Il est temps d’effacer l’ardoise dans la NBA et d’oublier la saison qui vient de s’écouler à quelques heures d’une reprise de la finale de la saison dernière entre le Heat et les Spurs, ce soir, au AT&T Center de San Antonio.

Les visages sont les mêmes, pour la plupart, sauf que les deux équipes vivront des différences dans leur familière rencontre lors de l’ultime série afin de couronner le souverain de la NBA.

Miami, qui participera à sa quatrième finale consécutive, tentera de mettre le grappin sur un troisième sacre d’affilé, une première depuis le triplé des Lakers menés par Shaquille O’Neal et Kobe Bryant de 2000 à 2002. Du côté des Spurs, on vise un cinquième triomphe depuis l’association fructueuse entre l’entraîneur Gregg Popovich et l’avant Tim Duncan, tous deux au centre de toutes les conquêtes de l’histoire de l’organisation.

Si les grandes lignes de l’histoire ressemblent drôlement à celle de l’an dernier, c’est parce qu’elles sont, pour la plupart, la suite logique d’une finale enlevante jusqu’aux derniers instants en 2013. D’un côté crève-cœur pour les Texans et, de l’autre, triomphale pour la bande à Lebron James à la suite d’un improbable retour lors du 6e match de la série, ponctué d’un tir historique de la part du meilleur franc-tireur de l’histoire du sport : Ray Allen.

L’an dernier, les Spurs étaient à moins d’une minute d’ajouter une cinquième bannière dans les hauteurs de leur amphithéâtre. Au lieu de ça, ils ont regardé le Heat forcer la tenue d’un septième match à Miami et nous connaissons la suite de l’histoire.

Pour la NBA, il s’agit d’une finale rêvée, doublée d’une rivalité concrète entre deux équipes au sommet de leur profession. Pour les amateurs, c’est l’occasion de revivre les montées dramatiques du printemps passé en plus de voir l’histoire s’écrire en direct.

Est-ce que Lebron James cimentera sa position au panthéon des immortels en complétant le rare exploit d’un troisième titre consécutif? Est-ce que Tim Duncan pavera son chemin vers une retraite méritée d’un cinquième championnat? Voilà ici deux des nombreuses questions qui trouveront réponse à la conclusion de cette saison 2013-2014 de la NBA. D’ici là, quelques éléments à surveiller lors de cette finale.

LeBron James et Tim DuncanComme on se retrouve

Le Heat et les Spurs partagent une stabilité exemplaire au niveau des effectifs au cours des dernières saisons.

Depuis l’arrivée de Lebron James et de Chris Bosh à South Beach, le Heat présente sensiblement le même cinq partant avec Dwyane Wade, Mario Chalmers et une rotation entre Udonis Haslem, Shane Battier et Rashard Lewis au gré des envies de l’entraîneur Erik Spoelstra.

Chez les Spurs, l’approche de Gregg Popovich est la même depuis des lunes et on peut difficilement la lui reprocher compte tenu des succès de son équipe. Avec Tim Duncan, au cœur de la formation depuis 1997, et Tony Parker à la pointe, le cinq partant des Spurs compte aussi sur les jeunes Kawhi Leonard et Danny Green sur les périmètres en plus du centre brésilien Tiago Splitter. En renfort du banc, Manu Ginobili mène la charge de la deuxième unité, tout comme Ray Allen chez le Heat.

Les alignements sont donc sensiblement les mêmes que l’an passé, sauf que le temps se manifeste différemment dans les deux clans.

À Miami, on ressent un certain effritement surtout au niveau des joueurs de soutiens. Des vétérans comme Shane Battier et Udonis Haslem ne sont plus aussi efficaces qu’à pareille date l’an passé et, sur le bois franc, le temps de réaction est crucial. Inversement, les jeunes éléments des Spurs comme Leonard et Green sont plus aguerris face aux différentes situations qui se développent lors d’un match aux enjeux décuplés.

Après quatre périples consécutifs en finale, le temps et l’usure semblent jouer contre le Heat et ce même si Duncan n’est plus dans la fleur de l’âge et Parker risque d’amorcer la série sur une jambe en raison d’une blessure contraignante au bas du corps.

Les quelques nouveaux visages sur le banc, dont Greg Oden pour Miami et Marco Belinelli à San Antonio, n’auront qu’un impact marginal sur la série, si impact ils ont. Les histoires de vengeances s’écrivent avec des protagonistes familiers.

Oublier l’amertume

Avec 21 secondes à jouer lors du sixième match de la finale de l’an passé, on estimait les chances des Spurs de remporter le championnat à 99%. Le trophée Larry O’Brien avait déjà été roulé aux abords du terrain avant de voir Lebron James enfiler un tir de trois points qui approcha son équipe à deux points des favoris de la foule.

La suite de l’histoire est une amertume que toute l’organisation texane tentera d’oublier avec une conclusion différente cette saison.

Ray Allen, avec son incroyable tir de trois points, a déjoué la statistique favorisant largement les Spurs et depuis, la conclusion triomphale est en jachère pour Tim Duncan qui, du banc de son équipe à l’époque, avait regardé les cordages s’agiter à la suite de la touche sans faille d’Allen.

Afin d’établir une nouvelle trame narrative à l’histoire entre les deux équipes, les Spurs devront s’inspirer de la finale de 2007 durant laquelle ils ont souhaité la bienvenue à un jeune Lebron James, à Cleveland à l’époque. Lors de ce quatrième championnat de l’équipe, Duncan et Poppovich s’étaient assurés d’isoler le jeune prodige afin d’obliger les autres joueurs à élever leur jeu d’un cran. Le balayage, à l’époque, aura servi de premier véritable test au phénomène qu’est devenu James avec le temps.

L’an dernier, Miami avait les munitions nécessaires pour contrer la stratégie de San Antonio, comme en témoigne le tir de Ray Allen ou la contribution offensive de Chris Bosh. Est-ce que la formule sera bonne pour ce troisième duel entre Lebron James et les Spurs pour toutes les billes en juin?

Qui plus est, l’amertume n’est pas exclusive à l’équipe texane ayant baissé pavillon l’an passé. Le Heat, malgré une victoire, aimerait écarter les doutes soulignant qu’ils ont joué de chances contre les Spurs l’an dernier. L’attribution du mérite de l’équipe au petit miracle de Ray Allen est visiblement un sujet sensible pour Lebron James et ses coéquipiers et, malgré les succès cumulés depuis son arrivée à Miami, la perspective d’appliquer un bémol sur ses conquêtes n’est pas envisageable pour le souverain actuel de la NBA.

Établir l’avenir

Avec un seul trophée à remettre au bout du parcours, les deux équipes familières se disputeront le même accessoire pour deux enjeux distincts.

À Miami, un troisième championnat cimentera vraisemblablement le cœur de la formation pour au moins un autre tour de piste. En effet, Lebron James, Chris Bosh et Dwyane Wade peuvent se libérer de leur contrat respectif en raison d’une option à leur discrétion aux termes de la saison. On verrait mal l’équipe se démanteler à la suite d’une autre conquête. Cependant, un échec contre les Spurs activerait la machine à rumeurs en Floride et l’avenir sera trouble et incertain pour l’équipe de Pat Riley.

Chez les Spurs, des rumeurs parlent d’une retraite conjointe de Tim Duncan et Gregg Popovich advenant un cinquième championnat pour la paire. Bien entendu, une telle conclusion forcerait un changement de garde au sein de l’équipe la plus stable et la plus constante de la NBA depuis 1998. Disons qu’un triomphe ici bouclerait la boucle pour les Spurs qui, autrement, chasseraient peut-être encore la conclusion idéale à leur dynastie, s’exposant ainsi à un déclin inévitable en raison de l’âge et de la progression des autres équipes dans l’Ouest.

Une prédiction

Le Heat est l’équipe à battre depuis l’arrivée de James en Floride. Les éliminatoires, depuis 2010, sont un vaste terrain de jeu pour la formation qui s’est moulée autour de l’incroyable polyvalence de son meilleur joueur.

Cependant, les Spurs avaient pour ainsi dire battu le Heat la saison dernière. Ne manquait que la cerise sur le gâteau. Il est donc facile de voir les hommes de Gregg Popovich triompher lors de cette reprise avec la même formule et, surtout, des performances plus intéressantes de la part de Kawhi Leonard.

Logiquement parlant, parier contre les champions en titre semble mal avisé. Par contre, parier contre Tim Duncan n’est historiquement pas une bonne idée non plus.

Avec les enjeux et le souvenir de la finale de 2013, cette édition 2014 risque d’élever la barre d’un cran en termes d’excellence et de basket-ball d’une grande qualité.

Pour cet hypothétique dernier tour de piste, je vois les Spurs soulever le trophée Larry O’Brien à la fin d’un septième et ultime match laborieux devant leurs partisans rassasiés d’une soif de vengeance qui traîne depuis l’été dernier.

HORAIRE DE LA FINALE

Match #1 : Jeudi le 5 juin à 21 h 00 @San Antonio
Match #2 : Dimanche le 8 juin à 20 h 00 @San Antonio
Match #3 : Mardi le 10 juin à 21 h 00 @Miami
Match #4 : Jeudi le 12 juin à 21 h 00 @Miami
Match #5 : Dimanche le 15 juin à 20 h 00 @San Antonio (si nécéssaire)
Match #6 : Mardi le 17 juin à 21 h 00 @Miami (si nécéssaire)
Match #7 : Vendredi le 20 juin à 21 h 00 @San Antonio (si nécéssaire)