ATLANTA (PC) - Le temps fuit. Les philosophes de la Rome antique l'avaient constaté depuis fort longtemps déjà.

Même le commissaire du baseball Bud Selig ne peut y échapper. Et même s'il est tout-puissant, même si les propriétaires du baseball l'ont reconduit dans ses fonctions pour bien des années encore, Selig ne peut arrêter le temps.

Et voilà qu'il commence sérieusement à manquer de temps pour réaliser un de ses voeux les plus chers: faire disparaître les Expos de Montréal. Parce que depuis quelques années, le commissaire ne s'est pas caché pour jeter publiquement son fiel sur Montréal et sa concession "maudite" du baseball majeur.

"J'ai dit que je voulais que ça (la délocalisation) se fasse cet été et je m'en tiens à ces déclarations. Les Expos sont le résidu de la dissolution ratée. Il est temps de tout nettoyer et de leur trouver un véritable domicile. Cela arrivera, croyez-le. Il est temps de vendre cette équipe et nous le ferons."

Selig a fait ces déclarations au milieu de juillet à Pittsburgh, quelques jours après son discours au match des étoiles quand il avait aussi dit qu'il règlerait le cas des Expos cette saison.

Mais il y a plus. Il y a moins d'un mois, à Philadelphie, il en a rajouté: "Nous en aurons fini avec les Expos très bientôt. Nous allons nous débarrasser de Montréal. C'est important. Cela nous a pris du temps parce que nous avons besoin de faire les choses correctement pour aujourd'hui et pour toujours."

Selig a même prédit le 25 août sur les ondes du réseau WTOP Sports que le sort des Expos était sur le point de se régler.

"Ca se fera d'ici quatre à six semaines, a-t-il dit. On peut dire que les Expos ne seront pas à Montréal l'an prochain. Et je serai la personne la plus heureuse sur terre quand cela se produira."

Il est clair que le commissaire n'aime pas vraiment Montréal. Et c'est difficile de vraiment comprendre pourquoi.

Certes, les assistances ont baissé dramatiquement au cours des dernières années. Ce sont les autres équipes qui supportent l'équipe financièrement. Mais les amateurs de baseball montréalais ont été bernés si souvent au cours des ans, ils ont vu tellement de ventes de feu, ils ont vu les propriétaires et administrateurs de l'équipe leur mentir si souvent qu'on ne pourra jamais leur lancer la pierre. Bien au contraire, si on songe à tout ce qu'ils ont enduré, on doit comprendre que ça tient du miracle s'ils se présentent encore au nombre de 8000 ou 9000 aux matchs locaux.

Selig n'aime pas Montréal, mais il oublie que cette concession a donné au baseball majeur de grands joueurs comme les Pedro Martinez, Vladimir Guerrero, Larry Walker, Randy Johnson et combien d'autres en plus de former des administrateurs comme David Dombrowski, Bill Stoneman, Dave Littlefield et plusieurs autres.

Peu importe les souhaits du commissaire, il semble bien qu'ils ne pourront se réaliser encore cette année.

Que ce soit en Virginie du Nord, à Washington, à Las Vegas ou à Monterey, personne n'a encore allongé les billets verts pour la construction d'un stade qui accueillerait les Expos en 2005.

On n'a pas encore réglé non plus la poursuite des actionnaires québécois qui s'opposent toujours à la délocalisation de l'équipe.

En fait, malgré les voeux pieux de Bud Selig, le dossier des Expos semble en être au même point maintenant qu'il l'était il y a deux ou trois ans. Selon toute évidence, les Expos évolueront au Stade olympique en 2005, n'en déplaise au commissaire.

Et pour remercier les Montréalais d'avoir supporté cette concession depuis 1969, Bud Selig devrait poser un beau geste de reconciliation et être présent pour lancer la première balle lors du match inaugural, lui qui n'est pas venu à Montréal depuis longtemps. Il verrait bien, comme on dit chez-nous, que nous sommes "bien recevants".