupart du temps.

Toutes mes félicitations Larry, et je prends la prochaine facture!

Top-5 : Larry Walker