À la fin du mois de mars, le Baseball majeur annonce s’être entendu avec l’Association des joueurs sur les modalités financières pour une saison écourtée en raison de la pandémie. J’étais surpris, mais surtout heureux de constater que, malgré les tensions entre les deux parties, l’on ait réussi à s’entendre en privé.

Je me disais que les dirigeants avaient compris que durant une crise mondiale, le baseball se devait de prendre le rôle de « leader » et de montrer l’exemple d’un sport majeur d’équipe. Je m’étais même demandé si le baseball pouvait utiliser cette pandémie pour se repositionner en implantant de nouvelles idées pour attirer une nouvelle clientèle, plus jeune.

Imaginez un joueur ou deux avec un micro tout au long du match pour vivre avec celui-ci le match. Sentir sa frustration ou sa confiance. Les joueurs auraient sorti gagnant en montrant un côté sympathique de leur personnalité et même un côté vulnérable. L’expérience télé aurait été bonifié très certainement. Mais, en raison de la COVID-19, il devenait difficile d’anticiper la suite. La patience était de mise. La suite a montré le côté business du sport, le côté qu’aucun partisan veut entendre parler et surtout pas durant une crise planétaire.

Le baseball est donc passé du sport qui aurait pu bénéficier le plus de la situation à celui qui aura perdu le plus de respect auprès de ses partisans.

Négocier publiquement entre multimillionnaires et millionnaires et surtout d’être incapable d’arriver à une entente, et ce durant plusieurs semaines, alors que tout ce que le partisan veut, est de voir du baseball. C’est un manque total de respect à ceux qui paient pour que les propriétaires génèrent des millions et que les joueurs jouissent de salaire de la sorte.

Sans entrer dans tous les détails de ces négociations avortées, je crois que le manque de transparence financière des propriétaires est à la base du conflit.  Je ne dis pas d’ouvrir les livres au grand complet, mais l’industrie génère tellement de revenu provenant de multiples endroits qu’il devient difficile de s’y retrouver et c’est exactement ce que les proprios veulent.

De l’autre côté, l’écart des salaires est devenu un enjeu. J’entends souvent dire que les joueurs de baseball font 30 M$ par année. Oui, 12 joueurs (1,2 %) sur 850 ont un salaire de 30 M$ et plus, 47 joueurs (5,5 %) touchent un salaire de 20 M$ et plus. Par contre, plus de 45 % des joueurs touchent 1M$ et moins et 60 % ont un salaire de 2,5M$ et moins. Sans compter que l’Association des joueurs fait très peu ou rien pour les joueurs des ligues mineures. Donc, les deux parties ont du ménage à faire dans leur propre cour pour que l’on puisse avancer.

Qu’arrivera-t-il à 17 h mardi? C’est l’ultimatum lancé aux joueurs par le commissaire pour que la saison de 60 matchs puisse s’amorcer à temps. Deux éléments doivent être accepté par les joueurs. Que ceux-ci se rapportent le 1er juillet pour amorcer les entrainements et que l’on accepte le protocole de santé proposé par la MLB. Compte tenu de tout ce qui s’est passé jusqu’ici, je ne suis pas certain que les joueurs acceptent le tout. On pourrait même faire part que le protocole de santé n’est pas à la hauteur et ainsi, les joueurs ne se présenteront pas le 1er juillet. 

On ne se fait tellement pas confiance, que même s’il y a une saison cette année, les pourparlers pour la prochaine convention qui se termine à la fin de la saison 2021 devront se poursuivre. Vous comprendrez que ça n’augure rien de bon. D’ailleurs, je crois sincèrement que l’on ne pourra négocier avec les deux mêmes dirigeants. Rob Manfred, qui pourtant avait comme grande qualité celui de négociateur, n’a pas réussi. Est-il vraiment l’homme de la situation pour la suite? Chez l’Association des joueurs, est-ce que Tony Clark a le respect de tous les membres?

J’ai mal à mon sport. Je suis une personne très optimiste habituellement. Mais ces interminables négos m’ont atteint. Je veux parler de baseball! Je veux parler de Mike Trout, de Wander Franco, des surprenants White Sox peut-être...

Si les joueurs acceptent, on aura du baseball et je me lancerai dans l’analyse d’une saison de 60 matchs avec tout ce qui vient avec comme différentes possibilités et surprises. Mais, mon expérience de la grève de 94 et celle du départ des Expos en 2004 est encore frais dans ma mémoire.

Malheureusement, le manque de respect du partisan passionné que l’on constate aujourd’hui était aussi bien présent lors de ces évènements et rien de m’indique que ça sera différent cette fois-ci. On expose au grand jour la déconnexion totale des joueurs et proprios et pendant ce temps-là, les jeunes se tournent vers d’autres sports. Si tous les joueurs et proprios aimaient le baseball autant que nous, les passionnés, les choses seraient différentes!

J’ai confiance que l’on aura un peu de baseball cet été, mais les dommages causés seront difficilement réparables. Les proprios n’ont rien appris de 1994, d’ailleurs ils ne sont que six qui ont vécu cette grève.

L’Association des joueurs ne sera pas dissoute non plus. Alors mettez des gens compétents à la table des négociations, enfermez-vous loin des médias et arrivez avec une entente qui permettra au sport de grandir, d’attirer une jeune clientèle et passer en mode séduction pour les partisans passionnés qui veulent voir les athlètes nous offrir un bon show!

Pas plus compliqué que ça!