Une communauté québécoise tissée serrée dans le baseball professionnel
MLB mercredi, 21 nov. 2018. 19:44 dimanche, 15 déc. 2024. 15:46MONTRÉAL – Elle n’est pas la plus nombreuse, mais la petite communauté québécoise du baseball professionnel est tissée serrée. Le constat ne se confirme pas uniquement par l’exemple d’Éric Gagné qui partage son savoir à cette relève.
Mardi soir, certains des plus beaux espoirs de la province étaient réunis et ils ont chacun insisté sur cette réalité bénéfique. Pendant que Russell Martin est perçu comme l’exemple à reproduire, Jesen Therrien essaie de s’établir à temps plein au baseball majeur alors qu’Abraham Toro, Jonathan Lacroix et quelques autres espèrent bientôt cogner à cette grande porte.
« C’est une petite communauté, on prend vraiment soin les uns des autres. On s’envoie des messages régulièrement pour savoir comment ça va. Je parle surtout du côté mental, c’est important de communiquer avec les autres pour savoir comment on se sent et il faut aussi être honnête envers soi-même. Un peu comme Éric (Gagné) l’a fait avec moi, on doit développer une grande force mentale », a décrit Therrien dans le cadre de l’ouverture de Grand Chelem, le premier centre de balle à Montréal.
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Quelques minutes plus tôt, Toro confirmait ce point de vue. Cette entraide s’avère encore plus significative lorsqu’on bûche pour se démarquer dans les rigoureux circuits mineurs du baseball professionnel. Éparpillés un peu partout aux États-Unis, les Québécois s’encouragent.
« On forme une petite gang. Depuis que Jonathan (Lacroix) a signé avec les Astros, on se parle tous les jours quand ça va bien et quand ça va mal. On se donne des conseils et on se supporte », a noté Toro qui pourrait devenir le prochain produit du baseball québécois à accéder au niveau ultime.
Lacroix, qui a été élevé dans une famille d’accueil, est bien heureux de sentir cet appui.
« C’est le fun quand plusieurs personnes t’encouragent, ça fait du bien d’avoir ce soutien », a convenu le voltigeur qui a terminé l’année en force avec les River Bandits de Quad Cities.
Ce groupe a connu un moment éprouvant lorsque Louis-Philippe Pelletier a décidé de quitter l’aventure du baseball professionnel pour revenir au calibre junior élite.
« C’est mon meilleur ami depuis qu’on a 10-11 ans, on a grandi ensemble. Quand il m’a dit qu’il quittait, c’était un peu difficile. J’ai essayé de le convaincre de continuer. Mais, au final, si tu n’es pas heureux, ça ne va pas marcher. C’est sa décision et je l’accepte. S’il est content avec ça, moi aussi je le suis », a exprimé Toro avec empathie.
Ce dernier n’est pas habité par de telles remises en question. Son développement se poursuit plutôt à un rythme intéressant alors que son objectif demeure d’atteindre le baseball majeur en 2020.
« Je vais continuer de travailler sur plusieurs facettes. Dans le passé, j’avais un peu négligé la manière de courir sur les sentiers. Je pensais surtout à être bon offensivement, frapper des circuits et progresser défensivement. J’avais laissé de côté la course sauf que c’est un élément important.
« Chez les Astros, ils ont vu mes tests physiques et ils ont constaté que je peux courir vite, mais que je ne vole pas de buts. Ils me disent que c’est comme un atout que je n’utilise pas, ils me l’ont fait réaliser », a ciblé Toro, un membre des Hooks de Corpus Cristi au niveau AA.
Son travail d’adaptation se poursuivra aussi sur l’aspect défensif. Toro a grandi en tant que joueur d’arrêt-court, mais il évolue surtout au troisième but dernièrement. Le poste de receveur représente également une possibilité pour son avenir. Vous croyez que c’est tout? Non, les Astros ont aussi évoqué des scénarios au deuxième but et au champ gauche pour la suite de sa carrière.
« Mon premier choix serait probablement au troisième but en premier, mais c’est sûr que notre club (les Astros) est jeune et vraiment bon. J’essaie de ne pas trop y penser et de me concentrer sur mon développement », a indiqué l’athlète de six pieds un pouce et 190 livres.
Ce défi ne semble pas trop le préoccuper. Ça s’explique peut-être par le fait qu’il est habitué d’ajuster son arsenal. Frappeur droitier depuis son enfance, Toro est devenu ambidextre à partir du Midget AAA. En tant que gaucher, il produit d’ailleurs plus de puissance.
La belle éclosion de Lacroix
Toro ne sera manifestement pas le seul à surveiller. Lacroix a connu une fin de saison du tonnerre les River Bandits dans le coin très « tranquille » de Davenport en Iowa. Sa moyenne supérieure à ,400 durant cette séquence lui a valu bien des compliments.
« C’était ma première année (dans le A faible) et je revenais d’une grosse blessure. Le début de ma saison ne s’est pas déroulé comme je le souhaitais. Ça s’est mal passé, mais les choses ont débloqué par la suite. Vers la fin, j’étais en feu! Tout allait bien et je suis satisfait de la conclusion de mon année. Je ne sais pas encore où je vais commencer la saison prochaine, mais ça ne me stresse pas trop », a raconté le frappeur gaucher.
Ce déclic s’est produit grâce à un conseil de son entraîneur des frappeurs.
« Tout a cliqué à partir de ce moment. Je ne dirigeais pas mes yeux au bon endroit, maintenant je m’attarde plus au point de relâchement de la balle. Je voyais mieux la balle et je reconnaissais les lancers plus rapidement », a expliqué l’athlète de 21 ans.
Le choix de 12e ronde des Astros en 2017 entrevoit de bien belles choses pour la saison 2019 qui devrait lui permettre de gravir des échelons.
« Les dirigeants m’ont tous dit que j’ai vraiment progressé et qu’ils étaient contents de ma manière de travailler. Ils souhaitent que je continue sur cette lancée », a conclu Lacroix.
Il faudra peut-être un peu fouiller sur le web pour suivre la progression de ces athlètes, mais il s’agira d’efforts bien investis. Des personnalités respectées comme Jacques Doucet et Marc Griffin sont d’ailleurs venus leur offrir leur soutien, mardi soir. On vous le disait, une belle communauté tissée serrée.