COOPERSTOWN, N.Y. - Bud Selig ne verrait pas d'un mauvais oeil que le Baseball majeur donne une deuxième chance à Montréal. Bien au contraire.

« Je serais très heureux que Montréal retrouve une franchise. Vraiment très, très heureux », a-t-il dit samedi, à la veille de son intronisation au Temple de la renommée du baseball à titre de bâtisseurs, en compagnie de l'ex-dirigeant des Braves d'Atlanta John Schuerholz.

« Je pense que Montréal est une ville du Baseball majeur, a poursuivi le commissaire émérite. J'avais beaucoup d'affinités avec la ville en raison de mon amitié avec Charles Bronfman. Certainement que j'en serais heureux. Ils ont besoin d'un stade, tout le monde le sait. Ils ont besoin de propriétaires locaux: c'est toujours le cas. C'est la même chose à Milwaukee, Denver, partout. S'ils peuvent régler ces deux problèmes, Montréal est un marché des ligues majeures. En passant, ils sont heureux à Washington, laissez-moi vous le dire. »

Selig sait très bien qu'il est très critiqué pour le rôle qu'il aurait joué dans le départ des Expos. Mais il a profité de cette énième tribune pour remettre les pendules à l'heure.

« C'est intéressant. J'entends souvent cela ici et là et ça me fascine, a-t-il raconté. Premièrement, Charles Bronfman, le propriétaire du club pendant plusieurs années, est l'un de mes amis les plus proches. Nous avons d'ailleurs parlé de la possibilité qu'il soit ici. Claude Brochu, qui a pendant longtemps dirigé les Expos, m'a fait venir à Montréal deux ou trois fois afin que j'aide l'équipe à obtenir un nouveau stade. Il me disait que l'équipe ne pouvait pas rester au Stade olympique.

« En 2000, 2001, j'ai parlé à plusieurs personnes à Montréal - je ne mentionnerai pas de noms - pour leur proposer de devenir propriétaire de l'équipe. Mais ça non plus, ça n'a pas fonctionné. Ensuite, j'ai envoyé Frank Robinson là-bas, et j'ai gardé les Expos (à Montréal) quelques années de plus afin de tenter de trouver une solution.

« Des gens ont des critiques à mon endroit? Je suis à l'aise avec ça. Je l'ai dit auparavant: quand vous êtes commissaire, vous êtes critiqué. Mais quand vous connaissez toute l'histoire, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire de plus. J'ai tout tenté. Comme les Bronfman. »

Celui qui a été commissaire de 1992 à 2015 a ensuite longuement encensé la tangente que prend le Baseball majeur, en développant des quartiers entiers, souvent financés avec de l'argent public.

« C'est phénoménal ce qu'ils ont fait à Washington, a-t-il affirmé. Nous avons eu ce débat à Milwaukee, pour le Miller Park. Tous les opposants au projet, on ne les entend plus. C'est toujours le cas: ils remettent en doute ce que vous dites, mais ils disparaissent par la suite.

« Washington a bâti un stade, qui fait très bien. Mais tout le développement qui se fait autour, c'est époustouflant. C'est fantastique pour ces quartiers. Regardez Milwaukee aujourd'hui: c'est plein de partisans des Cubs en ville. Les hôtels sont pleins, les restaurants sont pleins. J'ai passé une partie de ma carrière à défendre cela.

« J'ai du mal à comprendre (l'opposition au financement public). Je n'aime pas plus que quiconque payer plus d'impôts, mais à Milwaukee, c'était un dixième d'un sou, a avancé Selig. Personne n'a été appauvri pour ça. Mais tout l'argent que ça apporte à la ville, c'est remarquable. La question que je pose toujours - et vous pouvez la poser à Montréal ou n'importe où ailleurs - c'est : est-ce que d'avoir un stade fait d'une ville un meilleur endroit où y vivre? C'est la question fondamentale. Si vous répondez non, parfait. Mais nous savons tous que ça fait d'une ville un meilleur endroit où y vivre. C'est pourquoi c'est si positif. »