Vladimir Guerrero, un phénomène
MLB mercredi, 24 janv. 2018. 18:29 dimanche, 15 déc. 2024. 01:32En mars 1993, Fred Ferreira, le dépisteur des Expos que l’on surnommait le requin des Caraïbes, met sous contrat le frère de Wilton Guerrero, Vladimir.
Les Dodgers de Los Angeles avaient pourtant Vladimir à leur portée, mais voyaient Wilton dans leur soupe et trouvaient que malgré la puissance du frère, son manque de coordination et sa fragilité lui donnaient peu de chance de réussir. Ferreira n’en demandait pas tant! Trois ans plus tard, en 1996, le voltigeur de centre des Expos, Rondell White, doit faire un court séjour à Harrisburg pour une remise en forme à la suite d’une blessure. À son retour, White me mentionne que ce fameux Vladimir, dont tout le monde parle, n’est pas juste bon, il est un phénomène. Du jamais vu avait dit Rondell!
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À la fin de la saison 1996, les Expos rappellent leur jeune joueur étoile pour son baptême des majeures. Sans rien casser lors de ses 27 présences cette année-là, c’est lors des exercices au bâton que l’on comprenait le mot « phénomène » utilisé par Rondell. Comment faisait-il pour générer autant de puissance sur des tirs qui ne semblaient même pas dans la zone des prises? Pour moi, ce fut le début d’une aventure qui a duré huit ans. Huit ans à voir quotidiennement Vlad nous offrir un spectacle hors du commun.
Vlad était spectaculaire lors des matchs, mais ce qu’il réussissait à accomplir lors des exercices au bâton dépassait toute logique. J’ai eu l’immense privilège de voir à plusieurs reprises des exercices au bâton de Mark McGuire, Gary Sheffield et Barry Bonds. Malgré l’impressionnante puissance de ces joueurs, Vlad trouvait le moyen d’en faire un peu plus.
Rappelez-vous, les dernières années des Expos étaient plutôt pénibles en termes de rendement, mais j’avais toujours hâte de me rendre au Stade pour voir Vlad frapper, lancer et jouer la « game » comme il se devait. Pas de gants de frappeur et une attitude de « lance la balle près de moi pis je vais la frapper ». Sa coordination « mains-œil » venait d’une autre planète. Le gars frappait tout avec aplomb et lorsque je dis tout, je parle de balles qui parfois semblaient deux pieds au coin extérieur.
Vlad a accumulé des statistiques impressionnantes lors de sa carrière, mais celle qui décrit bien le personnage est son nombre de retraits sur des prises. Si l’on prend une moyenne de 162 matchs, on parle ici de 684 présences au bâton, Vlad était retiré en moyenne seulement 74 fois sur des prises! Jamais, il n’a connu une saison de plus de 100 retraits au bâton. C’est le même joueur qui a claqué 449 circuits en carrière et maintenu un OPS de ,931.
Vlad entre au Temple à sa deuxième année d’admissibilité et encore aujourd’hui, plusieurs joueurs se posent des questions à savoir comment faisait-il? Comment faisait-il pour s’élancer sur autant de tirs et frapper la balle avec autant d’aplomb chaque fois? Comment faisait-il pour connaître autant de succès sans analyse profonde du lanceur adverse? Comment faisait-il pour frapper le tir à l’intérieur alors que ses bras étaient si longs? Comment faisait-il pour toujours frapper sans gants de frappeur même lors des soirées froides d’avril? Comment faisait-il pour avoir des soirées de quatre coups sûrs sans jamais avoir vu une prise? Comment faisait-il pour frapper un coup sûr et produire un point sur une balle qui avait touché le sol avant qu’il fasse contact? Pour toutes ces questions et plusieurs autres, le gars mérite sa place parmi les grands de son sport!
Peu importe la casquette que le Temple de la renommée lui fera porter sur son bronze à Cooperstown, Vlad est un Expo! Développé par l’organisation jusqu’à devenir un joueur étoile, Vlad a eu le même parcours que Gary Carter, Andre Dawson et Tim Raines. Ils ont tous connu du succès après leur passage à Montréal, mais c’est avec les Expos qu’ils se sont développés et qu’ils sont devenus des joueurs étoiles. Alors, si l’on suit cette logique, Vlad deviendra le quatrième joueur à porter le logo de « Nos Amours » à Cooperstown!
Il y aura toujours un débat sur le meilleur joueur de l’histoire des Expos, mais si l’on me demande le meilleur athlète à avoir porté l’uniforme des Expos, Vladimir est certes un choix logique. Pas loin derrière, je placerais Larry Walker qui a fait des gains importants cette année pour se retrouver à 34,1 % des votes. Il s'agit d'une augmentation de 12,2 % par rapport à 2017, soit la plus importante recensée cette année.
Mais pour l’instant, savourons cet autre moment important de la petite histoire des Expos à Montréal. Pensez-y, quatre membres au Temple de la renommée (possibilité de cinq avec Walker) en plus de Dave Van Horne à titre de commentateur anglophone et un jour ils vont se réveiller et nommer Jacques Doucet. Pour une concession qui n’a existé que 36 ans, c’est remarquable.
En terminant, je remercie sincèrement Vladimir pour avoir représenté l’organisation montréalaise avec brio. Ton intronisation est pleinement méritée et me rappelle tous ces merveilleux moments où tu nous as fait vibrer. Je te lève ma casquette des Expos!