SCOTTSDALE, Ariz. - Les Nationals de Washington sont allés à contre-courant de la tendance du baseball et au lieu de miser sur leur enclos, ils ont dédié 39 pour cent de leur masse salariale sur trois partants: Max Scherzer, Stephen Strasburg et Patrick Corbin. Le trio a triomphé, menant les Nats à la première conquête de la Série mondiale de leur histoire.

Les Astros de Houston sont quant à eux venus à une victoire d'un deuxième sacre en trois ans. Leur rotation était menée par Gerrit Cole, Justin Verlander et Zack Greinke.

Dans un sport où les bonnes équipes sont constamment copiées, est-ce que les partants retrouveront leur importance?

« C'est ma question favorite à chacune des réunions des directeurs généraux. C'est le récit de chaque vainqueur de la Série mondiale, a déclaré le président des opérations baseball des Dodgers de Los Angeles, Andrew Friedman, mardi. Je pense que si vous regardez les champions de la Série mondiale des cinq, 10 dernières années, c'étaient toutes de grandes équipes qui sont arrivées là par des chemins légèrement différents. »

Les lanceurs partants ont oeuvré en moyenne 5,2 manches cette saison, le plus bas depuis 1925, selon baseball-reference.com. De 1993 à 2015, la moyenne s'élevait entre 5,8 et 6,1, mais elle n'a cessé de diminuer au cours des cinq dernières saisons.

Les Mets de New York et les Nationals ont mené la charge avec 5,8 manches lancées en 2018, suivis des Reds de Cincinnati (5,7) et des Astros (5,6).

« Si les gens nous copient, alors nous devons faire quelque chose de bien, a noté le directeur général des Nats, Mike Rizzo. Miser sur nos partants est notre philosophie. Espérons que nous pourrons continuer d'utiliser cette formule pour connaître encore du succès. »

Cole et Strasburg sont joueurs autonomes, tout comme Zack Wheeler, Madison Bumgarner, Hyun-Jin Ryu et Jake Odorizzi. Cole, un droitier de 29 ans avec une fiche de 35-10 à ses deux dernières campagnes, devrait obtenir un contrat record pour un lanceur, supérieur aux 217 millions $ US consentis sur sept ans à David Price par les Red Sox de boston en 2016. Ou encore les 31,33 millions $ par saison que Justin Verlander touche chez les Astros pour les saisons 2019, 2020, 2021.

Le directeur général des Astros, Jeff Luhnow, a décrit les partants d'élite de la même façon que les milliardaires convoitent les yachts de luxe.

« Ils sont difficile à acquérir. Ils sont dispendieux à conserver. Et il n'y en a pas beaucoup de disponibles. »

Les Nationals ont choisi Strasburg avec le tout premier choix du repêchage de 2009 et l'ont gardé avec une entente de 175 millions $ sur sept ans. Il s'est toutefois prévalu de sa clause de sortie pour devenir joueur autonome à la conclusion de la Série mondiale, laissant de côté 100 millions $ garantis sur quatre saisons. Scherzer a signé un pacte de sept ans et 210 millions $ avant la saison 2015, tandis que Corbin a paraphé un pacte de six ans et 140 millions $ en décembre dernier.

Les Astros ont emprunté une voie différente, faisant l'acquisition de ses as partants par transactions, évitant les contrats à long terme pour leurs lanceurs. Verlander a été obtenu des Tigers de Detroit en août 2017 pour trois espoirs il a accepté d'ajouter 66 millions et deux saisons à son entente jusqu'en 2021.

Cole a été acquis des Pirates de Pittsburgh en janvier 2018 pour quatre joueurs avec deux années à faire à son contrat pour un total de 20,25 millions $. Greinke est arrivé des Diamondbacks de l'Arizona le 31 juillet pour quatre espoirs et coûtera environ 50 millions $ aux Astros pour deux saisons et un tiers.

« De façon générale, le plus de flexibilité on se garde pour les années à venir, meilleurs nous serons en tant qu'organisation, a expliqué Luhnow. Ceci étant dit, certains joueurs ne peuvent être obtenus sur des ententes à court terme. Nous avons été chanceux que Justin accepte une courte prolongation, mais ce n'est pas tout le monde qui est prêt à le faire.. Alors nous devrons prendre des décisions à un certain point. Sommes-nous prêts à aller plus loin que nous le ferions normalement afin d'acquérir certains talents pour notre équipe? »

Les partants ont lancé six manches en moyenne pour la dernière fois en 2014. Mais les statistiques analytiques modernes tendent à démontrer que pour plusieurs lanceurs, leur efficacité diminue lors du troisième tour au bâton de l'adversaire.

Quant à l'autonomie, chaque bon coup a aussi son penchant contraire, un contrat qui ne rapporte pas les dividendes escomptés, surtout auprès de joueurs dans la trentaine avancée.

« Les lanceurs, c'est un aspect fragile, a déclaré le directeur général des Phillies de Philadelphie, Matt Klentak. Si vous vous fiez à des joueurs autonomes pour bâtir votre organisation, vous le faites en sachant que vous risquez d'être déçus à un certain moment de la durée du contrat. »