Russell Westbrook est (encore) tombé de haut : le meneur d'Oklahoma City a échoué pour la troisième saison de suite à franchir le premier tour des séries, et cette année les dégâts ne se limitent pas au terrain.

Il y a des chiffres qui font mal surtout quand, comme Westbrook, on est habitué à affoler les statistiques et à donner le tournis avec des moyennes ahurissantes.

Lors de leurs trois dernières séries, OKC et son joueur-vedette n'ont remporté que 4 matchs pour 12 défaites.

Pire, le Thunder a perdu ses 12 derniers matchs éliminatoires disputés à l'extérieur!

Il a certes fallu, mardi soir, un tir improbable à la dernière seconde de Damian Lillard pour qualifier Portland (118-115) dès le match no 5 et prolonger cette série, mais la tendance est nette : OKC n'est plus un prétendant au titre.

Et ce, malgré la présence dans ses rangs de Westbrook, l'un des joueurs les plus prolifiques de l'histoire.

Pour la troisième année de suite, le no 0 d'OKC a terminé la saison avec un triple double de moyennes, un exploit rarissime réalisé seulement avant lui par le légendaire Oscar Robertson, grâce à ses 22,9 points, 11,1 rebonds et 10,7 passes décisives par match.

Une efficacité de 42,8 % au tir

Mais ces chiffres flatteurs sont à relativiser, car Westbrook tire beaucoup et son efficacité devant le panier adverse est en berne.

Il a fini la saison régulière avec une réussite de 42,8 % (29 % à trois points), l'une des pires de sa carrière NBA débutée en 2008.

Lors des cinq matchs disputés contre Portland lors du premier tour des séries, son efficacité a chuté à 36 %.

Les échecs répétés d'OKC depuis le départ en 2016 de Kevin Durant à Golden State, vécu comme une trahison par Westbrook, sont d'abord ceux de leur meneur.

Il n'est pourtant pas la seule star de l'équipe, mais Carmelo Anthony, présenté comme le grand responsable de l'élimination de la saison dernière, n'est plus là et Paul George a réussi en 2018-2019 la meilleure saison de sa carrière.

À 30 ans, Westbrook, élu joueur par excellence de la NBA en 2017, doit changer, selon plusieurs anciennes gloires de la NBA.

« Russell est trop agressif, il joue toujours à 100 km/h et à 100 %, il devrait prendre plus de recul et laisser plus de place à ses coéquipiers », a estimé Charles Barkley qui est l'un des rares à la défendre.

« Il faut qu'il soit plus imprévisible dan son jeu », a de son côté jugé Shaquille O'Neal.

« C'est dangeureux »

Westbrook a aussi beaucoup à faire pour changer son image.

Lors de ses conférences de presse d'après-match, il se contente de réponses monosyllabiques et ne cache pas son dédain notamment pour un journaliste d'un quotidien d'Oklahoma City, dont les questions ont longtemps eu pour réponse un lapidaire « question suivante? ».

Après l'élimination par Portland, il a fait l'effort de maugréer deux « longues » réponses : « très décevant » et « pas d'explications ».

Devenu le cauchemar des journalistes, dont certains le présentent comme le sportif le plus difficile à approcher, Russell, flamboyant sur les parquets par son style de jeu et en dehors par ses outrances vestimentaires, est-il en train de devenir un problème pour la NBA? 

Steve Kerr, l'entraîneur de Golden State, s'est inquiété avant même le match no 5 perdu mardi, de son comportement durant les conférences de presse.

« Je pense que c'est dangereux pour notre championnat », a-t-il expliqué au site The Athletic.

« Les spectateurs aiment le basket, la dynamique sociale, la mode, mais ce qu'ils aiment par-dessus tout, c'est la connexion avec les joueurs et les joueurs doivent en être conscients », a prévenu l'entraîneur des Warriors.