Si filière il y a, elle origine de Sherbrooke qui a vu de ses jeunes femmes se rendre dans les Antilles, pour travailler ou pour des vacances. Elles y ont rencontré l'amour et convaincu leur nouveau conjoint de venir s'installer au Québec.

Pierre Turgeon, La Tribune, le 18 juillet 2009

Kelvin Delgado, joueur de champ intérieur chez les Expos de Sherbrooke, vit au Québec depuis six mois. «Moi, j'ai connu son chez lui pendant un an et je lui ai demandé de connaître le mien pendant au moins un an également», convient Chantal Laplante, sa conjointe.

Delgado a beau être originaire de la République dominicaine, il ne vivait pas dans celle connue des touristes québécois. «Nous étions à une heure de route, en transport en commun, de la plage», rappelle Chantal Laplante. Elle ajoute cependant que, après un certain temps au Québec, elle ne dirait pas non à la possibilité de retourner vivre là-bas même si dans bien des cas, il faut s'accommoder sans électricité et sans eau courante.

C'est d'ailleurs en raison de ces conditions qu'elle a pu rencontrer celui qu'elle allait épouser un an plus tard. En 2006, elle décide d'aller travailler six mois en République dominicaine dans une coopérative de micro-prêts aux femmes dominicaines pour les aider à se créer une petite entreprise par soif d'indépendance et de volonté de travailler.

Elle habite dans un quartier résidentiel où le service d'électricité n'est pas toujours disponible. «Le soir, l'électricité est coupée et les gens sortent dans la rue pour veiller à la pleine lune. Ça faisait une semaine que j'habitais là-bas lorsqu'une fête dans la rue a été organisée pour un de mes voisins qui m'a présenté son ami Kelvin. Comme les Dominicains sont gentils et accueillant, Kelvin a tout fait pour m'intégrer à la vie dominicaine.

«À la fin de mon contrat, nous étions bien tristes de devoir nous séparer. Nous avons continué à nous parler via Internet et je suis retournée le voir.»

Expérience en multiculturel
Les expériences professionnelles de Chantal Laplante l'ont poussée à développer ses aptitudes pour l'interculturel. Enseignante dans une école de Côte-des-Neiges à Montréal, elle s'était retrouvée dans une classe de 28 élèves de cinquième année dont un seul était blanc et né de parents québécois de langue française. «C'est là que j'ai réalisé que je ne n'avais pas la formation pour enseigner en multiculturel.» De là est né son intérêt pour tout ce qui est interculturel.

Elle est donc retournée à l'université et a complété une maîtrise sur le sujet. Aujourd'hui, elle travaille au Cégep de Sherbrooke où elle est conseillère au service de coopération internationale. Elle aide les étudiants internationaux à mettre à jour leurs papiers et, s'il y a lieu, elle mène des interventions au niveau de leurs études.

Il faut croire qu'elle est devenue une spécialiste. D'abord pour avoir réussi à franchir toutes les étapes et les embûches pour faire venir son Kelvin au Québec. Bien qu'ils se soient mariés en novembre 2007, il a fallu un peu plus d'une année de démarches pour que Kelvin puisse enfin venir la rejoindre. Il est arrivé au Québec en janvier 2009 sans parler français ni anglais, mais avec une belle expérience de baseball.

«En République dominicaine, je passais mes week-ends à regarder Kelvin jouer au baseball. Il travaillait de 8 à 4 dans une banque qui était aussi propriétaire de l'équipe de baseball pour laquelle il évoluait.»

Le baseball devient donc un bel outil d'intégration pour ce Dominicain qui profite également de l'expérience de sa conjointe. Il faut croire que son intégration est assez rapide puisque, déjà, il est membre d'un groupe de musique, il travaille dans la cuisine de l'Orford Express, il est membre d'une troupe de danse avec Chantal et il fait de la francisation à temps plein, relate sa conjointe. «En français, il est déjà très bon, c'est impressionnant. Nous faisons beaucoup de devoirs et il apprend très bien. Si bien qu'il espère entrer à l'université pour étudier en physiothérapie sportive.»

C'est d'ailleurs pour cela que, dans un récent match contre le Big Bill de Coaticook, il a profité d'un arrêt de jeu pour examiner Daniel Lachance qui ressentait un malaise au coude.

Dans le cas du lanceur cubain Nelson Ercia, il a rencontré une Sherbrookoise qui était en vacances à Cuba. Les démarches ont été beaucoup moins longues pour le faire venir au Québec. La rumeur veut qu'une troisième Sherbrookoise ait rencontré un ami de Nelson Ercia qui pourrait lui aussi venir à Sherbrooke et jouer au baseball...

Vraiment, ça sent la filière.

Revue de presse publiée par Jacques Lanciault, collaborateur au site Internet de Baseball Québec.