OLYMPIE - Journalistes et policiers ont envahi la paisible bourgade d'Olympie, dans le Péloponnèse, pour les derniers préparatifs avant l'allumage lundi de la flamme des Jeux de Pékin, marquée par la crainte de manifestations d'opposants au régime chinois.

Alors que se multiplient les appels au boycott, le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, a estimé dimanche que les JO-2008 constituaient au contraire une opportunité d'ouverture pour la Chine.

"Nous pensons qu'en ouvrant la Chine au regard du monde à travers les 25.000 représentants des médias qui assisteront à la manifestation olympique, le pays changera. Les Jeux olympiques sont une force au service du bien. Ils sont un catalyseur de changement, non un remède à tous les maux", a-t-il indiqué dans un communiqué.

"La situation au Tibet préoccupe vivement le CIO. Nous avons déjà exprimé l'espoir de voir ce conflit se régler pacifiquement le plus rapidement possible", a-t-il ajouté.


"Grande prêtresse"

En présence de nombreux officiels grecs et chinois, une dernière répétition a eu lieu dans les ruines du sanctuaire autrefois dédié à Zeus, où se sont déroulés les Jeux de l'an 776 avant JC jusqu'au IVe siècle de notre ère.

En raison d'un temps couvert, la torche n'a pas été allumée à l'aide d'un miroir parabolique poli recueillant directement les rayons du soleil, comme le veut la tradition, mais par une flamme obtenue selon ce procédé il y a plusieurs jours et conservée depuis lors.

Lundi, l'allumage devrait se faire de la même façon car les prévisions météorologiques sur la région sont mauvaises, incitant les autorités grecques à avancer d'une heure la cérémonie, qui aura donc lieu à 11H00 au lieu de 12H00.

Si les pluies sont vraiment trop fortes, la cérémonie se tiendra dans le musée archéologique en face du site. "Nous n'avons eu la pluie qu'une fois pour les JO d'été: en 1956 pour les Jeux de Melbourne", a affirmé à l'AFP Tassos Papachristou, porte-parole du Comité olympique hellénique.

Au cours de la répétition, qui suit un cérémonial ayant peu évolué depuis les JO de Berlin de 1936, lorsque cette manifestation eut lieu pour la première fois à Olympie, la flamme a été allumée par une "grande prêtresse" entourée de danseuses, dans une chorégraphie inspirée de cérémonies antiques.


Zèle policier

La flamme a été ensuite transmise au premier relayeur, le Grec médaillé d'argent de taekwondo au JO de 2004 à Athènes, Alexandros Nikolaidis. Lundi, il la confiera à la nageuse chinoise Luo Xuejuan, médaillée d'or la même année, lançant un relais de 137.000 km à travers les cinq continents jusqu'à son arrivée à Pékin le 8 août, pour l'ouverture des Jeux.

Plus que le mauvais temps, les autorités grecques craignent des manifestations d'opposants au régime de Pékin, dix jours après de violentes émeutes survenues au Tibet, durement réprimées par la Chine.

Le site fait l'objet d'une surveillance étroite de la police, omniprésente sur les routes, les collines alentours et dans le centre de la petite ville.

Les hôtels sont aussi victimes du zèle policier. "Ils vérifient la liste des clients plusieurs fois par jour, relevant les numéros de passeport et nous demandant d'être vigilants avec les Chinois" portant des passeports européens, a déclaré à l'AFP un hôtelier sous couvert de l'anonymat.

Des milliers de personnes sont attendues pour cette cérémonie, notamment de nombreux touristes chinois qui s'ajouteront aux quelque 300 journalistes de Pékin.

Les autorités d'Athènes, qui ont annoncé qu'elles prendraient "toutes les mesures nécessaires" pour éviter des manifestations ou incidents, ont interdit "panneaux et banderoles" et tout ce qui pourrait servir de projectiles: bouteilles, cannettes ou parapluies.