Les Yankees de New York  avaient un objectif de gérer leurs affaires sans payer la fameuse taxe de luxe. Ils y arrivaient puisqu’en 2019, les Yankees ont contribué à un maigre 5,6 M$.

Par contre, ce sera davantage en 2020 en ajoutant le salaire de Gerrit Cole. On laisse de côté les bonnes intentions puisque l’objectif premier est de gagner.

Le DG Brian Cashman ne pouvait résister à payer le lanceur partant qui ferait la différence pour son équipe. Ce même Cashman s’était fait critiquer cette année par la presse new-yorkaise justement pour avoir été incapable d’aller chercher un partant de premier plan. Pour certains marchés, la philosophie est bien simple; avoir un paquet de joueurs d’avenir est bien, mais un championnat, c’est mieux!

Mais le prix est astronomique et les Yankees viennent d’augmenter la valeur des autres lanceurs comme Madison Bumgarner et compagnie. On est donc loin de la collusion de l’an dernier.  

Je comprends les Yankees et Cashman de vouloir Cole dans leur équipe, mais payer un lanceur partant une telle somme me semble exagéré. Je m’explique.

Un lanceur partant effectue en moyenne 32 départs par saison. Sept lanceurs en ont réalisé 34 en 2019 et 13 autres ont amorcé 33 matchs, dont Gerrit Cole. Au départ, c’est 20% des matchs auquel le partant participe.

L’an dernier, la fiche des Astros lorsque Cole amorçait un match était de 26-7. C’est mieux que Justin Verlander qui a vu son équipe gagner 24 matchs lors de ses départs.  Alors, disons qu’un lanceur de la trempe de Cole fait gagner son équipe lors de 25 matchs. Pour emporter le titre de la division Est de la Ligue américaine, ça prend au moins 100 victoires. Donc pour 36 M$ annuellement, ça va aider l’équipe à gagner 25% de ses victoires…

Il y a des gens de statistiques avancées qui ont fait des recherches et qui démontrent qu’un lanceur comme Cole affronte en moyenne près de 700 frappeurs durant une saison, et qu’un frappeur se présente 690 fois au bâton ce qui justifierait davantage l’importance d’un lanceur de premier plan et que la différence entre un partant et un joueur de position est finalement minime.

Statistiquement, on peut débattre, mais le fait que tu es sur le terrain que 20% des matchs m’empêchent de comprendre un salaire si énorme. Si tu donnes 18 M$ à chacun de tes deux meilleurs partants, on commence déjà à jaser.  On parle de 40 % des matchs et une possibilité de plus de 40% de tes victoires. Mais les Yankees ont fait leur calcul. Luis Severino aura un salaire de 10 M$ en 2020. Donc, avec Cole, on parle de 46 M$ pour tes deux meilleurs partants.

James Paxton aura un salaire de 12,9 M$ en 2020, donc pour 58,9 M$, dans le meilleur des mondes, les Yankees espèrent obtenir 65 victoires. Pas à la fiche des lanceurs, mais bien de l’équipe. Il va falloir trouver le moyen d’en gagner 35 autres. Vu de cette façon, pas si pire dans les circonstances, mais le défi est que tu verses à Cole ce salaire pour les neuf prochaines saisons!

Encore une fois, c’est de la négociation et c’était la durée à offrir pour retenir ses services, mais croyez-vous vraiment que Cole sera aussi efficace dans cinq ans? Il a d’ailleurs une clause qui lui permettra de devenir joueur autonome après cinq ans (même clause que Strasburg cette année).

Le chroniqueur Jayson Stark, bien connu dans le milieu du baseball, a posé la bonne question sur Twitter en indiquant, combien d’équipes qui ont octroyé des contrats de 9 ans et + signeraient le même contrat aujourd’hui?

Beaucoup de $$

Je sais, la première réaction des gens au Québec est de se demander comment pourrait-on payer de tels salaires si les Expos revenaient. Pour mettre le tout en perspective, il y a 750 joueurs de baseball (25 joueurs X 30 équipes).  De ces 750 joueurs, voici le salaire et le pourcentage des joueurs qui reçoivent annuellement un tel montant.

Pas de doute qu’il y a des salaires complètement démesurés, mais comme vous le voyez, c’est plus l’exception que la norme. Environ 50% des joueurs du baseball actuellement ont un salaire de 1M$ et moins et 80% des joueurs font moins de 5M$.

Tout ça pour dire que malgré la folie des Yankees dans le dossier de Gerrit Cole, il y a moyen de gérer son équipe sans pour autant offrir un tel salaire. Ceci étant dit, malgré leur manière de fonctionner, les Yankees n’ont pas gagné la Série mondiale depuis 2009. Donc la philosophie d’acheter des championnats ne tient pas toujours la route.

Tout ce que l’on souhaite maintenant, c’est que Cole évite les blessures!