À quelques semaines des Jeux olympiques de Londres, plusieurs partisans de baseball via le Grand Club entre autres, m’ont suggéré d’écrire un billet sur mon expérience olympique lors des Jeux de Séoul en 1988. C’est un peu difficile à croire que tout ça s’est déroulé il y a plus de 24 ans, mais bon, les souvenirs sont bien vivants!

En fait, ma participation aux Jeux olympiques de Séoul est la raison pour laquelle j’avais opté pour le baseball à l’époque. Je me débrouillais assez bien au hockey à l’âge de 17 ans et à un moment donné, tu dois choisir un des deux sports si tu veux avancer. À l’été 1986, j’avais réussi à me tailler une place dans l’équipe canadienne junior au baseball et je trouvais l’option de poursuivre dans ce sport de plus en plus intéressante. Par contre, les possibilités étaient plutôt minces. Claude Raymond et Ron Piché avaient été les derniers Québécois à se rendre dans les majeurs tandis qu’au hockey, non seulement la LHJMQ était une option, mais à cette époque la ligue collégiale AAA fonctionnait très bien. La majorité des meilleurs joueurs de baseball était aussi d’excellents joueurs de hockey et donc finissait toujours par opter pour le hockey.

À la suite du championnat du monde junior, un nouveau programme s’établit à Vancouver, le NBI (National baseball Institute) afin que les meilleurs joueurs de baseball canadien puissent s’entraîner au Canada avec les entraineurs de l’équipe canadienne. Toujours hésitant fasse aux choix que j’avais, on me mentionne que l’équipe canadienne a de fortes chances de se classer pour les jeux panaméricains de 1987 et par la suite les jeux de Séoul en 1988. Je n’avais que 7 ans lors des Jeux de Montréal, mais je me souvenais très bien que je m’étais dit à l’époque qu’un jour, j’y participerais. Je ne savais pas dans quel sport, mais pour moi c’était secondaire! C’est donc sans hésiter que j’ai opté pour le baseball et les Jeux de 1988!



Les deux années suivantes ont servi de préparation pour les Jeux. Les blessures, l’éloignement, les bons coups, tout y passe! Mon bon ami Denis Boucher qui visait la même route décide de signer un contrat professionnel avec les Blue Jays après les Jeux panaméricains de 1987. C’est à ce moment que le rêve de jouer professionnel venait de prendre une grande place, mais avant tout, je tenais à participer aux Jeux de Séoul.

Puisque les Jeux de 1988 se tenaient en septembre, une entente est intervenue afin que les joueurs amateurs, repêchés en juin par les équipes du baseball majeur pussent s’entendre avec leur nouvelle équipe et tout de même participer aux Jeux. Je vous rappelle qu’à l’époque, seuls les joueurs amateurs au baseball pouvaient participer aux Jeux.

Étant joueur canadien, j’étais considéré comme joueur autonome et cette autonomie m’a permis de signer un contrat professionnel avant les Jeux. Le 19 juillet 1988, j’annonçais que je venais de signer une entente avec les Dodgers de Los Angeles et que je me rapporterai à l’équipe qu’après les Jeux olympiques de Séoul. C’est donc gonflé à blocque je quittai le pays pour une tournée de deux mois qui nous a fait passer par Amsterdam, 13 villes d’Italie, le Japon et finalement la Corée.



L’arrivée au village Olympique vous frappe de plein fouet. Tout est si gros et si spectaculaire, mais par contre, rien ne bat les cérémonies d’ouverture. Je me souviens que tous les pays étaient en rang derrière le Stade pour se préparer aux cérémonies et c’est là que tu réalises que ce que tu vis est vraiment unique. J’aperçus Carl Lewis qui devait courir contre Ben Johnson et combien d’autres grands noms de l’époque.

Côté baseball, nous avons eu nos frustrations. Après avoir battu les Australiens 13 à 3 en match préparatoire, voilà qu’on s’incline contre cette même équipe 5 à 3 lors du premier match. Notre .pool était constitué de la Corée, les États-Unis, l’Australie et le Canada bien sûr. Dans un excellent match, la Corée a finalement eu le meilleur sur nous par un seul point. Notre dernier match était contre les Américains qui étaient largement favoris pour gagner la médaille d’or. Cette équipe composée entre autres de Jim Abbott, Robin Ventura et Ed Sprague était redoutable, mais nous en sommes venus à bout en l’emportant 8 à 7. Ce fut d’ailleurs, la seule défaite de l’équipe américaine qui a remporté la médaille d’or par la suite. Mais le Canada venait de passer un beau message au reste du monde que nous serions à surveiller dans les prochaines années. D’ailleurs le Canada a remporté la médaille d’or aux Jeux panaméricains en 2011.

Évidemment, je vous épargne plusieurs détails de cette aventure extraordinaire dans laquelle j’ai pris énormément de maturité. Étant le seul Québécois dans l’équipe, j’ai eu ma part d’entrevues qui n’étaient pas toujours faciles. Mais pour moi, cela mettait fin à ma carrière amateur de belle façon. J’ai quitté Séoul sous la controverse autour de Ben Johnson et les stéroïdes et je me suis dirigé vers Phoenix où a débuté ma carrière professionnelle dans la ligue d’automne en Arizona. En février 1989, je participais à mon premier camp d’entraînement des ligues majeures à Vero Beach en Floride aux côtés d’Orel Hershierser, Kirk Gibson, Eddie Murray et les champions du monde de 1988.