Cendrillon et ses pantoufles dorées
NBA samedi, 4 mai 2013. 14:38 dimanche, 15 déc. 2024. 04:33Jusqu’ici, les surprises ne sont pas nombreuses dans l’Ouest au niveau des résultats, cependant, les parcours ont fait passer de mauvais quarts d’heure aux prédictions de tout un chacun et à l’approche de la deuxième ronde des séries éliminatoires, on essaie de trouver des constantes dans toute la folie qui alimente les séries jusqu’ici.
Les deux équipes favorites, San Antonio et Oklahoma City, sont toujours en lice sauf que l’opposition n’entend pas regarder le spectacle à distance. Avant les hostilités, observons les affrontements qui nous attendent
Spurs de San Antonio (2) c. Warriors de Golden State (6)
- La série débute mardi, à San Antonio
Pour une première fois depuis 2007, les Warriors de Golden State ont remporté une série et c’est l’histoire de l’heure dans la NBA. Stephen Curry s’est présenté sur la grande scène éliminatoire pour la première fois de sa jeune carrière et les projecteurs sont braqués sur lui, avec raison.
Curry a été tout simplement électrisant contre les Nuggets et il s’est inséré dans la discussion du joueur le plus utile des éliminatoires jusqu’ici. Golden State n’aurait pas surmonté la perte de David Lee sans l’apport de Curry. D’une certaine façon, Steph Curry a réintégré dans la NBA l’un des éléments qui rendent le March Madness aussi captivant pour les amateurs de ballon rond, c’est-à-dire l’impression qu’à tout moment et à tout endroit il est en mesure de mettre le ballon dans le panier lorsqu’il est sur une bonne séquence.
Il y a beaucoup de marqueurs naturels dans la NBA et ils font abondamment la manchette. Cependant, Curry ne boit pas de la même eau que ces vedettes établies dans la mesure où son efficacité trouve du sens dans la beauté presque idyllique de son tir de l’extérieur.
Curry depuis le début des séries (moyenne par match)
Matchs | Minutes | Points | Rebonds | Passes |
6 | 39,8 | 24,3 | 4,3 | 9,3 |
Curry, sans abuser de superlatifs, est possiblement le meilleur tireur à avoir foulé les parquets de la NBA depuis l’illustre Reggie Miller. D’autres ont marqué leur génération, comme Ray Allen par exemple, mais l’aisance et la fluidité de Curry sont une œuvre d’art à leurs façons. De la poésie doublée d’une stridente protestation des espadrilles sur le bois franc.
Il y a, bien sûr, un effort d’équipe derrière Curry et un investissement réel dans la mentalité compulsive qu’adoptent les Warriors sur le terrain, sauf que Curry fait le spectacle et à la fin de la soirée, c’est son nom qui brille sur la marquise pour les surprenants adversaires des puissants Spurs.
Mais voilà le nid-de-poule qui attend les fragiles chevilles de Curry : les Spurs. L’expérience de San Antonio a complètement fait dérailler le train chancelant des Lakers lors d’un balayage embarrassant pour les hommes de Mike D’Antoni et c’est à se demander comment les Warriors pourraient empêcher les Texans de répéter la correction en bonne et due forme qu’ils viennent de servir à des rivaux de longue date.
Tony Parker a abusé de la faiblesse des Lakers à la pointe et Manu Ginobili, que l’on croyait blessé, est revenu à sa forme d’antan pour rappeler à la NBA que les séries et les Spurs entretiennent une longue relation passionnelle dans laquelle il est difficile de s’immiscer sans perdre quelques plumes. Les Lakers ont tout simplement passé dans le tordeur, reste à voir ce qui sera réservé aux jeunes et fougueux Warriors.
Parce qu’il y a toujours une dose de surprise à l’approche d’une série menée par Gregg Popovich et son poulain Tim Duncan. Les deux font la paire depuis si longtemps qu’on croirait, à torts, avoir tout vu ce qu’ils ont à offrir. C’est à ce moment qu’ils nous prennent par surprise, à notre grand plaisir. Duncan est plus en forme que jamais et il causera de véritables ennuis aux Warriors qui n’ont pas la présence nécessaire sous les paniers pour l’empêcher d’imposer sa volonté encore et toujours, match après match.
Les Warriors continueront d’attaquer à tout prix, stratégie qui leur a permis d’essouffler les Nuggets. Plus âgés, les Spurs sont certainement vulnérables à cette fatigue souhaitée par Golden State, sauf que Popovich en a vu d’autres. La défensive sur les périmètres permettra à San Antonio de limiter les dégâts et, surtout, d’orienter la circulation vers les zones courtes, sous les paniers, là où Duncan pourra punir les jeunes avants des Warriors qui en auront plein les bras.
À la pointe, Curry et Parker se livreront une bataille peu défensive, mais hautement divertissante, qui offrira certainement une couleur vivifiante à la série. Les Spurs ne laisseront pas Curry contrôler le match, mais il sera tout de même un rouage important si les Warriors espèrent surprendre les vieux routiers de l’Ouest.
Au final, le conte de fées ne s’éternisera pas pour les hommes de Mark Jackson qui auront cependant une superbe expérience sur laquelle bâtir l’an prochain avec un noyau jeune, dynamique et dangereusement divertissant. Le sens du spectacle, c’est bien, mais ça ne remporte pas encore de championnats aux dernières nouvelles. Spurs en 5
Thunder d'Oklahoma City (1) c. Grizzlies de Memphis (5)
- La série débute dimanche, à Oklahoma City
Les Grizzlies sortent d’une série très émotive contre les Clippers, qu’ils affrontaient pour la deuxième fois en autant de saisons en éliminatoires, et ils doivent certainement se sentir habités par une confiance inspirante à ce stade-ci de la saison.
Surtout que le Thunder se pointe clopin-clopant pour cette nouvelle bataille.
Oklahoma City a perdu les services de Russell Westbrook pour le reste des séries et ils se sont retrouvés de peine et de misère pour empêcher les Rockets de causer la surprise en effaçant un déficit de 0-3 dans la série. Houston a tout donné, mais le sixième match aura été le bon pour le Thunder qui se doit maintenant de trouver de nouveaux repaires avant d’affronter la défensive la plus physique de la NBA cette saison.
L’apport offensif de Kevin Durant se complexifie de par l’absence de Westbrook qui libérait énormément le joueur vedette du Thunder avec son agression dans les couloirs menant au panier. Sans Westbrook et son énergie, Durant se retrouve à devoir tirer et conduire la charrette en même temps et malgré tout son talent, la transition ne s’est pas fait sans plusieurs inquiétudes contre les Rockets. D’abord, l’utilisation bonifiée de Durant expose les lacunes du Thunder qui ne sont pas spectaculairement étanche en défensive, comme l’a découvert James Harden. Sans la fougue de Westbrook, le système de Scott Brooks ne fonctionne pas à plein régime, ce qui avantagera les Grizzlies.
Memphis a résisté aux assauts de Chris Paul tout en profitant des blessures chez les Clippers. Le respect d’une stratégie simple, mais efficace, permets aux Grizzlies d’intimider ses adversaires tout en profitant de ce qui s’ouvre devant eux. Dans le cas présent, Mike Conley pourrait sortir de l’ombre en exploitant les vieilles jambes de Derek Fisher et Marc Gasol sera le carrefour d’activités sous les paniers dans la mesure où le Thunder n’a pas de centre suffisamment compétent pour empêcher le cadet des Gasol d’opérer à son aise. D’ailleurs, Gasol connait de très bonnes séries jusqu’ici à titre d’ancre de luxe pour une équipe hautement volatile. Gasol est le calme dans la tempête de Zach Randolph qui sévit à ses côtés, et c’est tant mieux. Gasol excelle dans ce rôle et dirige la circulation vers les zones dans lesquelles son équipe peut manœuvrer efficacement.
Depuis le départ de Rudy Gay, Conley et Randolph s’occupent du ballon et tout est beaucoup plus fluide offensivement, faisant écho à leur défensive très hostile pour les équipes d’adverses.
C’est d’ailleurs celle-ci qui ennuiera le plus Oklahoma City qui sort d’une série plutôt simple à ce niveau. Les Rockets n’avaient pas le système, ni la présence physique, pour transformer les zones courtes et médianes en véritables zones de tortures. Memphis, par contre, peut compter sur Gasol, Randolph et le toujours dérangeant Tony Allen pour rendre les périples offensifs de l’équipe adverse pénibles.
Kevin Durant ne pourra pas remporter cette série à lui tout seul.
Kevin Martin, qui a marqué 25 points lors du sixième match contre Houston, devra épauler de façon plus constante le deuxième meilleur pointeur de la NBA. Après tout, Martin avait la tâche un peu ingrate de porter les chaussures laissées par James Harden. Ce n’est pas réaliste de croire qu’il pourrait complètement remplacer Harden, cependant, Martin a toujours été un joueur offensif doué dans la NBA, ce qu’il ne laisse pas toujours paraître depuis le début des séries. Contre les Grizzlies, Martin aura le luxe d’être libéré sur les périmètres tandis que Tony Allen sera l’ombre de Durant.
Si le Thunder est en mesure d’exploiter cette ouverture, la série sera drôlement intéressante. Autrement, le jeu physique des Grizzlies sera le coup de grâce pour le Thunder qui aspirait à bien plus que d’observer les goûts vestimentaires Westbrook sur les lignes de côtés pendant les éliminatoires.
Il ne faut pas tout de suite éliminer le Thunder, Kevin Durant reste possiblement le deuxième meilleur joueur de basket sur la planète après Lebron James. Reste à voir comment Memphis composera avec la pression et les attentes qui viennent avec le fait d’affronter une équipe favorite, mais amputée. Grizzlies en 6