Bill Mazeroski, l'un des nouveaux (honneur pleinement mérité) membres du Temple de la Renommée du baseball, est idolâtré par Davey Johnson, et plusieurs autres joueurs de deuxième but de sa génération. Pas un, d'indiquer Johnson, pouvait accomplir un double-jeu comme Maz, pas un n'avait de meilleures mains, pas un ne maîtrisait mieux le jeu à cette position que lui. "Mais aurait-il pu frapper comme Robby Alomar le fait, pourrait-il?" A-t-on déjà demandé à Johnson.

"Pas du tout", avait-il répondu.

Y-a-t'il eu un joueur de deuxième but plus productif que Roberto Alomar? Combien de joueurs de deuxième but lance mieux que lui? Défensivement, il est l'un des meilleurs joueurs à n'avoir jamais évolué à cette position, et contrairement à Mazeroski et autre magiciens de la défensive, il est presque aussi bon en offensive qu'avec son gant. Voilà pourquoi Alomar est sur le chemin du Temple de la Renommée. Il pourrait avoir à son crédit, lorsqu'il sera élu, 3 000 coups sûrs, une moyenne en carrière supérieure à .300 et une douzaine de Gants dorés.

Cette saison, Alomar mène la Ligue américaine avec une moyenne de .345. Il compte 53 coups sûrs de plus d'un but, 81 points produits, 24 buts volés et plus de buts sur balles (63) que de retraits au bâton (58). D'autres joueurs de deuxième but ont déjà remporté le championnat des frappeurs, mais Julio Franco (1991) et Rod Carew (1969, 1972 à 1975), n'étaient pas aussi dominants à la défensive que peut l'être Alomar.

Est-ce que Alomar remportera le championnat des frappeurs et un Gant doré (son 10e), pour devenir le premier joueur à réussir l'exploit depuis que l'honneur des Gants dorés est remis en 1957?

"Aucun n'est autorisé à toucher à mon gant", avait lancé Alomar l'an dernier. "Ma main s'ajuste parfaitement à ce gant. L'autre jour, je suis revenu dans le vestiaire et mon gant avait été déplacé. Je l'ai mis dans ma main et j'ai demandé qui avait porté mon gant?"

Rien n'échappe à Alomar, même les plus petits détails. Ses coéquipiers disent de lui qu'il est le meilleur dans la ligue pour voler les signaux. Il peut déceler le type de lancer qu'un artilleur va effectuer. Il n'y a pas meilleur coureur sur les buts, pas un joueur qui a plus d'instinct et pas un joueur plus intelligent que lui.

Il a pratiqué des amortis et des roulants en zone des fausses balles dans tous les recoins du terrain au Jacob's Field et sur certains terrains adverses pour voir si la balle peut revenir en jeu. Il y a quelques années, il n'avait pas le temps d'attraper la balle et lancer pour un double-jeu parce que coureur au premier s'élançait déjà. Il a fait dévier le roulant avec le dos de son gant vers le joueur d'arrêt court qui a effectué le double-jeu.

Son intuition pour le baseball vient en partie du fait qu'il a grandi dans une maison où on parlait de baseball. Son père, Sandy Alomar Sr., a joué pendant 15 saisons à l'avant-champ pour sept équipes. Le jeune Roberto a appris à ses côtés.

"Je suis sur terre pour jouer au baseball", a-t-il déjà déclaré. Il est un naturel, spécialement avec son gant. Lorsqu'il avait 10 ans, pendant qu'il attrapait les roulants frappés par son père, la balle a frappé l'une de ses dents à l'avant. "J'ai pleuré, mais j'ai continué de jouer. Tu n'as pas à avoir peur avec ce jeu."

Il est meilleur que son père, et c'était clair lorsqu'il est arrivé dans les majeures en 1988, à l'âge de 20 ans, avec les Padres de San Diego. En décembre 1990, il était échangé aux Blue Jays de Toronto dans une transaction qui impliquait Fred McGriff, Joe Carter et Tony Fernandez.

Plusieurs parlent alors de l'échange Joe Carter, mais Pat Gillick, directeur général des Jays au moment de la transaction, avait déclaré à ses amis qu'avant longtemps, on parlera de l'échange Roberto Alomar. Et il avait raison... Alomar a été le meilleur joueur de Toronto lors des séries mondiales de 1992 et 1993. Sa saison 1993, avec une moyenne de .326 avec 17 circuits, 93 points produits, 55 buts volés, plus de buts sur balles (80) que de retraits sur trois prises (67), a été l'une des meilleures saisons dans l'histoire récente des majeures enregistrée par un joueur de deuxième but de la Ligue américaine.

Il a atteint de nouveaux sommets en 1996, avec les Orioles de Baltimore, et en 1999, avec les Indians de Cleveland, alors qu'il a frappé pour .323 avec 24 circuits, 120 points produits, 99 buts sur balles et 37 buts volés. Il n'a d'ailleurs commis que six erreurs en 1999.

Cette saison risque encore une fois d'être excellente, même s'il est dépassé dans certains départements par Bret Boone et Ichiro Suzuki de Seattle et, dans sa propre équipe, par Juan Gonzalez qui mène l'Américaine pour les points produits et Jim Thome au chapitre des circuits.. Mais Alomar est le joueur le plus complet qui pourrait bien se retrouver en série d'après saison et il pourrait être le meilleur joueur des Indians en éliminatoires.

Rappelez-vous quand Alomar avait frappé un circuit face à Dennis Eckersley des A's d'Oakland en série de championnat en 1992, menant les Blue Jays à leur première participation à la série mondiale. Et c'était encore lui, en séries en 1996, avec les Orioles qui jouait contre les Indians, qui a permis à son équipe d'égaler la marque avec un simple en neuvième et qui a permis à l'équipe de remporter la série de division avec un circuit en supplémentaire.

Maintenant, Alomar espère conduire les Indians à la série mondiale. Sa saison spectaculaire a porté sa moyenne en carrière à .307, la deuxième meilleure réussie par un frappeur ambidextre qui compte au moins 10 ans de service et 4 000 présences au bâton dans l'histoire des majeures. Frankie Frisch (1919-1937 avec les Giants de New York et les Cardinals de St.Louis) a complété sa carrière avec une moyenne de .316.

Alomar n'a que 33 ans et peut atteindre les 3 000 coups sûrs, lui qui se situe actuellement à 2 349. Un jour, il se retrouvera parmi les plus grands joueurs de deuxième but de tous les temps. Et cette journée n'est pas très loin!