Montréal - Le 28 août dernier, au terme d'un très long travail de préparation parsemé d'embûches de toutes sortes, Joël Landry, secondé de Jean-Philippe Roy et de Ronald Trudel, menait l'équipe du Québec à la conquête de la médaille d'or du tournoi de baseball des Jeux du Canada! La période ultime des préparatifs, le tournoi lui-même et l'accession de l'équipe à la plus haute marche du podium resteront à jamais gravés dans la mémoire de Joël comme les moments d'émotions les plus intenses qu'il lui ait été donné de vivre. Il a couché sur papier quelques un de ces moments… histoire de vous les faire partagé! Bonne lecture! - Jacques Lanciault

Texte de Joël Landry, entraîneur-chef d'Équipe Québec

Ce que nous venons de vivre au cours des deux dernières années avec nos joueurs de l'équipe des Jeux du Canada et tout particulièrement les événements des dernières semaines auraient tout aussi bien pu être imaginés par un brillant scénariste pour le compte d'une grande compagnie de cinéma d'Hollywood!

Tout le monde se souviendra certainement de la difficile saison qu'ont connue les Ailes du Québec de 2007, avec en prime notre tournoi de la Coupe de Baseball Canada, où dans la ronde préliminaire nous avons été incapables d'inscrire la moindre victoire en six matchs, avant de finalement éclater lors de la ronde des médailles en battant l'équipe de la Nouvelle-Écosse 11-1, en quart de finale, et l'Ontario 1-0 en demi-finale, pour ensuite se faire battre par un lanceur tout simplement trop fort pour nous dans le match de la grande finale et ainsi, et je pèse mes mots, voler la médaille d`argent!

Déjà dès ce moment-là, nous, les entraîneurs, savions que ce groupe d'athlètes avec qui il y avait beaucoup de travail à accomplir pouvait un jour atteindre de très grands succès!

La saison 2008 des Ailes fut tout aussi difficile, notamment en raison de l'implantation d'une nouvelle formule et de la composition même de l'équipe, soit la plus jeune de l'histoire des Ailes. Au tournoi de la Coupe de Baseball Canada nous n'avons pu faire mieux qu'une quatrième place. Mais, notre jeune équipe est débordante de talent et ce groupe de joueurs en est un qui n'a jamais hésité à se retrousser les manches pour s'améliorer, à preuve :

Tous ces joueurs ont évolué au sein du réseau de développement midget AAA ou ont fait parti d'un programme sport-études baseball;

17 de ces 18 joueurs ont porté les couleurs de l'Académie Baseball Canada (ABC), dont 10 qui s'y sont entraînés durant deux ans;

Tous ces joueurs, sauf Brian Bardis, qui n'est âgé que de 17 ans, évoluent en 2009 dans la LBEQ.

Des passionnés de baseball vous dites?

Pas surprenant alors, qu'au sein de l'alignement de l'équipe du Québec pour les Jeux du Canada, treize joueurs de l`édition 2007 des Ailes du Québec et cinq de la cuvée 2008 se soit taillé un poste avec un seul but en tête… gagné la médaille d'or!

Préparer l'équipe pour les Jeux du Canada de 2009 : une véritable épopée
Début 2009, tout va bien dans la préparation de l'équipe. Le camp en Floride a été couronné de succès, le camp d'évaluation du mois de mai également et notre travail de recrutement est bien lancé.

Puis, un beau soir du mois de juin, Samuel Ouellet se blesse gravement au coude droit. Ce soir-là le premier diagnostic est vraiment tragique. La consultation médicale confirme nos appréhensions! Samuel devra être inactif de six à huit semaines avant de pouvoir lancer de nouveau dans un match.

Puis, quelques jours plus tard, Alexandre Béland me téléphone en me disant qu`il s'est fracturé le pouce et qu'il doit porter un plâtre à la main pour les cinq prochaines semaines… avant de commencer sa période de réadaptation!

Mais, les deux joueurs sont déterminés à être avec nous à l'Île-du-Prince-Édouard. Leur progression va bien et ils travaillent tous les deux avec acharnement pour être rétablis à temps pour les Jeux.

Une autre tuile nous tombe sur la tête au terme du championnat canadien de baseball junior. Dany Deschamps se blesse à la cheville gauche pendant les célébrations qui ont suivi la victoire de la médaille d`or d'Équipe Québec. Diagnostic : une entorse de niveau 1.

Puis, notre série de mauvaises nouvelles se poursuit sans s'arrêter à « jamais deux sans trois ».

Dès le lendemain de la victoire du Québec au championnat canadien junior, nous apprenons que Jonathan Paquet n'a pas été en mesure d'accomplir sa routine de lanceur chez les Diamants de Québec de la Ligue de Baseball Élite, et ce, en raison d'un début de tendinite. Il a besoin de repos! Cela apparaît normal quand on regarde son parcours au cours de la saison : une année particulièrement chargée pour le jeune de 17 ans. En plus de s'aligner avec les Diamants de la LBÉQ, d'évoluer pour l'équipe nationale junior du Canada, il a également endossé les couleurs des Ailes du Québec pour la Coupe de Baseball Canada.

Et le pire était à venir!
Le vendredi 14 août, alors que je suis au téléphone en attente de parler au chiropraticien de l`ABC pour faire le suivi de la guérison de nos joueurs blessés, je reçois un autre appel! C'est le gérant des Cardinals de LaSalle de la LBÉQ, Dominic Simard, qui est en ligne pour m'apprendre la tragique nouvelle du décès du père de Michaël Page, et ce, à seulement huit jours du départ de l`équipe pour les Jeux.

Et le lendemain nous devions amorcer notre ultime période de préparation en vue des Jeux. Je vous laisse imaginer dans quel état d'esprit nous nous retrouvions, joueurs et entraîneurs, dans notre vestiaire du parc Ahuntsic quelques minutes seulement avant de sauter sur le terrain pour une séance d'entraînement!

Mais malgré la nouvelle, les 17 joueurs présents se sont entraînés avec intensité, comme de véritables athlètes professionnels. Mais on pouvait lire dans les yeux de tous nos joueurs beaucoup de trouble. Ils étaient tous préoccupés par la situation.

Le lendemain matin, les 17 mêmes joueurs se retrouvent au parc Montmorency de Laval pour une autre séance d'entraînement et pour y disputer un match inter-équipe.

Alors que nous sommes en période d`échauffement, un joueur se pointe à l'entrée du terrain. Évidemment, vous avez deviné de qui il s'agissait? Michaël Page!

Sans attendre d'instruction de personne, tous les joueurs et entraîneurs, d'un bond, convergent vers Michaël pour une accolade lourde de sens!

Ce matin-là, en se présentant au terrain Michaël nous lançait deux messages on ne peut plus clair : premièrement, qu'il avait besoin de nous pour l'aider à traverser cette difficile épreuve et deuxièmement, que peu importe ce qu'il vivait actuellement, son but demeurait le même : gagner la médaille d'or aux Jeux du Canada.

Et ce jour-là, à sa première présence au bâton, Michaël a frappé un coup sûr bon pour deux points.

Vers la fin du match, des membres de sa famille sont venus le chercher pour qu'il retourne chez lui pour assister à un spectacle de danse que la soeur de Michaël avait monté avec des amies en hommage à leur père. Mais, Michaël tenait absolument à lancer comme c'était prévu, et ce, même si ce n'était qu'un match inter-équipe. Il a donc pris place au monticule et est venu « fermer les livres » dans la dernière manche de la rencontre, retirant les trois derniers frappeurs sur douze lancers. Pour lui, à six jours du début des Jeux, il était primordial de bien se préparer.

Après cette journée d`entraînement, plus jamais un joueur de cette équipe n'aurait le droit de baisser les bras! Michaël, par sa détermination, venait de placer la barre très haute!

Et un virus s'attaque à un des nôtres
Deux jours avant notre départ pour les Maritimes, alors que je reviens des funérailles de Stéphane Page, je reçois un appel d'un de nos lanceurs, Dany Coulombe. Il est malade, infecté d'un virus. Il doit demeurer chez lui pour une période de 48 heures, pour se reposer et surtout pour ne pas contaminer les autres joueurs de l'équipe.

En d'autres temps, cela ne nous aurait pas inquiétés. Deux jours de repos et le joueur reprend sa place. Mais, en cette période de grande tension mondiale en raison d'une éventuelle pandémie mondiale de grippe, nous avions tout à fait raison d'être tracassés.

D'autant plus que nous avions été bien avisés par les responsables de la mission du Québec pour les Jeux que le comité des Jeux du Canada serait très sévère à l'endroit de ceux qui affichaient des symptômes de la grippe H1N1. Tout athlète souffrant de fièvre, de toux, de ganglions enflés, serait placé en « quarantaine » et ne pourrait pas participer aux Jeux!

Pas besoin de préciser que nous étions passablement inquiets.

Et encore des mauvaises nouvelles le jour même du départ
La journée du départ, Dany nous arrive avec tout son bagage! Il dit ressentir encore une certaine fatigue, mais de toute évidence il va beaucoup mieux que la veille… suffisamment mieux en tout cas pour prendre le départ avec nous.

Puis, pendant que la mère de Michaël Page me remet une carte avec un superbe montage fait à la main et sur laquelle se trouve un petit mot qu'elle a écrit pour nous, Philippe Charpentier arrive la main gauche enrubannée! La veille, il a été victime d'un vilain toutou qui l'a mordu! Il aura besoin de soins dès son arrivée à Charlottetown

Des bâtons dans les roues, nous en avons vraiment eu jusqu'à la toute dernière minute!

Sachez cependant qu'il nous aurait été possible de remplacer des joueurs en raison de leur blessure. Mais, nous avons opter pour maintenir notre groupe tel quel, un groupe dans lequel nous croyions depuis longtemps.

Mais, il devenait évident que les Béland, Deschamps, Paquet, Coulombe et Charpentier auraient tous besoin de soins et de suivi médical pour eux afin qu'il poursuivre leur guérison, et pour nous afin que nous soyons certains qu'ils sont en mesure de jouer.

Dans le cas de Michaël, ce qui nous inquiète, c'est d'une part son état d`esprit et d'autre part sa condition physique. À l'évidence, il n'avait certainement pas très bien dormi et mangé dans la dernière semaine.

Durant le vol qui nous amenait à Charlottetown, je me suis dit que malgré tout ce que venait de subir notre équipe dans les dernières semaines, nous nous retrouvions tout de même avec tous ceux que nous voulions avoir et que dans de telles circonstances il était impossible de ne pas ramener la médaille d`or.

Et vivement que les Jeux commencent!

Un moment d'une incroyable intensité
La veille de notre premier match, nous avons tenu une réunion d'équipe d'une trentaine de minutes, rencontre où nous avons bien informé nos joueurs des différentes règles à respecter au village des athlètes. Puis, nous avons précisé certains règlements d'équipe et nous avons annoncé notre rotation de lanceurs pour le tournoi.

Au terme de la réunion, Michaël Page s'est levé pour adresser la parole à l'équipe. Ceux qui connaissent le joueur savent très bien qu'il n'est pas dans ses habitudes de s'adresser de la sorte à ses coéquipiers. En prenant la parole, il tenait dans ses mains un sac. Il a expliqué que son père avait souhaité être présent avec eux, parce que cette équipe lui permettait de vivre ses propres rêves de joueur de baseball. Malheureusement, la vie avait quelque peu contrecarré ses plans. Michaël a ajouté qu'il aimerait bien que chacun des membres d'Équipe Québec porte un brassard noir sur lequel apparaissait le numéro 43, celui du chandail que portait son père dans son rôle d`entraîneur d'une équipe de baseball de sa région.

Avez vous idée de la dose de courage qu'il faut à un jeune de 19 ans pour se lever ainsi devant un groupe, en étant en pleurs, et de leur parler de son père qui vient tout juste de décéder! Après ces quelques mots, il a fait le tour de la salle et a remis à chacun de nous le brassard numéro 43 que nous avons tous glissé dans notre bras avec très grande fierté.

Et nous voilà maintenant sur le terrain
Après les deux premiers matchs où nous avons triomphé facilement par des marques de 15-0 et de 13-1, notre attaque est subitement tombée en panne. Trois points aux dépens de l'équipe de la Nouvelle-Écosse, rien contre celle de l'Ontario et quatre points seulement dans notre rencontre de demi-finale face à la formation du Manitoba..

Puis, le tournoi nous amène plusieurs surprises. Tout d'abord, la présence du Manitoba en demi-finale. Pourtant, il ne fallait pas s'en surprendre. Les joueurs de cette équipe sont ensemble depuis plus de 18 mois à se préparer pour les Jeux. D'ailleurs, l'équipe manitobaine était de la demi-finale du championnat canadien midget tenu à Halifax en août 2008.

Puis, l'écroulement de l'équipe de la Colombie-Britannique qui s'est inclinée devant le Manitoba et la Saskatchewan. Leurs entraîneurs, avec qui nous avons échangé, nous ont confirmé qu'effectivement il leur manquait quelques joueurs, mais ils nous ont également avoué que les autres équipes s'étaient mieux préparées qu'eux.

Et une défaite des Ontariens en demi-finale. Ils formaient pourtant une très bonne équipe, mais ils ont été battus 2-0, par un lanceur de l`Alberta tout simplement trop fort pour eux ce jour-là.

Alors pour la grande finale, nos adversaires sont les Albertains, qui tout comme les Manitobains, sont ensemble depuis tout près d'une année et demie à peaufiner leur préparation entreprise lors du championnat canadien midget de 2008.

Tout juste avant le début de la période d'échauffement de notre ultime rencontre, nous avons rencontré nos joueurs et leur avons demandé de relaxer un peu plus dans leur approche au bâton. Quand une équipe éprouve des problèmes à la frappe, tout le monde veut jouer les héros et chacun devient ainsi trop tendu.

« Frapper c'est contagieux, leur avons-nous dit. Ayez confiance en vos moyens et c'est certain que l'offensive va débloquer pour le match le plus important de la semaine! »

Après un début de match difficile offensivement, trois de nos frappeurs ayant été retirés sur des prises au cours des deux premières manches, l'offensive a finalement débloqué à notre troisième tour au bâton. C'est un double de Samuel Domingue qui a permis à tous nos joueurs de croire que nous pouvions battre ce lanceur. Puis, celui de Kevin Tremblay, bon pour trois points, a semé l'euphorie dans notre abri en plus de faire germer un doute dans la tête des joueurs albertains, surtout qu'il ne réussissait pas à produire face à un Jonathan Paquet si dominant. Déjà, il constatait qu'il leur serait très difficile de remonter la pente

Et vous connaissez la suite, sur nos six coups sûrs du match de la finale, quatre ont été des doubles, un autre un coup de circuit et le dernier un simple! Imaginez l'ambiance incroyable qui prévalait dans l'abri!

Le couronnement pour Michaël
Même si Michaël Page a connu un tournoi plutôt tranquille au chapitre des statistiques, sa seule présence a été fantastique pour l'équipe. Au début de la semaine, ses élans n'étaient pas très bons et, défensivement, il a eu quelques difficultés à capter des balles frappées au sol. Mais, dans notre match de demi-finale contre le Manitoba, il est celui qui eu les meilleurs élans au bâton de l'équipe, et comme nous avions des ennuis offensivement nous avons décidé de le l'insérer au quatrième rang du rôle offensif pour la grande finale.

Après le double de trois points de Kevin Tremblay, Michaël a frappé un faible roulant en direction du jour de deuxième but, un roulant de routine, mais la balle s'est faufilée sous le gant du joueur manitobain. Est-ce dû à une intervention divine ? Est-ce que quelqu'un a modifié la trajectoire de la balle? Tremblay a croisé le marbre sur le jeu et soudainement, nous menions 4-0!

Et à sa présence suivante au bâton, avec un compte de trois balles et une prise, Michaël s'est élancé et a frappé une fausse balle. Un joueur de l`Alberta lui a alors crié « Hey 25, you have no hands », une expression anglaise qui signifie que le frappeur n'a pas les mains assez rapides pour frapper la balle d`aplomb! Sur le lancer suivant, Mike lui a fait ravaler ses paroles. Il a frappé une balle qui semblait effectivement bien frappée, mais de l'abri, nous croyions qu'elle serait captée par le voltigeur, mais celui-ci a reculé, reculé et finalement a regardé la balle traverser la clôture! CIRCUIT! C'était alors 6-0. Encore une fois, est-ce quelqu'un a fait voyager la balle? Est-ce que quelqu'un a fait en sorte que le vent se lève pour cinq secondes pour être certain que la balle franchisse la clôture?

De voir Michaël contourner les buts sur son circuit valait à lui seul le prix d'entrée au match! C'était incroyable comme feeling dans l'abri! Les gars sautaient dans toutes les directions en se rendant au marbre pour aller sauter dans les bras du héros du moment. Sur le coup, ma réaction a été de regarder en direction de la mère et de la sœur de Michaël dans les estrades tout juste derrière le marbre. Jamais, de toute ma vie, je n'avais vu une telle expression de fierté s'afficher sur des visages. C'était tout simplement fantastique et tellement plaisant de les voir si heureux !

Après le troisième retrait de la manche, tous les joueurs sont retournés en défensive les yeux pleins d`eau tout comme moi et mes deux adjoints lorsqu'ils sont revenus dans l'abri. Des émotions fortes, vous dites!

J`ai vécu beaucoup d`émotions au cours de mes 18 années de « coaching » dans le baseball, mais l'intensité de l'émotion qui m'habitait quand je me suis rendu avec les boys sur le monticule pour célébrer notre victoire était tellement forte que j'en suis encore aujourd'hui incapable de la décrire.

C'est une émotion qui va bien au-delà du sport. Nous avions traversé tellement d'obstacles sur notre chemin au cours des deux dernières années, particulièrement dans les derniers mois.

J'ai eu la chance de faire partie de plusieurs équipes championnes tout au long de ma carrière, mais quand, après le dernier retrait, j'ai vu les joueurs se sauter dans les bras l'un de l'autre, quand j'ai vu le regard empli de fierté des parents qui nous prenaient en photo pendant les célébrations, je savais dès lors que ces images resteraient à jamais gravées dans ma mémoire.

Cette conquête de la médaille d'or demeurera à jamais pour moi le plus bel exemple de courage et de détermination démontré par un groupe de jeunes âgés de 17 à 19 ans.

Après le match, en sautant partout avec tout les joueurs et entraîneurs, Alexandre Gauthier m'a remis la balle du retrait au bâton qui concrétisait notre victoire. Un geste qui a encore ajouté à mon émotion… comme si c'était possible.

Et comme nous étions déçus de ne pas avoir pu mettre la main sur la balle du circuit de Michaël, j`ai alors décidé de lui remettre celle-ci!

C'était cela notre équipe, une formation où chacun des individus cherchait toujours à être là pour les autres et à leur faire plaisir!

Pendant la remise des médailles, le père de Samuel Ouellet nommait le nom du joueur juste avant que ceux-ci reçoivent leur médaille et à chacun des noms que j`entendais, je revoyais, dans ma tête, le chemin parcouru par ce joueur au cours des dernières années! Je ressentais une telle fierté pour eux, tout en me redisant comment j'avais été privilégié d'être le chef de file de cette belle bande de champions.

Vous savez, aux Jeux du Canada, comme aux Jeux olympiques, les entraîneurs ne reçoivent pas de médaille! Mais, peu m'importe, ce que j'ai vécu au cours des dernières semaines vaut bien toutes les médailles de la terre.

La cérémonie de clôture
Après la finale, en revenant du resto avec Ron Trudel, nous avons croisé notre chef de mission, Patrick Godbout, qui nous a transmis une demande de la mission du Québec en vue des cérémonies de clôture. Ils avaient besoin que nous choisissions un joueur de notre équipe qui serait porte-nom de la délégation du Québec lors de la cérémonie de clôture présentée sur les ondes de TSN et de RDS. Ce qui voulait dire que ce joueur serait la toute première personne de la délégation québécoise à entrer dans le stade!

Qui pensez vous a été choisi à l'unanimité?

Par son courage et son leadership, Michaël a su inspirer non seulement notre équipe, mais aussi toute la délégation du Québec, car évidemment notre histoire a fait beaucoup jaser durant les Jeux.

D'ailleurs, au terme des cérémonies, les chefs de la délégation québécoise, France Vigneault et Louis McNulty, nous avisent que toute la délégation du Québec est priée de se rendre sur la scène pour la prise d'une grande photo de famille.

La photo prise, France et Louis se sont approchés de Michaël pour lui remettre un cadeau pour sa mère. En lui tendant la petite boite blanche, dont apparaissait sur le couvercle un petit mot écrit à la main, France a essayé de lui parler, mais l'émotion était telle qu'elle en a été incapable! Louis McNulty a alors voulu prendre la relève, mais pas plus que France, il en a été capable.

Mais même sans parole de leur part, Michaël avait très bien compris et apprécié leur geste.

J'ai pris Mike tout contre moi et nous avons marché pour quelques secondes en silence, un peu à l`image de Michaël, une personne qui ne parle pas beaucoup, mais qui ne laisse jamais personne indifférent.


Vous avez sans doute remarqué que je parle souvent au « nous » dans ce texte. C'est volontairement, car sans Jean-Philippe Roy et Ron Trudel, je n`aurais jamais été capable de gérer seul tous ces événements. Tous les deux, malgré des emplois du temps bien lourd, ont offert beaucoup à l'équipe pour trouver des solutions à chacune des tuiles qui se pointaient jour après jour. Et j'ai également pu profiter de leur très grande qualité de « coach ».

Pour tout ce qu'ils ont apporté, tant à moi qu'à l'équipe, je leur dis merci!

À un moment donné, sur le chemin du retour vers Montréal, un peu après notre descente d'avion à Dorval, nous avons grimpé à bord d'un autobus qui nous amenait vers le stationnement où nous attendaient les parents de joueurs. Pendant que l'on plaçait nos bagages dans la soute du car, je me suis assis directement derrière Michaël. Je l'ai regardé dans le dos et je me suis demandé à quoi il pouvait bien penser! À cet instant précis, on entendait à la radio une chanson de Céline Dion, « Je ne vous oublie pas », la même chanson qui, quelques jours plus tôt avait été interprétée lors des funérailles du père de Mike.

C'était comme si, encore une fois, quelqu'un essayait de nous dire quelque chose, ou bien de faire sentir sa présence.

MERCI Monsieur Page d`avoir vécu tout ça avec nous! Nous savions tous qu'il était impossible de vivre pareil tournoi sans notre fan numéro 1!

Alors, voilà en quelques mots, c'est notre histoire!

À ceux qui m'ont donné la chance de vivre cette aventure, accepter mes remerciements.

Merci également aux joueurs d'avoir cru en nous et en notre plan. De s'y être donné corps et âmes pour atteindre « NOTRE » but commun.

Je ne vous oublierai jamais.

Joël Landry
Entraîneur-chef
Équipe Québec médaillée d'or aux Jeux du Canada 2009