WINTER HAVEN, Floride - Envahi par le regret et la douleur venant d'une décision prise sans penser aux conséquences, qu'il voudrait effacer, Tim Laker s'est confié au sujet de son recours aux stéroïdes, dimanche.

L'ancien receveur des majeures, qui a admis dans le rapport Mitchell s'être injecté des stéroïdes pour obtenir un avantage, a exprimé de la tristesse et de profonds remords en évoquant avoir triché au sport qu'il aime.

"J'ai pris une mauvaise décision, j'ai fait une erreur, a dit Laker, qui a notamment joué avec les Expos. Tout ce que je peux faire, c'est demander à être pardonné et aller de l'avant."

Laker a évolué à Montréal, Baltimore, Pittsburgh, Tampa Bay et Cleveland de 1992 à 2005. Son nom et celui de plus de 80 joueurs, toujours actifs ou non, a figuré dans le rapport Mitchell.

Laker était gérant dans les filiales des Indians l'an dernier mais a décidé de ne pas répéter l'expérience, cette saison, en partie à cause de questions de santé. Il occupe présentement un poste d'instructeur des receveurs avec les Indians.

Laker, 38 ans, a reçu en 1992 un diagnostic de colite, une infection du système digestif, et a déjà connu d'autres problèmes de santé, passant près de mourir en 2001 quand son pancréas s'est infecté. Le principal intéressé ne croit pas que son recours aux stéroïdes soit relié à l'un ou l'autre de ses ennuis de santé, incluant un séjour à l'hôpital, cet hiver, alors qu'il était encore aux prises avec une colite.

Laker a dit aux enquêteurs de George Mitchell que c'est lors de son passage avec les Expos (1992-1995) qu'il a rencontré Kirk Radomski, l'ancien employé du vestiaire des Mets de New York, qui a reconnu en 2007 avoir distribué des stéroïdes. Radomski lui a été présenté par David Segui, alors coéquipier de Laker avec les Expos.

Dans le rapport, Laker dit avoir acheté du Deca-Durabolin et de la testostérone vers la fin des années 1990. Il avait considéré prendre des stéroïdes une première fois avant la saison 1995, consultant des magazines et s'informant auprès d'individus à l'extérieur du baseball sur les effets de ces produits.

Avec le recul, il aurait voulu prendre en considération d'autres conséquences.

"Je n'y ai probablement pas pensé assez et n'ai probablement pas pensé aux ramifications 12 ans plus tard," a dit Laker.

Laker a amorcé l'entretien de dimanche en abordant l'inconfort que sa présence dans le rapport Mitchell a causé à sa famille.

Avec nervosité, il a décrit comment, après que le rapport ait été connu, il a dû regarder son beau-fils de 16 ans Brando dans les yeux.

Il a évoqué la même douleur à propos du fait que son épouse et sa mère aient dû faire face aux questions et interrogations des gens du public concernant son histoire.

Laker, qui a passé la majorité de sa carrière dans les mineures, a dit aux enquêteurs de Mitchell qu'après avoir acheté les stéroïdes de Radomski, il s'est injecté dans la fesse une fois par semaine pendant quelques mois.

"Je regrette qu'avec toutes les bonnes choses que m'a apporté le baseball, que je doive parler des stéroïdes au lieu de parler de ce qui a rapport au sport lui-même," a dit Laker.

Laker n'a pas expliqué en détail pourquoi il a voulu utiliser des stéroïdes, évoquant toutefois comme raison possible la difficulté, chez un athlète de six pieds trois pouces, de maintenir un certain niveau de poids.

"Le poids amène de la force, a dit Laker. C'est ça qui m'a amené dans cette voie-là."

Il n'y a pas une raison plus qu'une autre pour laquelle il a arrêté d'y avoir recours. Laker a même blagué que les stéroïdes n'ont pas semblé avoir changé grand chose à ses performances.

"Vous n'avez qu'à regarder mes statistiques, a dit Laker avec le sourire, lui qui a montré une moyenne de ,226 dans le baseball majeur. Ca n'a pas été ce qu'on appelle une grande carrière."

Laker bénéficie du support inébranlable du gérant des Indians Eric Wedge, un ami proche, qui l'a dirigé à Buffalo (AAA) et avec les Indians.

"J'ai une grande confiance envers lui comme individu, a confié Wedge. Nous sommes fiers qu'il fasse partie de l'organisation."