La plus grande fête du basketball américain s’amorce jeudi, dans les quatre coins du pays, avec la présentation de 16 rencontres dans le cadre du fameux March Madness. Près d’une trentaine de joueurs canadiens y prendront part, incluant deux Québécois.

Pour une deuxième année de suite, Laurent Rivard et le Crimson de l’Université Harvard (19-9) tenteront de gagner le premier match de leur histoire à ce prestigieux tournoi. Dure commande toutefois, puisqu’ils affronteront les Lobos de l’Université New Mexico (29-5), sacrés champions de la division Mountain West.

Mais au-delà de la victoire, la qualification du Crimson relève presque de l’imaginaire. Avant même que la saison ne prenne son envol, une énorme tuile est tombée sur l’équipe, après que deux co-capitaines aient été suspendus pour tricherie dans un examen. Résultat, pas de saison pour ces derniers, le Crimson était déjà lourdement handicapé.

À sa troisième année à Harvard, le défi s’annonçait donc immense pour Rivard quant à un possible retour au March Madness. Le garde de 22 ans, originaire de Saint-Bruno, a donc mis les bouchées doubles, ou peut-être les bouchées triples, puisqu’il a dominé la division Ivy League au chapitre des tirs de trois points avec une moyenne de 2,6 par rencontre. Rivard a joué environ 35 minutes et enfilé une dizaine de points par match, menant le Crimson vers un deuxième sacre de suite dans sa division.

« L’année n’a pas bien commencé en perdant nos deux co-capitaines. Nous avons ensuite tenu une réunion d’équipe pour nous remettre sur la même page. Nous avons cru en nous tout au long de l’année et nous n’avons pas dérogé de notre objectif », se félicite l’étudiant en sciences de l'informatique.

Le voici donc de retour au championnat national. Même si le Crimson a remporté les honneurs d’une division jugée plutôt faible par les experts, Rivard et son équipe n’ont rien à perdre à compter de jeudi.

« Il n’y aucune pression sur moi. Je vais approcher cette rencontre comme toutes les autres et faire ce qu’il faut pour gagner », dit simplement celui qui a inscrit 20 points contre Vanderbilt, lors du March Madness 2012.

Bien sûr, la pression de gagner n’est pas la même d’équipe en équipe. Le Montréalais Khem Birch voit une opportunité unique avec les Rebels de l’Université du Nevada (UNLV). Son équipe est d'ailleurs favorite pour l’emporter jeudi face aux Golden Bears de la Californie.

« Cette année, tout le monde peut battre tout le monde. C’est notre chance de se rendre loin », estime Birch, qui en sera à ses premiers dribles dans le cadre de ce tournoi.

Malgré le fait qu’il ait raté les neuf premiers matchs de son équipe, l’avant de 20 ans a reçu le titre de joueur défensif de l’année dans la division Mountain West. Du haut de ses six pieds et neuf pouces, il a maintenu une moyenne de 2,6 blocs par match.

UNLV espère gagner un premier duel dans le cadre du March Madness depuis l'année 2008.

Les Canadiens à surveiller

Si la saison dernière a été cauchemardesque pour Kelly Olynyk, quel revirement cet hiver! Après qu’un poste régulier lui ait filé sous le nez, le joueur de 21 ans originaire de Kamloops, en Colombie-Britannique, est aujourd’hui en lice pour le trophée Wooden, remis au joueur par excellence du basketball universitaire américain.

À l’aube de sa troisième saison, le moral d’Olynyk était tellement bas, qu’il pensait quitter sa formation. Il n’a pas joué une seule rencontre en 2011-2012, question de converser sa troisième année d’admissibilité dans la NCAA.

Après ce creux de vague, il est de retour plus fort que jamais. Qui plus est, il figure parmi les piliers de l’équipe classée numéro un au pays, les Bulldogs de Gonzaga (31-2).

« C’était dur de regarder mes coéquipiers jouer sans moi l’an dernier, mais je suis revenu plus fort, en meilleure forme, et je suis maintenant un joueur polyvalent ».

Avec raison, Olynyk est le meilleur marqueur de sa formation avec 17,5 points par match et deuxième dans la colonne des rebonds avec une moyenne de sept.

Bref, la patience du géant de sept pieds a payé. Imaginez si elle pouvait le guider vers le titre de champion national, le 8 avril. Quelle histoire ce serait!
Chose certaine, Olynyk est le joueur canadien qui a les meilleurs outils pour se rendre jusqu’au bout. « Notre équipe regorge de profondeur. En fait, c’est peut-être la meilleure équipe avec laquelle j’ai joué dans ma vie », déclare-t-il.

Olynyk fait notamment équipe avec un autre joueur canadien, Kevin Pangos, qui a enfilé près de 12 points par match cette saison.

C’est donc sans surprise les attentes sont très élevées à l’Université Gonzaga, mais rappelons que les Bulldogs n’ont jamais percé le Final Four en 15 apparitions au March Madness.

Parmi les autres joueurs originaires du nord de la frontière, notons la présence de Jahenns Manigat, des Bluejays de Creighton. L’Ontarien, qui maîtrise la langue de Molière, a guidé son équipe vers le championnat de la division Missouri Valley.

De son côté, la recrue Nik Stauskas a rapidement fait sa niche avec les Wolverines du Michigan, qui seront certainement une proie difficile au cours des prochains jours. Classés quatrièmes dans la portion Sud du tableau, les Wolverines misent sur une grande vedette en Trey Burke pour aspirer au Saint-Graal américain. Stauskas lui, est âgé de 19 ans seulement, mais disons qu’avec 11,5 points et 30 minutes de jeu par match dès sa première année universitaire, son rôle est déjà capital aux succès des Wolverines.

Pour sa part, Melvin Ejim effectuera une deuxième présence au March Madness avec les Cyclones d’Iowa State. Le Torontois a terminé au premier rang de sa division (Big Ten) au chapitre des rebonds avec 9,3 par rencontre. Son équipe fera la lutte au Fighting Irish de Notre Dame, vendredi.

Enfin, ce sera le dernier March Madness de Nik Cochran. Le vétéran de 24 ans des Wildcats de Davidson, anciennement du Collège Champlain à Saint-Lambert, aura du pain sur la planche pour prolonger sa carrière universitaire. Ce jeudi, il fera face aux puissants Golden Eagles de Marquette, classés troisièmes dans la portion Est du tournoi. Si vous avez l’occasion de scruter la précision de chirurgien du garde des Wildcats, sachez qu’il n’a raté que sept lancers francs au cours de la saison (112 en 119).

Voici la liste des joueurs canadiens présents au March Madness:

Gonzaga
Kelly Olynyk, Kamloops, C.-B.
Kevin Pangos, Newmarket, Ontario

Wichita State
Chadrack Lufile, Burlington, Ontario
Nick Wiggins, Toronto, Ontario

Iowa State
Melvin Ejim, Toronto, Ontario
Naz Long, Mississauga, Ontario

Harvard
Laurent Rivard, Saint-Bruno, Québec
Agunwa Okolie, Ajax, Ontario

Long Island
Troy Joseph, Toronto, Ontario

UNLV
Khem Birch, Montreal, Québec
Anthony Bennett, Brampton, Ontario

Marquette
Junior Cadougan, Toronto, Ontario

Davidson
Nik Cochran, Vancouver, C.-B.

Bucknell
Bryson Johnson, Pictou, Nouvelle-Écosse

Syracuse
Noel Jones, Halifax, Nouvelle-Écosse.

Michigan
Nik Stauskas, Mississauga, Ontario

South Dakota State
Taevaunn Prince, Toronto, Ontario

Minnesota
Maurice Walker, Toronto, Ontario

Missouri
Negus Webster-Chan, Toronto, Ontario
Stefan Jankovic, Mississauga, Ontario

St. Louis
Grandy Glaze, Toronto, Ontario

Creighton
Jahenns Manigat, Ottawa, Ontario

New Mexico State
Sim Bhullar, Toronto, Ontario
Renaldo Dixon, Toronto, Ontario
Daniel Mullings, Toronto, Ontario
Tyrone Watson, Hamilton, Ontario

Colorado State
Joe De Ciman, Regina, Saskatchewan

Villanova
Dylan Ennis, Brampton, Ontario