Je suis vraiment soulagé d'être toujours le champion du monde des mi-lourds du WBC compte tenu de la tournure dramatique et de l'émotion qui régnait lors de ce deuxième duel face à Adrian Diaconu. Comme vous le savez sans doute, j'ai fait une partie du combat avec un seul bras, mon épaule droite m'ayant laissé tomber.

D'ailleurs, je dois porter une prothèse pour stabiliser mon bras droit et ce, pour une période de six à huit semaines. J'ai aussi besoin de beaucoup de repos. Mais vous savez, dans cette adversité, j'ai acquis de l'expérience. C'est la première fois que je subissais une telle blessure et je pense que je suis bien tiré d'affaire même si j'ai eu vraiment peur de perdre le combat. Puis, il n'était pas question que j'abandonne le combat. Cette douleur disparaissait à chaque début d'assaut mais revenait m'ennuyer plus le round avançait.

Mon bras droit était parfois paralysé et je me considère chanceux d'avoir pu contenir les attaques d'Adrian avec seulement un bras. Mes combats antérieurs contre Omar Pittman, Brian Norman et Carl Froch m'ont permis de bien m'en tirer. Mon expérience a fait la différence pour moi. Je me souviens de m'être déjà battu avec une seule main contre Pittman et Norman. Si ça avait été la première fois que ça m'arrivait vendredi, le résultat aurait pu être différent.

Le médecin ne comprend pas comment j'ai pu me battre avec une telle blessure. Il m'a déclaré que c'était surhumain.

Je pensais que j'avais des bonnes chances de réaliser le K.-O. dans les premiers rounds compte tenu que je sentais que je lui faisais mal et que je le faisais reculer. Mais, c'est très difficile de passer le K.-O. à quelqu'un avec une seule main.

Je suis fier de moi c'est vrai, mais je ne suis pas satisfait de ma performance car je pense que j'aurais pu faire mieux. Mais compte tenu du contexte, je suis très heureux d'avoir gagné.

Ça me fait chaud au coeur de voir que les amateurs reconnaissent que je me suis bien battu malgré des vives douleurs à l'épaule droite. Les gens peuvent être assurés que lorsque je monte sur un ring, j'y vais avec tout mon coeur et que je vais tout donner. Pendant le combat, j'ai parfois pensé abandonner, mais je me suis souvenu qu'un gagnant n'abandonne jamais et qu'un lâcheur ne gagne jamais. C'était important de continuer et surtout, je me suis rappelé de tout l'amour de mes partisans, qui m'encouragent depuis le début. Ces gens-là ne m'ont jamais laissé tomber, je n'allais pas les laisser tomber.

Adrian et moi avons des styles qui se marient bien et je pense que si on se battait à nouveau, ce serait encore une fois très excitant. J'aime affronter des adversaires qui aiment en découdre sur un ring parce que moi, j'aime me battre. Je lève mon chapeau à Adrian parce qu'il m'a livré toute une bataille. J'avais dit en conférence de presse, que j'étais prêt à retourner en enfer et je peux vous confirmer q'Adrian m'a amené en enfer. Je me devais de demeurer concentré parce que mon adversaire était dangereux des deux mains.

Les douleurs à mon épaule étaient vraiment atroces. Mon épaule a débarqué environ six fois pendant le combat et plusieurs fois pendant les rounds, mon bras droit au complet était paralysé. C'était épeurant mais j'ai su garder mon contrôle en ne paniquant pas. J'avais des hommes d'expérience et de qualité dans mon coin et eux aussi n'ont pas paniqué. Ça été la différence. Je commence à mûrir comme boxeur et je suis capable de m'ajuster à n'importe quelle éventualité pendant un combat.

Je me disais que je n'allais pas perdre mon titre par abandon. Je me disais que j'allais continuer, que les gens m'appuyaient. Si mon épaule était pour tomber, j'étais prêt à payer le prix.

J'ai eu une grosse douleur au dixième engagement alors que mon épaule était vraiment débarquée. On peut même le voir dans la zone vidéo du RDS.ca quand Russ Anber a remis le tout en place. On peut entendre mon cri de douleur également.

Adrian a bien essayé de profiter de mon handicap momentané mais chaque fois qu'il s'approchait, je le pinçais avec un bon crochet ou un bon jab. Comme je suis un boxeur avec une force de frappe respectable, il se devait d'être prudent. Il a bien tenté une fois ou deux de se lancer sur moi, mais ça n'a pas fonctionné. Des gens ne comprenaient pas pourquoi il ne se jetait pas sur moi plus souvent afin de profiter de mes lacunes mais il devait quand même me respecter.

Ma blessure à l'épaule droite nous a forcés à changer de stratégie. Comme je ressentais moins la douleur quand j'étais près de Diaconu, je fonçais souvent vers lui pour être proche. J'avais alors moins de chance de me faire mal.

Des cartes de pointage qui font jaser

Je sais que l'équipe d'Adrian n'était pas d'accord avec l'écart de points des juges, qui m'ont accordé une victoire par décision unanime par 118-110, 117-111 et 117-111. De mon côté, je sais que j'ai gagné le combat avec brio mais je respecte l'opinion d'Adrian et de son équipe. Dans ma tête et sur les papiers, j'ai gagné le combat.

Du repos et une unification

Je ne retournerai pas sur un ring avant quelques mois, le temps de bien soigner ma blessure mais mon objectif est d'unifier mon titre.

Avant de conclure cette chronique, j'aimerais souhaiter un joyeux temps des fêtes à tous les internautes du RDS.ca et de garder le punch d'ici la prochaine année.

*propos recueillis par Robert Latendresse