Né vers la fin des années 80, je n‘ai malheureusement pas eu la chance de connaître et profiter de la belle époque des Expos – du moins, à leurs belles années. Gary Carter, pour moi, c‘est un grand athlète que je n‘aurai toutefois jamais pu voir jouer, ni à la télé, ni en vrai.

Le Kid était une légende vivante, au même titre que Guy Lafleur, Jean Béliveau ou Henri Richard. De brillants sportifs qui ont fait vibrer Montréal avant que je puisse les connaître en pleine gloire.

Notre culture personnelle, on la construit en vivant la nouvelle ou en se basant sur les récits de ceux qui l‘ont vécu avant nous. Pour Carter, c‘est exactement ce qui est arrivé. C‘est en se fiant sur les opinions de tous et chacun que j‘ai pu m‘imaginer quel genre de joueur et d‘homme il était. Au-delà de son talent offensif et défensif, j‘ai surtout retenu de lui qu‘il était d‘un charisme incroyable – à la limite déplaisant pour ses coéquipiers car il voulait toujours être LA vedette



Je suis d‘avis que la Ville de Montréal doit faire quelque chose pour lui rendre hommage. Après avoir repris leurs esprits à la suite de son décès jeudi dernier, les gens ont commencé à soumettre leurs idées : parcs publics, stations de métro… et pourquoi pas son nom sur un futur stade d‘une équipe de baseball?

Future équipe?

Baseball?

Montréal?

Je rêve? Non… bon ok peut-être un peu…

J‘ai honte de le dire, mais je n‘ai jamais été voir un match des Expos. Ne me regardez pas avec vos gros yeux et votre bouche ouverte, c‘est bien vrai. Je passais mes étés avec la famille en Abitibi. Les Expos, je les écoutais à la télé ou à la radio en me couchant. Je n‘avais que 15 ans quand les Expos sont partis; j‘espérais venir les voir jouer lorsque je serai plus vieux. Hélas, certaines têtes en ont décidé autrement…

Ce matin, dans La Presse, l‘ancien ministre fédéral conservateur Michael Fortier a lancé une idée : pourquoi ne pas rendre hommage à Gary Carter en travaillant sur la relance du baseball majeur à Montréal? J‘ai eu la chance d‘en discuter avec lui cet après-midi. Le politicien a laissé place au p‘tit gars en lui, celui qui a connu Carter à l‘adolescence.



Ce que je retiens de cet entretien : M. Fortier croit fermement que le marché de Montréal pourrait ravoir une équipe des Majeures, mais nous sommes encore loin du pont… et encore plus loin de l‘avoir traversé.

Premièrement, pour attirer une équipe, il faut un stade. Ahhhhhh un projet d‘un nouveau stade. Ça vous rappelle de mauvais souvenirs? Stade olympique? Il n‘a même pas été bâti pour ça. Ce n‘est pas un stade de baseball. Ce ne n‘est pas moi qui le dit, c‘est M. Fortier lui-même.

Ensuite, il faut avoir l‘équipe qui permettra d‘attirer les foules. Malheureusement, il n‘y a pas de « Coyotes de Phoenix » dans les Majeures. Comme disait M. Fortier : « Le baseball est en santé. Il faut quand même s‘organiser maintenant et voir à long terme. Si on ne s‘organise pas, on ne reverra jamais d‘équipe ici ».

Toujours selon M. Fortier, « l‘État n‘a pas les moyens présentement pour mettre de l‘argent dans un nouveau stade ». La solution devrait donc provenir presque à 100% du domaine privé. Il faut trouver des gens intéressés à bâtir un stade et prêts à mettre la main dans leurs poches.

La réponse du public sera-t-elle favorable? Ça va prendre des joueurs respectables et une équipe marketing qui sait ce qu‘elle fait. Avoir un propriétaire de l‘endroit aiderait certainement, comme c‘est le cas pour le Canadien (Geoff Molson) et l‘Impact (Joey Saputo), de manière à ne pas connaitre un deuxième Jeffrey Loria.

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Quel genre d‘équipe aimeriez-vous voir?

Seriez-vous prêt à accueillir une équipe de niveau inférieur (AAA, AA, etc.) ou Montréal doit seulement se battre pour une formation des Majeures?

Nouveau stade : votre idée d‘emplacement? Quel genre de financement? Public, privé ou les deux?

J‘aimerais surtout lire vos idées quant à la façon de rendre hommage à l‘athlète et l‘homme qu‘était Gary Carter

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D‘un côté plus personnel, M. Fortier avoue qu‘au-delà de tous ses souvenirs de Carter à Montréal, c‘est sa conquête de la Série mondiale en 1986 qui lui tient le plus à coeur… même si le Kid ne portait pas l‘uniforme des Expos à ce moment.

D‘un côté plus politique, le nom de Michael Fortier revient souvent commme potentiel maire de Montréal. Évidemment, en souhaitant un retour du baseball majeur à Montréal, M. Fortier flatte la population dans le sens du poil et s‘attire les fleurs. Bien qu‘il joue la « game » du politicien, je crois M. Fortier quand il fait part de son désir de ramener une équipe de baseball dans la métropole.

Cet après-midi, je suis fier de dire que j'ai pu parler avec Michael Fortier le partisan de baseball et non pas le politicien à la langue de bois. Il sera toutefois très difficile impossible pour M. Fortier d‘être aussi populaire que le Kid durant ses belles années…

M. Fortier a aidé à ramener le Grand Prix de F1 à Montréal, pourrait-il faire la même chose avec le baseball?

Entrevue avec Michael Fortier