WASHINGTON (AFP) - Les grands sports américains, basketball, football, baseball et hockey, qui ont donné l'impression mercredi et jeudi de céder aux demandes des législateurs en durcissant la politique antidopage, veulent surtout garder la main sur ce secteur.

Après deux jours sous le feu des questions de la commission d'enquête du Congrès américain, les dirigeants du basketball et du baseball ont "promis, juré, craché" de s'attaquer fermement au dopage.

David Stern, le commissaire de la NBA, a fait accepter par l'Association des joueurs le projet de renforcement des contrôles antidopage et des sanctions, qu'il a présenté mercredi au congrès.

Bud Selig, son homologue des majeures, a confirmé devant les membres de la commission ce qu'il avait fait savoir par courrier il y a quelques semaines, à savoir son intention de durcir les sanctions.

Bref, les sports américains ont, semble-t-il, pris conscience de la gravité d'une situation qui devient un problème de santé publique après le décès d'adolescents gonflés aux stéroïdes pour ressembler à leurs héros.

Pas d'ingérence

Mais quelle est la sincérité du discours de ces dirigeants qui veulent du spectacle pour remplir les caisses?

Leur première position a été de rejeter clairement toute implication d'une organisation extérieure qui échapperait à leur contrôle, comme l'agence mondiale antidopage (AMA) qui régit les sports olympiques.

Et pour rassurer tout le monde, ils ont fait part de leurs propositions.

La NBA veut ainsi infliger dix matchs de suspension pour un premier contrôle positif, 25 matchs pour un deuxième, deux ans de suspension pour un troisième et inclure des contrôles inopinés pour tous.

Actuellement, l'échelle des sanctions est de 5, 10 et 25 matchs et seuls les recrues peuvent subir des contrôles inopinés.

Le baseball majeur prévoit d'être encore plus sévère, avec des sanctions allant de 50 matchs de suspension pour un premier contrôle positif, soit le tiers d'une saison environ, une suspension de 100 matchs pour un deuxième contrôle tandis que le troisième condamnerait le joueur à une suspension à vie.

Actuellement, un joueur contrôlé positif est suspendu 10 jours pour un premier contrôle, 30 jours pour un deuxième, 60 jours pour un troisième et un an pour un quatrième contrôle positif.

La suspension à vie n'intervient qu'après le cinquième contrôle.

Intentions

Aussi importante soient-elles dans la lutte contre le dopage, ces avancées restent pleine d'incertitudes et d'insuffisances qui risquent de ne pas satisfaire les législateurs.

Tout d'abord, 10 matchs d'une saison NBA correspondent à 1/8e de la saison régulière. A titre de comparaison, l'athlétisme sanctionne de deux ans un premier contrôle positif et à vie un deuxième, tandis que le cyclisme prévoit d'interdire le départ d'une épreuve à un coureur dont certains taux seraient simplement anormaux.

D'autre part, ces annonces ne sont pour l'instant que des déclarations d'intention qui n'engagent en rien leurs auteurs.

En effet pour être adoptées, ces modifications doivent être approuvées par l'accord de travail signé entre les dirigeants de la ligue et le syndicat des joueurs.

La NBA est en pleine phase de négociations pour le renouvellement de cet accord et il y a fort à parier que les discussions salariales seront bien plus importantes pour les joueurs notamment que ces affaires de dopage qui n'ont pas l'air de véritablement les concerner.

Pour le baseball majeur, qui envisage aussi d'ajouter les amphétamines à la liste des produits interdits, le premier pas sera d'appliquer ces décisions dans les ligues mineures, avant d'évoquer la ligue majeur.