Anthony Davis trop souvent blessé, Russell Westbrook perdu sur le terrain, LeBron James au sommet mais trop seul : les Lakers, qui ne visaient rien d'autre que le titre NBA, pourraient ne même pas en disputer les éliminatoires tant ils sont déliquescents.

« Lakers outragés! Lakers brisés! Lakers martyrisés! ». Lakers éliminés? À sept matchs de la fin de la saison régulière, ce scénario, inimaginable en début de championnat, pourrait se réaliser tant le champion 2020 est en mauvaise posture.

Car après la lourde défaite concédée à Dallas (128-110) mardi, L.A. s'est retrouvé pour la première fois à la 11e place, hors de la zone de barragiste qui permet aux équipes classées du 10e au 7e rang d'espérer atteindre les séries.

« Nous n'avons tout simplement pas bien joué, pas avec assez de dureté, d'intelligence, de concentration et d'envie. C'est inacceptable, on a été mauvais à tous les niveaux, les entraîneurs, les joueurs, tout le monde », a pesté l'entraîneur Frank Vogel, ajoutant dans un aveu d'impuissance : « On n'est pas assez bon, même pas à l'entraînement. »

Lorsqu'on voit en effet la médiocrité du jeu proposé depuis le début d'année - « LeBron-dépendance » en attaque, passivité chronique en défense -, et le programme corsé qui les attend contre Utah (5e), La Nouvelle-Orléans (9e), Denver (6e), Phoenix (1er), Golden State (4e), Oklahoma City (14e) et encore Denver, la franchise californienne, certes repassée 10e mercredi après la défaite de San Antonio contre Memphis, pourrait ne pas éviter l'accident industriel.

Davis de retour

D'autant que si James réalise à 37 ans une saison exceptionnelle au niveau des points - leader au classement avec 30,1 points par match, il pourrait devenir le plus vieux meilleur marqueur d'une saison régulière, devant Michael Jordan qui avait 35 ans en 1998 --, il en paye un prix certain sur le plan physique.

Ses travaux d'Hercule, pour sauver ce qui peut l'être, font qu'il ne s'économise pas (37,2 min de moyenne, 3e joueur le plus utilisé dans la NBA). Alors parfois son genou gauche, en proie à des gonflements récurrents, l'oblige à rater un match et depuis dimanche c'est sa cheville gauche, victime d'une torsion face aux Pelicans, qui le fait souffrir. 

Raison pour laquelle il était en civil à Dallas, comme Anthony Davis et ses lunettes de hippie teintées de rose, pour peut-être mieux voir la vie ainsi.

L'intérieur, essentiel au rouage des Lakers pour en être le meilleur défenseur et la deuxième arme offensive, fait défaut depuis un mois et demi en raison d'une entorse du pied droit, après avoir déjà manqué 17 matchs d'affilée en début d'année à cause d'une entorse au genou gauche.

Certains médias l'annoncent de retour en fin de semaine. Or l'urgence de la situation fait que le risque est réel d'aggraver une blessure pour ce joueur, dont la fragilité est notoire.

« Ils sont finis »

« C'est juste une de ces années... Ces choses sont hors de notre contrôle, c'est malheureux », déplore Frank Vogel, fataliste.

Certes. Mais il y a aussi la faiblesse d'ensemble d'un effectif très remanié à l'intersaison, symbolisée par Russell Westbrook, joueur à l'énergie folle, roi du triple-double, mais aussi sujet à bourdes à répétition. Or c'est cette deuxième facette de son jeu qu'il a souvent été donné de voir cette saison. Et les moqueries de pleuvoir sur la star payée 44 millions de dollars. 

Enfin, c'est surtout l'état d'esprit qui afflige fans et observateurs. Nombre de défaites ont été cinglantes, voire humiliantes, indignes de l'équipe qui avait fait de la défense le socle de son sacre en 2020.

Pour Shaquille O'Neal, ancienne gloire du club, c'est simple  :« Ils n’en veulent pas, ils sont finis ».

L.A. peut néanmoins encore accrocher ces barrages constituant désormais sa planche de salut. Ce qui constituerait une douce ironie, car l'année dernière, LeBron James fustigeait l'instauration du « play-in ». « Celui qui a inventé ce truc doit être viré », avait-il dit, furieux que ses Lakers, 7e à l'issue de la saison régulière, aient dû en passer par là pour accéder aux éliminatoires.

Cette fois, bien heureux que ces barrages existent, sans quoi il serait déjà en vacances. 

Elle peuvent encore être repoussées. Sinon, pour se consoler, les fans pourront toujours se rabattre sur « Winning Time », la remarquable série sur les années « showtime » des Lakers, période Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar.