Au lendemain d'un évènement haut en couleur, le Canadien s'apprête à amorcer une grosse semaine où il disputera quatre matchs en six jours. La Sainte-Flanelle souffrira-t-elle du syndrome du lendemain de veille?

À mon avis non. La seule chose que je peine à m'expliquer, c'est comment le Canadien peut jouer un excellent match contre les Bruins, qui représentent pourtant une des excellentes organisations dans l'Est, et être si mauvais contre les Leafs et les Sabres.

Je pense que, défensivement, le plan de match de Jacques Martin n'est pas appliqué comme il le désirerait. Il veut des joueurs en mouvement qui sont intenses et agressifs. Plutôt que cela, il y en a certains qui sont nonchalants dans les replis et dans la zone défensive. Cela crée des revirements et des surnombres et en découlent des occasions de marquer.

Contre Boston, j'ai l'impression que le plan de match offensif et défensif a été respecté et ça a donné un match spectaculaire. En plus, Carey Price a été à la hauteur de la situation.

Je pense que le Canadien a une chance de compétitionner et d'être de chaque match si et seulement si les joueurs se présentent.

C'est-à-dire que tout le monde doit jouer 60 minutes et que chacun accepte son rôle. À partir du moment où chacun accepte de payer le prix pour le bien de l'équipe, celle-ci peut être spectaculaire et rapide.

Si on les compare aux Flyers, leurs premiers adversaires de la semaine, on constate que ces derniers ne sont pas mieux positionnés. Ils ont de gros joueurs vedettes et, malgré tout, ils ont dû changer d'entraîneur.

Je pense que Montréal aura besoin d'une grande performance de Carey Price et que les joueurs soient prêts. Pas un ou deux joueurs, mais bien les quatre trios prêts à, au risque de me répéter, jouer dans l'étendue du rôle qui leur est attribué.

Gomez débloquera, mais en attendant...

On parle de rôle et je n'ai pas le choix de glisser un mot sur Scott Gomez.

C'est certain que Gomez ne remplit pas le rôle que l'on s'attendait qu'il remplisse. C'est-à-dire qu'on pensait qu'il produirait un peu plus. Cependant, on ne peut pas lui reprocher son ardeur au travail.

La critique vient du fait qu'il est présentement incapable de marquer. Il a trois buts alors qu'il devrait peut-être en avoir plus, mais reste que c'est un bon passeur et que les points vont venir un de ces jours dans son cas.

Son manque de production est présentement compensé par celle d'autres joueurs. Tomas Plekanec joue comme un premier centre et il est actuellement le joueur le plus complet du club. À mon avis, c'est lui qui devrait être étiqueté à titre de premier centre.

Il y a également Glen Metropolit qui joue aussi bien que jamais auparavant. Il a obtenu un temps de glace plus élevé grâce à son intense travail lors des matchs et des entraînements lui qui avait pourtant le titre de 4e centre. Ça explique pourquoi on le retrouve de temps à autre sur l'avantage numérique.

Respecter les limites de chacun

Hal Gill se doit d'apporter plus de robustesse et d'éviter à tout prix les revirements qu'il commet en étant plus fiable défensivement puisque, avouons-le, il est loin d'avoir un instinct offensif aiguisé.

À partir du moment où il remplit bien ce rôle défensif, je crois qu'il cadre bien dans le plan de Jacques Martin. Cependant, le pilote montréalais doit faire attention puisque le géant ne peut réellement remplacer aucun des défenseurs actuels du club.

Il est capable de jouer au hockey et on l'a vu sur le désavantage numérique de cinq contre trois face aux Bruins. Il a un gros physique et est capable d'être présent devant le filet. Ne reste maintenant qu'à trouver son rôle et le limiter à celui-ci.

O'Byrne joue bien. C'est un droitier qui apporte beaucoup de robustesse et qui se doit d'assurer une bonne relance et une présence physique devant le filet.

C'est donc une partie de chaise musicale qui s'amorce pour les sept défenseurs qui sont actuellement en uniforme. Ce sera un heureux casse-tête pour Martin. Et dire que Markov s'en vient.

Price aura besoin d'aide

Le Canadien a toujours besoin d'une grosse performance de Carey Price. Lorsque celui-ci fait les arrêts clés et qu'il inspire cette confiance nécessaire au reste du club, Montréal devient une équipe difficile à vaincre.

Reste que celui-ci doit, match après match, fournir ce genre de performance il est impossible de maintenir ce rythme sur une saison longue de 82 matchs.

Les joueurs doivent être conscients qu'il ne pourra pas toujours être aussi dominant et qu'ils devront certainement à un moment donné prendre eux-mêmes l'initiative d'une rencontre.

Comment le faire? En respectant chacun son rôle.

*Propos recueillis par Jean-Simon Landry