MIAMI - Tony Parker, qui partira dans la nuit de jeudi à vendredi à la conquête d'une quatrième bague de champion NBA, est un tout autre joueur que celui qui a décroché il y a une décennie son premier titre avec San Antonio : « TP » fait désormais partie des stars de la NBA.

En dix ans, Parker a pris une telle dimension qu'il est désormais pour nombre d'observateurs le meilleur meneur de jeu de la NBA, devant Chris Paul (Clippers de Los Angeles).

En finale face au Miami de LeBron James, il devait porter les Spurs sur ses épaules comme il l'a fait toute la saison (20,3 points et 7,6 passes de moyenne en saison régulière, 23 pts et 7,2 passes en séries dont 24,5 points et 9,5 passes de moyenne contre Memphis en finale d'Association Ouest).

Il est le seul cette saison à afficher au moins 20 points et 7 passes de moyenne avec plus de 50 % de réussite sur les tirs et de 80 % sur les lancers francs.

« Tony est incroyable, assure le vétéran Tim Duncan, 37 ans. Il a beaucoup évolué ces dernières années. Il porte tout le poids de l'équipe. »

« C'est un honneur de voir que mes équipiers me font une confiance aveugle, ça me donne envie de me dépasser », assure le Français. Je joue mon meilleur basket. C'est l'heure pour moi de montrer ce que je sais faire. »

Pour atteindre ce statut de « VIP », le Français de 31 ans a dû patiemment convaincre l'entraîneur Gregg Popovich de lui laisser les clés de la rutilante voiture de sport que sont les Spurs, une machine complexe et rodée.

« Pop », qui n'était pas tendre au début avec son Frenchy, parfois même sans pitié, a voulu lui façonner un profil de meneur de jeu au sens classique, un passeur avant-tout destiné à installer un système dans lequel le ballon devait aboutir dans les mains de Tim Duncan, la vraie star. Une sorte de général des parquets qui regardait la bataille de loin. Mais TP a eu son mot à dire.

« Mon équipe »

« Toute ma carrière j'ai essayé de trouver le juste milieu entre passer et marquer, raconte Parker. Je me suis battu avec Pop car je ne voulais pas devenir un meneur à la John Stockton ou Avery Johnson (le meneur des Spurs avant Parker), sans leur faire injure. Je voulais devenir Tony Parker. »

À force de travail, notamment sur son shoot en extension à mi-distance, qu'il ne possédait pas dans sa panoplie en début de carrière, ou sa défense, que Popovich trouvait trop faible, le Français débarqué en NBA à 19 ans a réussi à se forger une identité en Amérique, en s'inspirant de son rôle moteur en équipe de France, qu'il mènera encore cet été dans le cadre de l'Euro.

Sacré trois fois champion NBA, désigné meilleur joueur (MVP) de la finale en 2007 (une première pour un Européen), sélectionné cinq fois au All Star, devenu meilleur passeur de l'histoire des Spurs, bénéficiaire d'un salaire annuel à huit chiffres (en dollars) : Parker a véritablement changé de dimension.

Il a aussi compris le message de Popovich, qui a exigé plus de son Français quand Duncan et Manu Ginobili (35 ans) ont commencé à vieillir : les bons joueurs font une bonne saison mais les grands joueurs les enchaînent.

« Aujourd'hui Tony sait lire les défenses adverses et adapter son choix de passe ou de tir, explique Pop. Alors qu'avant il était un peu plus unidimensionnel et un peu têtu. Il est aujourd'hui plus mature. »

« Je suis meilleur dans le choix des bons moments pour faire les bonnes choses, savoir quand être agressif ou quand être plus passif, témoigne Parker. Pendant longtemps, dans le dernier quart temps, c'était l'heure de Timmy (Duncan) mais l'équipe a effectué une transition vers moi et c'est devenu mon équipe aussi. »