COLLABORATION SPÉCIALE

C’est ce mardi que nous saurons si des joueurs comme David Ortiz, Barry Bonds et Roger Clemens seront intronisés au Temple de la renommée du baseball.

Pour l’instant, seul Ortiz obtient la note de passage alors que nous connaissons le résultat d’environ 50 % des votes. Je vous rappelle qu’un joueur doit obtenir 75 % des votes pour entrer dans le club sélect.

Bonds et Clemens en sont à leur 10e et dernière année d’admissibilité, alors s’ils ne sont pas en mesure d’obtenir au moins 75 % des votes, l’aventure sera terminée pour eux. Ils devront espérer que le comité des vétérans leur fasse une place éventuellement. Dans le cas de « Big Papi », la situation est bien différente alors qu’il est à sa première année d’admissibilité.

Inévitablement, lorsque le nom de Bonds ou encore celui de Clemens sont prononcés, il y a toujours ce nuage noir au-dessus de leur tête à savoir, ont-ils utilisé des substances pour améliorer leur performance? J’ai pris la peine de relire cette saga dans lequel le baseball s’est retrouvé et c’est à y perdre son latin.  Il y a tellement de zones grises, et surtout un manque total de direction de la part du baseball que j’en tire une conclusion qui je sais, ne fera pas l’unanimité, mais c’est la mienne et elle vaut ce qu’elle vaut.

Selon moi, la période de huit ans entre 1998 et 2005, le baseball a perdu le contrôle et a manqué cruellement de « leadership » dans sa bataille contre les drogues de performance.

Ironiquement, Bud Selig se retrouve aujourd’hui au Temple de la renommée, mais ce n’est certes pas pour son rôle ou encore son inaction dans le dossier des drogues de performance qui a pourtant placé le baseball et ses joueurs dans ce bourbier. Ce n’est pas d’hier que les athlètes tentent de se doter d’un avantage, mais aujourd’hui, la science nous permet au moins d’en contrôler une partie.

C’est lors de la fameuse course au record de coups de circuit entre Sammy Sosa et Mark McGwire en 1998 que l’on découvre une bouteille d’androstenedione dans le casier de McGwire. C’est à ce moment-là que tout a commencé. McGwire avoue en utiliser, puisque de toute façon, il n’y a pas de règle dans le baseball majeur qui interdit l’utilisation de ce genre de produit.

Pendant les huit années suivantes, de façon gênante, le baseball a n’a pas été en mesure de mettre en place un système sévère qui aurait probablement diminué l’impact de la suite des choses. En 2004, le baseball se dote d’un système punitif plus important de sorte que tout joueur, à compter de 2005 qui se fait prendre, et bien il n’y a plus d’excuse.

Pour tous les joueurs qui ont pris des drogues de performance avant 2004, ce n’est pas très glorifiant je l’admets, mais dans le contexte où tout était incontrôlable à savoir qui en prend, qui n’en prend pas, ça devient impossible de tout savoir. Donc, personnellement, je sépare les périodes. Tous les joueurs qui ont connu des carrières dignes d’être au Temple de la renommée avant 2005, vous avez mon vote. Tous les joueurs qui ont connu du succès après cette date et envers qui il existe une preuve de l'utilisation des drogues de performance, eh bien désolé, mais là, ça ne passe plus.

J'ouvrirais la porte à Bonds et Clemens

Autrement dit, Bonds et Clemens auraient mon vote. Bonds est probablement le meilleur joueur des 50 dernières années et on pourrait en dire presqu’autant de Clemens comme lanceur. Même un membre du Temple de la renommée, Greg Maddux, a lui-même tenu des propos similaires sur Bonds et Clemens. Malgré tout, je ne pense pas qu’ils auront les 75 % nécessaires à leur dernière année d’admissibilité. Selon moi, seul Ortiz sera sur la grande scène cette année.

Ce qui laisse aussi sous l’impression qu’il est peut-être temps que le système de votation change. Le Temple de la renommée est indépendant du Baseball majeur. Ce sont les journalistes de la BBWAA (Baseball Writers Association of America) qui compte autour de 400 membres. Ce sont eux qui ont le fardeau de décider du sort des joueurs soupçonnés durant ces fameuses 8 années dont j’ai fait mention. Pourquoi ne pas inclure des joueurs dans le système, et même des gérants. Donner un certain nombre de votes aux membres de la BBWAA, mais ajouter des joueurs qui une ancienneté au même titre qu’un journaliste doit avoir 10 années consécutivees à couvrir le baseball quotidiennement pour être admissible. Je crois sincèrement qu’une mise à jour serait nécessaire.

Donc, ce mardi, il est fort probable qu’un seul joueur seulement verra son nom sur une plaque à Cooperstown et ce sera Ortiz. Aucun joueur n’a été élu par ce processus en 2021 et ce pour la première fois depuis 2013.  Heureusement qu’il y a des comités de vétérans et le Temple accueillera Gil Hodges, Jim Kaat, Minnie Minoso et Tony Oliva pour leur immense contribution au baseball entre les années 1950 à 1969 tandis que le même honneur sera décerné à Bud Fowler et Buck O’Neil pour leur contribution avant les années 1950.

Pour ceux qui ont en tête Pete Rose, dans son cas, il y avait une réglementation en place affiché dans tous les vestiaires du baseball. Autrement dit, il n’y avait pas de zone grise. Cependant, est-ce qu’il aurait droit à une autre chance?

Le baseball devra vivre avec son époque de drogues de performance. Il ne pourra s’en cacher. Cette époque a touché combien de joueurs, à quel point les statistiques ont-elles été gonflées, quelle influence sur le dénouement d’un match, d’une saison, d’une participation en séries? Personne n’est capable d’y répondre et personne n’est capable d’identifier avec précision qui et quand.

Avant 2005, acceptons que ce fut tout croche et offrons une mention honorable à tous ceux qui nous ont donné tout un spectacle et que des milliers de personnes s’entassaient dans les stades pour les voir frapper des circuits ou encore retirer des frappeurs avec des rapides explosives. Depuis 2005, il n’y a plus d’excuse.  Ce n’est pas plaisant de valoriser un athlète qui s’est doté d’un avantage, j’en conviens, mais avec ce que nous savons ou pas, traçons cette ligne une fois pour toute et que l’on passe à autre chose.

Apprécions la nouvelle génération dont font partie Fernando Tatis fils, Vladimir Guerrero fils, Bo Bichette, Ronald Acuna fils, Shohei Ohtani et j’en passe pour nous donner un spectacle propre, et qu’ils puissent jouer le rôle le plus important de leur carrière, celui d’un rôle modèle!

Bonne chance à « Big Papi » pour mardi. Lui, il en fait vibrer des partisans... des Red Sox!