MONTRÉAL – L'impatience se fait sentir chez les amateurs de baseball québécois souhaitant le retour des Expos. Plusieurs espèrent une annonce imminente dans ce dossier, mais qu'en est-il vraiment?

Le commissaire du Baseball majeur, Rob Manfred, ne cesse de répéter qu'avant de pouvoir songer à doter son circuit de deux équipes supplémentaires, les situations d'Oakland et de Tampa Bay doivent être régularisées. Le groupe d'investisseurs montréalais intéressés à doter Montréal d'une nouvelle franchise du Baseball majeur doit donc attendre que la situation dans ces deux villes soit réglée.

Où en sont Oakland et Tampa Bay? Bref survol de la situation.

Oakland

Les A's croyaient bien avoir trouvé un site parfait en collaboration avec le Laney College, dans le district Peralta Community College. Malheureusement pour eux, le conseil d'administration de l'établissement scolaire, dans une volte-face surprise, a ordonné la fin des négociations avec l'équipe en décembre.

De retour à la case départ, les Athletics seront ainsi forcés de célébrer le 50e anniversaire de leur déménagement à Oakland dans un stade vétuste, qu'ils ne souhaitent plus occuper.

L'équipe a même déménagé ses bureaux dans un édifice du Jack London Square, quartier touristique fort populaire situé près de l'East Bay.

Des trois sites envisagés par les A's – l'Oakland Coliseum est toujours considéré –, il ne resterait plus que celui du terminal Howard, à un jet de pierre du Jack London Square. Il s'agirait de leur troisième choix, mais Forbes, dans un article paru en ligne le 13 mars, rappelle avec justesse que les Padres de San Diego n'étaient pas en amour avec le site d'East Village, pour le Petco Park, et que les Giants regardaient avec dédain le China Basin, où est situé l'AT&T Park.

Inutile de dire que ces deux projets sont devenus de francs succès.

Le San Francisco Chronicle a rappelé le 22 mars dernier que la balle est maintenant dans le camp du proprio des A's, John Fisher, de la mairesse d'Oakland, Libby Schaaf, et du commissaire Manfred. Énumérant les nombreux projets de collaboration entre les Giants et la ville de San Francisco au cours des 19 dernières années, le quotidien souligne que comme dans « Le Champ des rêves », si Fisher « le bâtit, ils viendront ».

Tampa Bay

Les Rays semblent plus loin de la première pelletée de terre que les Athletics.

Le propriétaire Stuart Sternberg a jeté son dévolu sur le site d'Ybor City, en pleine coeur de Tampa, lui qui souhaite quitter St. Petersburg et le Tropicana Field, désuet et où les assistances sont faméliques depuis plusieurs années. Depuis 2012, les Rays sont bons derniers au niveau des assistances, alors qu'en 2011, ils avaient terminé 29es. Depuis 2008, leur moyenne d'assistance est passée de 22 259 à 15 670.

Malgré tout, le comté d'Hillsborough espère toujours que les Rays choisiront cet endroit.

Le projet d'Ybor City a été estimé à 800 millions $ US, un montant auquel les Rays ne seraient prêts à contribuer qu'à hauteur de 150 ou 250 millions $, selon les rapports. Le reste du financement proviendrait du secteur public. Diverses options sont envisagées.

La dernière en lice, une taxe de 3 $ sur les nuitées d'hôtel et les locations de voitures, a été proposée pour faire porter le fardeau de la construction du stade davantage aux touristes qu'aux contribuables locaux. Mais déjà, plusieurs voix s'élèvent contre cette mesure, arguant que cette taxe pourrait servir à financer d'autres infrastructures.

Le Tampa Bay Times rapportait quant à lui jeudi dernier que le groupe d'activistes conservateurs Americans for Prosperity a lancé une campagne afin que les contribuables de Tampa s'opposent à tout investissement de fonds publics dans la construction du stade. Ça joue dur dans ce dossier.

Si le commissaire Manfred a clairement établi l'échéancier, reste maintenant à connaître son niveau de patience à l'endroit de ces deux dossiers.

Or, la réponse pourrait venir d'ailleurs que du Bureau du commissaire, Les autres propriétaires d'équipes pourraient bien dicter l'allure de ces dossiers, selon une source bien au fait des deux situations. À un certain moment, les propriétaires souhaitent qu'un marché cesse de profiter du partage des revenus. Certains se demandent même s'il y a une façon de s'en sortir au lieu de continuellement financer ces clubs, ajoute cette source.

Les Athletics perdront d'ailleurs leur part du partage des revenus. Dans la dernière convention collective, il a été établi que certains marchés, en raison de leur taille, verraient leur part du gâteau graduellement diminuée. Vue la taille de leurs marchés, il a été convenu qu'il était temps qu'ils s'en sortent seuls ou qu'ils coulent.

« La pression ne viendra pas que du commissaire. D'autres perdront patience avant lui. À Oakland, ça fera mal, a ajouté cet interlocuteur. À Tampa, si ça ne devait pas fonctionner, ce sera davantage une situation où le propriétaire actuel aura épuisé toutes ses options.

« Ces deux projets ont encore besoin d'obtenir l'appui de leurs communautés locales. »