BEAR, Del. - Le même soir où les Mets de New York, cuvée 2015, tentaient d'éclipser le record de l'édition de 1986 pour le meilleur début de saison dans l'histoire de la concession, l'un des joueurs vedettes de l'équipe de cette fameuse saison tentait de réaliser un autre coup d'éclat.

Devant une autre salle comble, cette fois dans une église du Delaware, Darryl Strawberry visait le ciel.

«Pouvez-vous m'entendre? Amen!»

«Gloire à Dieu. Gloire, gloire à Dieu!»

Vainqueur de la Série mondiale il y a 29 ans avec les Mets, Strawberry continue de sillonner le pays, mais à titre de pasteur. Ses randonnées ne servent pas à relater les exploits qui lui ont valu de devenir l'un des joueurs de baseball les mieux payés, et un membre de huit équipes d'étoiles, mais à expliquer comment la foi et la rencontre d'une femme de caractère l'ont rescapé plus que n'importe quel type d'intervention.

Strawberry s'est grandement détaché de son passé, et il fait allusion à son ancien gagne-pain seulement pour parler des tentations qui lui ont presque coûté la vie.

«J'étais un menteur, j'étais un tricheur, j'étais un coureur de jupons, j'étais un alcoolique, j'étais un toxicomane et j'étais un pécheur», énumère l'ancien talentueux voltigeur de droite.

Strawberry a éliminé à jamais, assure-t-il, les habitudes qui ont fait dérailler sa carrière pour une vie renouvelée à titre de pasteur, d'époux et de conseiller auprès des gens qui ont fait face aux même démons qui ont habité sa vie d'adulte.

Aujourd'hui âgé de 53 ans, Strawberry n'a nullement envie de parler de ses gigantesques coups de circuit, incluant une mémorable claque contre Randy St. Claire, des Expos de Montréal, qui avait terminé sa trajectoire sur l'anneau technique du Stade olympique lors du match d'ouverture, en 1988.

Alors que les Mets de 2015 dominent la section Est de la Ligue nationale, Strawberry ne regarde même plus les classements.

«Ce n'est pas sur mon radar, image-t-il. Maintenant, je suis la voie de Jésus.»

Strawberry est plus connu pour ses échecs personnels que pour les statistiques qui ont fait de lui un joueur étoile durant les années 80. Il était un cocaïnomane, et il a été arrêté pour une variété d'infractions criminelles, notamment pour avoir sollicité une prostituée et pour violence conjugale. Il a été accusé d'évasion fiscale et d'avoir négligé de payer sa pension alimentaire. On a diagnostiqué chez lui un cancer du côlon.

Sa vie était un gâchis.

Pour l'amateur de baseball du 21e siècle qui n'a vu aucun des 335 circuits de Strawberry, il était Josh Hamilton, multiplié par dix.

À quelques centaines de fidèles à l'église Glasgow, il a raconté que ses échecs remontent à une enfance passée auprès d'un père abusif.

«J'ai grandi dans une maison où mon père était un alcoolique, me battait et me disait que je ne ferais jamais rien de ma vie», affirme Strawberry.

Son père a fini par quitter la résidence familiale, créant un vide dans sa vie qu'il a rempli avec de l'alcool et de la drogue, en quantité industrielle. Strawberry se droguait régulièrement dans les ligues mineures, et lorsque les Mets ont rappelé leur fameux espoir en 1983, il a immédiatement flanché lorsqu'un vétéran de l'équipe lui a offert de la cocaïne, dès son premier séjour à l'étranger.

«Je voulais faire partie de ce qu'était le baseball majeur», résume-t-il.

Sa carrière a été gâchée par ses dépendances, et pourtant, il a eu droit à plusieurs "deuxièmes chances" au fil d'une carrière de 17 saisons lors desquelles il a rarement réalisé son plein potentiel.... et rarement trouvé la sérénité.

Au fond de l'abîme, Strawberry s'est tourné vers la religion et sa conjointe.

Strawberry a rencontré sa troisième épouse, Tracy, elle-même une ex-toxicomane, il y a 15 ans. Elle avait mis de l'ordre dans sa vie; la sienne était en miettes.

Après un début cahoteux, il a même déserté la résidence du couple au Missouri, ils se sont mariés en 2006. Quelque 75 fois par année, ils font la tournée des églises et des prisons pour partager leur foi. Strawberry a coupé les liens avec le baseball et a fondé, avec Tracy, «Stawberry Ministries» et «The Darryl Strawberry Recovery Center».

«Ce n'est pas vraiment le partage d'une histoire, dit Strawberry lorsqu'il raconte sa transformation. C'est un message de Dieu. Dieu m'a appelé.»