MONTRÉAL – La saison 2020 au Baseball majeur s'est amorcée avec l'élection de Larry Walker au Temple de la renommée et s'est conclue avec la victoire des Dodgers de Los Angeles en Série mondiale. Entre les deux, ses acteurs et ses partisans ont eu l'impression de se retrouver dans des montagnes russes.

Les amateurs des Expos ont d'abord poussé un soupir de soulagement quand Walker a été admis, en compagnie de l'arrêt-court Derek Jeter des Yankees de New York, au Temple de la renommée du baseball à sa 10e et dernière année d'éligibilité au mois de janvier.

Comme les Yankees devaient affronter les Blue Jays au Stade olympique lors des deux derniers matchs préparatoires en mars, l'année baseball s'annonçait festive pour les amateurs de La Belle Province.

C'était mal connaître les plans de 2020.

La pandémie de COVID-19 a frappé l'Amérique du Nord au début mars. Le Baseball majeur n'a eu d'autre choix que de mettre fin aux camps d'entraînement, forçant l'annulation des matchs montréalais, qui avaient été présentés sans interruption depuis 2014.

Walker et Jeter devront aussi patienter au moins jusqu'en juillet prochain pour finalement faire leur entrée à Cooperstown : toutes les cérémonies ont été annulées. Le musée a même été fermé une bonne partie de l'année.

La MLB espérait de son côté commencer la saison – complète – en mai. Ce n'est qu'à la fin juillet, le 23 exactement, que les joueurs pourront finalement sauter sur les losanges, pour une saison écourtée de 60 matchs.

Contrairement à la LNH et la NBA, la MLB n'a pas opté pour un système de bulles pour sa saison et elle en a payé le prix. Plusieurs équipes ont été aux prises avec des éclosions du virus, particulièrement les Marlins de Miami et les Cardinals de Saint Louis, dont les joueurs n'avaient pas respecté les protocoles mis en place.

Le baseball s'en est tout de même très bien tiré : seulement une poignée de clubs n'ont pas réussi à disputer 60 matchs.

Mais il n'y a pas eu que de mauvais moments en 2020. Après tout, le Baseball majeur a réussi à faire contre mauvaise fortune, bon coeur en innovant au niveau des règles. Le frappeur désigné a d'abord été adopté dans les deux ligues, les prolongations se sont amorcées avec un coureur au deuxième sac pour accélérer le dénouement des matchs, tandis que les lanceurs de relève ont dû être utilisés au minimum pour trois frappeurs ou terminer la manche.

Le baseball y est aussi allé d'un système éliminatoire revampé, avec huit équipes dans chaque ligue accédant aux séries, une formule qui pourrait devenir la norme si les souhaits du commissaire, Rob Manfred, sont exaucés.

Les Jays relèvent la tête

Cette formule a permis à la jeune et dynamique formation des Blue Jays de Toronto d'accéder aux séries, accélérant ainsi le processus de développement mis en place par la direction. Après quelques années difficiles, les Jays semblent finalement avoir trouvé leur erre d'aller. Les jeunes Vladimir Guerrero fils, Cavan Biggio et Bo Bichette ont poursuivi leur ascension.

Pour les épauler, la direction des Jays, qui avait dépensé frugalement depuis le début de cette reconstruction, a enfin pigé dans ses goussets pour ajouter de l'expérience, notamment avec l'arrivée du partant et joueur autonome Hyun-Jin Ryu, qui a terminé dans le top-3 au scrutin du trophée Cy-Young pour une deuxième année d'affilée.

Dans l'Américaine, les Rays de Tampa Bay ont confirmé leur statut de favoris en présentant la meilleure fiche de la ligue et la deuxième des Majeures, derrière les Dodgers. Malgré l'ajout de clubs en matchs éliminatoires, la logique a été pour une rare fois respectée et la meilleure formation de chaque ligue s'est retrouvée en Série mondiale. Dave Roberts et sa bande ont toutefois eu le dessus et donné pour la première fois depuis 1988 un championnat à la ville de Los Angeles.

Si la MLB a pu sauver les meubles en présentant une partie de saison et les séries, cela ne s'est pas fait sans heurt. Dans un entretien accordé à Sportico en octobre, le commissaire a estimé les pertes de la MLB à quelque 3 milliards $ US. Manfred a ajouté que les 20 clubs auraient contracté des dettes de l'ordre de près de 8 milliards $.

Les négociations sont aussi difficiles avec l'Association des joueurs en vue de 2021. La MLB n'a toujours pas confirmé le retour du frappeur désigné dans la Nationale en vue de la prochaine saison, tandis que plusieurs litiges financiers minent les discussions. Avec le renouvellement de la convention collective qui doit être négociée à la fin de la saison 2021 – et la menace de conflit de travail que cela représente –, le baseball n'a pas les moyens de ne pas jouer une saison complète en 2021.

Proprios et joueurs sauront-ils trouver un terrain d'entente?