Souvenez-vous l’été de vos 19 ans. La plage à Ogunquit ou Old Orchard pour certains. Le travail pour les autres. Débarrasser des verres vides ou planter des arbres dans l’Ouest canadien. Les amis, les fêtes, les nuits blanches. Plus un enfant, mais pas tout à fait un adulte encore.

Sélectionné avec le premier choix du dernier repêchage de la NBA, Andrew Wiggins a vécu l’été de ses 19 ans dans un climat d’incertitude, d’euphorie et d’attente en prévision du tournant le plus important de sa jeune carrière naissante. Ce spectre épuisant d’émotions a fait atterrir le jeune avant canadien au Minnesota à la suite d’une transaction très médiatisée permettant à Kevin Love de rejoindre LeBron James à Cleveland. Après le tumulte de cette transaction et des rumeurs la précédant, Wiggins s’est installé dans sa nouvelle ville et s’adapte depuis à la réalité dans laquelle il évolue maintenant au quotidien : il joue professionnellement au sport qui alimente ses passions depuis aussi longtemps qu’il se souvient. Suivant les traces de son père (Mitchell, qui a joué six saisons dans la NBA), Andrew souhaite remplir les attentes qui lui collent à la peau depuis ses premiers dribles médiatisés sur le circuit préuniversitaire américain.

« Être sélectionné avec le 1er choix du repêchage, c’est une bénédiction en soi. » Le jeune Ontarien s’est ainsi confié lors des premiers jours du camp des Timberwolves. « Mais, c’est sûr qu’il y a plus de pression en étant le premier choix, je le réalise de plus en plus. »

Même en étant sélectionné au sommet du repêchage, Wiggins n’était pas à l’abri des rumeurs d’échange qui hantent normalement les joueurs beaucoup plus expérimentés que lui dans le circuit. Une certaine rançon de la gloire, lui qui est le premier depuis Chris Webber en 1993 à changer d’adresse après avoir été sélectionné au sommet d’un repêchage sans même jouer un match.

Andrew Wiggins« La NBA, c’est une business d’abord et avant tout », tranche-t-il. « Je n'en fais pas une affaire personnelle. Maintenant, les Timberwolves misent sur mon avenir et je me sens bien ici. »

Le meilleur espoir d’un sport encore marginal au nord de la frontière américaine aura la chance d’évoluer dans un marché moins médiatisé, au sein d’une formation aux attentes modestes. Il n’y aura pas, pour Andrew Wiggins, la pression de la performance immédiate contrairement à ce qu’il aurait vécu à Cleveland aux côtés du meilleur joueur au monde.

« C’est une excellente situation pour moi, » avoue-t-il. « Je vais être en mesure de faire plus de choses qu’à Cleveland. Je suis confortable ici et les partisans m’ont déjà démontré beaucoup d’amour. »

Maintenant qu’il sait où poser son chapeau, Wiggins peut travailler sur l’amélioration de son jeu et la transition du basket amateur vers le basket professionnel. Entouré d’hommes expérimentés et plus imposants physiquement que les jeunes athlètes de la NCAA, Wiggins sait qu’il devra se battre afin d'obtenir du temps de jeu et rien ne lui sera attribué d’emblée.

« C’est tout un apprentissage, mais je m’améliore tous les jours. J’adore ça, on ne peut jamais se lasser de faire quelque chose que l’on adore autant. »

Évidemment, ce serait inquiétant d’entendre un joueur aussi talentueux dire le contraire. Comme dans tous les vestiaires sportifs, il y a un non-dit qui stipule qu’on ne souligne pas les aspects négatifs de la vie d’athlète. Wiggins n’a pas le luxe de la régression à ce stade-ci de sa carrière, lui qui a déjà un statut qui le précède dans la NBA.

« À l’université, il faut surtout apprendre le système, s’acclimater aux habitudes de l’entraîneur », explique-t-il, conscient de son expérience modeste dans la NBA. « Ici, les entraîneurs cherchent plutôt des façons de faire briller les aptitudes des joueurs. L’entraîneur planifie autour de nous et s’adapte à nos talents. »

Différentes mentalités et différente réalité pour le jeune prodige qui a l’habitude des projecteurs et des regards critiques à son endroit.

Pas suffisamment développé pour certains, trop maigres pour d’autres, manque d’autorité sur le terrain, offensive prévisible, etc. Wiggins les a toutes entendues ces critiques. Il affronte le tout avec une étonnante maturité tout en s’appuyant sur ses forces : son excellente défensive individuelle, son athlétisme d’un naturel impressionnant et son instinct sur les parquets.

« Avant d’être considéré comme le meilleur, on doit le croire soi-même et le prouver sur le terrain. »

Une explication logique, mais surtout lucide pour Wiggins qui, entre deux critiques, écoute les murmures qui lui prédisent beaucoup de gloire dans la NBA. Le prochain joueur marquant d’une ligue en santé.

La question est sur la table : est-ce qu’Andrew Wiggins sera appelé à remplacer LeBron James un jour sur les affiches publicitaires de la NBA?

C’est encore trop tôt pour les prédictions, mais on sait déjà que la carrière de Wiggins sera toujours associée à celle de James. La décision du joueur étoile de l’Ohio a pavé le chemin de Wiggins vers le Minnesota, un des rares États américains favorisant le hockey au basketball et partageant plusieurs similitudes avec le Canada natal du numéro 22 des Timberwolves. Maintenant, au tour de Wiggins d’écrire sa propre histoire et qui sait, peut-être qu’un jour ses décisions influenceront celles du roi James de Cleveland.

Avant d’être le prochain, Andrew Wiggins devra se contenter d’être lui-même au Minnesota, avec tout le potentiel que ça implique. Les grandes choses se présenteront en temps et lieu.

*Propos recueillis grâce à Wolves Radio et NBA TV.