Dwane Casey n’est habituellement pas un homme superstitieux, mais c’est difficile de lui reprocher d’être trop prudent présentement.

Son équipe est sur une lancée. Les choses vont bien. Presque trop bien.

Mardi, les Raptors de Toronto ont prolongé leur série de victoires à neuf, égalant un record d’organisation datant de 14 ans. Ils n’ont pas été excellents pendant les 48 minutes, des deux côtés, et ç’a été le cas pour au moins la moitié des matchs remportés lors de cette séquence, mais ce n’est pas ce qui importe. Ils font le travail et il n’y a pas grand-chose qui semble pouvoir les faire dérailler actuellement, à moins d’une blessure.

Avant leur dernière victoire, une de 106-89 contre les Wizards de Washington, Casey a parlé du fait que son équipe est en bonne santé récemment, cognant du poing sur le podium derrière lequel il se trouvait. C’était la troisième fois qu’il faisait ça en quelques minutes. « Je touche du bois », a-t-il dit chaque fois.

Le podium était cependant fait de plastique, mais personne n’osait le lui dire. Peut-être que l’effet serait le même?

Trois heures plus tard… les Raptors étaient sur le point d'empocher un autre gain. En avance par 17 avec un peu moins de 4 minutes à faire, Kyle Lowry – leur joueur le plus utile – a retraité au vestiaire en tenant son poignet gauche. Il est revenu faire un tour au banc et Toronto a reçu un avertissement pour avoir retardé le jeu, alors Lowry est immédiatement retourné d’où il venait. Pourquoi a-t-il fallu que ce podium soit en plastique?

« J’ai vraiment cru que c’était pire que ce l’est vraiment, a déclaré le meneur de jeu vedette des Raptors après la rencontre. Mais je vais bien. »

Nous le dirait-il si ce n’était pas le cas?

« Non, je ne le dirais pas. Juste pour être clair. »

Heureusement pour les Raptors, il semble effectivement bien se porter (peut-être que le plastique a exercé sa magie après tout?). Les rayons X sont revenus négatifs et Lowry n’a pas eu à mettre de la glace ou à faire attention en s’habillant. Il a aussi rigolé avec son voisin de casier DeMar DeRozan comme d’habitude. Les Raptors semblent avoir évité le pire, mais cette petite frayeur a servi à rappeler quelque chose : premièrement, les partants ne devraient pas être sur le terrain quand il y a une avance de 17 points avec 4 minutes au cadran, mais aussi, la victoire (comme tout dans la vie) est fragile. Vous êtes là un jour, puis le suivant, c'est fini. L’entraîneur Casey ne veut pas que son équipe tienne quoi que ce soit pour acquis.

Son message : « en profiter ».

« On entend toujours "voyons ce qu’ils feront dans les séries". » Nous ferions mieux d’apprécier le moment présent parce que rien n’est garanti demain. Alors profitons du bon temps et des petites victoires que nous arrachons. »

Dwane CaseySon discours était planifié, voire même pratiqué. Pendant des semaines, non, des années, il a répété qu’il ne fallait jamais mettre la charrue avant les bœufs. Il a rappelé aux joueurs et aux médias : « on n’a rien accompli encore ». Honnêtement, il n’en avait pas besoin. Nous ne l’avons pas oublié et eux non plus. Cette saison sera plus que jamais déterminée par ce qui arrivera en éliminatoires, particulièrement au premier tour, où ils ont été éliminés chaque fois lors des deux dernières saisons.

« Je crois que quand la saison sera finie, nous serons fiers de nos accomplissements individuels et collectifs, a dit Lowry. Mais présentement, on est trop concentré sur notre prochain adversaire, les Knicks de New York, et on y va un match à la fois, un jour à la fois, une heure à la fois. »

Le gain de mardi a couronné le balayage de la série de quatre parties face aux Wizards. Ils ont limité Washington à 92 points et 42 % d’efficacité aux tirs dans chaque cas. Est-ce que cela aide un peu à panser les blessures provoquées par l’élimination contre eux en avril? Pas même un peu. Rien de ce qu’ils feront durant le calendrier régulier n’y parviendra. Ni une série de 9 victoires, ni une de 10, ni une de 11… Vous comprenez.

C’est un exercice de concentration et de professionnalisme pour les joueurs des Raptors : ils ne doivent pas s’énerver avec leur fiche, ne pas faire les mêmes erreurs qu’il y a un an, garder l’œil sur l’objectif. Même les amateurs sont devenus las. Une séquence de neuf victoires? C’est bien, « mais combien de ronde éliminatoire ont-ils gagné », demandent-ils comme s’ils ne savaient pas déjà la réponse.

Cependant, question d’équilibre, c’est important (du moins pour Casey) qu’ils ne perdent pas non plus leur passion, l’étincelle, ce petit quelque chose que les grandes équipes possèdent. Ce doit être plus que juste un travail, n’est-ce pas?

« Tout le monde attend de voir en séries, de dire Casey. Tout le monde est dans ce "mode". Mais il faut aussi s’assurer de s’amuser durant le processus, dans les hauts comme dans les bas. Et croyez-moi, il y aura encore des bas cette saison, mais amusons-nous. Il y a 21 années d’histoire ici et nous n’avons pas encore atteint notre but, mais c’est vers là qu’on se dirige. »