À la pause du match des étoiles, force est de constater que le Canadien ne marque pas beaucoup de buts. Il en a inscrit 130 en 50 rencontres, soit le nombre le plus bas parmi les huit premières équipes de l'Association de l'Est. Si la saison prenait fin actuellement, le Tricolore participerait au moins aux séries éliminatoires. C'était l'objectif en début de campagne.

Mike Cammalleri, Brian Gionta, Scott Gomez, de même qu'Andrei Kostitsyn et Benoit Pouliot n'ont pas été à la hauteur des attentes, ce qui a déséquilibré les résultats offensifs anticipés. Si le Canadien se maintient en septième place, c'est le fruit d'un travail d'équipe. On n'en marque pas beaucoup, mais d'un autre côté, l'équipe n'en donne pas beaucoup parce que Carey Price et le système fonctionnent bien. C'est un peu comme les Devils du New Jersey d'il y a quelques années qui engrangeaient les victoires avec des pointages de 2-1 ou 3-2. C'est moins spectaculaire, mais au moins, les victoires sont au rendez-vous.

À défaut de buts, Jacques Martin exige de ses joueurs qu'ils s'impliquent défensivement et de ne pas courir trop de risques. C'est évident que les blessures à Andrei Markov et Josh Gorges ont changé la donne. Le caractère offensif du 79 a toutefois été comblé par James Wisniewski mais pas son aspect défensif.

Si des joueurs comme Gomez et Gionta et quelques autres n'avaient pas tardé à se mettre en marche, le Canadien aurait peut-être une cinquantaine de buts de plus au compteur.

Les difficultés en attaque ont néanmoins permis de découvir des gars comme Mathieu Darche et Subban par exemple. Avant la pause des étoiles, ce sont des joueurs comme David Desharnais et Max Pacioretty, qui ont émergé. Les faiblesses offensives ont au moins permis de découvrir d'autres joueurs.

Depuis son rappel de Hamilton, Max Pacioretty fait du bon travail. Je pense que nous devons maintenant l'identifier comme un joueur en mesure de jouer sur les deux premiers trios. Si on l'enlève sur l'un des deux premières lignes, je pense qu'il va connaître des hauts et des bas. Il faudra être patient avec lui comme on l'a été avec Gomez et Gionta.

C'est évident qu'on ne peut pas toujours gagner des matchs à bas pointages, mais pour gagner, il faut que les joueurs du Canadien soient en mouvement étant donné que l'équipe est essentiellement composée de joueurs à petits gabarits.

D'ici la date des limites des transactions, il faudra voir si Pierre Gauthier va bouger pour combler l'aspect défensif de la perte de Markov. Dans le fond, un défenseur qui se hisserait parmi les trois premiers arrières du Canadien, aiderait pas mal parce qu'on ne peut pas demander à Roman Hamrlik de jouer 22 ou 23 minutes par partie. Même chose pour P.K. Subban, qui est en pleine progression et qui apporte beaucoup d'émotions en plus d'être spectaculaire, mais on lui en demande déjà beaucoup.

En attaque, j'aimerais que le Canadien mette la main sur un ailier qui allie robustesse et production. Je ne dis pas Jarome Iginla mais je dirais un joueur de son genre, qui jouera sur les deux premiers trios et qui va gagner les batailles à un contre un. Il y a en d'autres joueurs de cette trempe dans le circuit Bettman.

Le temps permet de confirmer que les absences de Markov et de Gorges font du Canadien, une équipe avec une défensive moyenne. Mais Montréal arrive quand même à gagner parce que le système de jeu fonctionne lorsque les attaquants effectuent un repli. Quand les attaquants s'impliquent dans leur territoire, c'est plus facile, mais nettement plus difficile quand l'adversaire décide d'appliquer un échec avant sur les défenseurs.

Il y a aussi les impondérables qui peuvent faire basculer une équipe, comme les blessures. Mais cet aspect peut affecter toutes les équipes.

Attaque ou pas, le Canadien peut rivaliser avec les autres formations. Exception faite de la dernière partie contre les Flyers de Philadelphie, le Canadien n'a pas été déclassé par l'adversaire cette saison. Si le Canadien veut gagner, il doit miser sur sa vitesse, sur son avantage numérique et sur sa discipline, mais il y a certains aspects de ce point qui doivent être améliorés. Ce sont des petites choses qui vont amener à des grandes choses. Quand le Tricolore transgresse ces petites choses, il devient vulnérable.

Si les séries commençaient demain ...

Sur papier, le Canadien n'a pas la meilleure formation de l'Est. Mais quand l'équipe joue à l'intérieur de ses moyens et à l'intérieur d'un système de jeu, qu'elle joue avec discipline et que le gardien est à la hauteur, elle peut faire un bout de chemin. Je ne dis pas que l'équipe est proche de gagner la coupe Stanley mais je pense que l'équipe peut être compétitive si tous les éléments mentionnés sont appliqués.

C'est évident que lorsque l'on compare le Canadien aux Flyers par exemple, on voit que plusieurs éléments de comparaison penchent du côté de Philadelphie. Montréal n'a pas ni la grosseur, ni la ligne de centre, ni la défensive des Flyers. Mais il reste que si le Tricolore avait marqué mardi en avantage numérique, qu'il avait été plus discipliné et plus en mouvement lors de ce match, peut-être que le pointage aurait été différent.

L'équipe devra corriger son problème de discipline parce qu'il n'est pas normal d'écoper d'autant de punitions de banc. Ça enlève des munitions à Jacques Martin, qui doit se fâcher et il doit dire que ça suffit. C'est une question de concentration sur le banc. Il faut que la communication s'améliore entre les joueurs qui changent pendant la partie. Il n'est pas normal qu'un gars d'expérience soit responsable d'un surnombre et il est anormal également qu'un joueur qui se dirige vers le banc change d'idée brusquement. Moi, je mets la responsabilité sur les joueurs au banc. Ce sont eux qui doivent surveiller les joueurs qui sortent de la patinoire. L'entraîneur doit maintenant frapper sur la table et dire à ses joueurs de se réveiller.

Martin doit convoquer une réunion d'équipe et pointer du doigt devant tout le monde, ceux qui sont responsables de la situation. L'entraîneur doit trouver le moyen d'imposer des sanctions si nécessaire, mais ce sont des athlètes et ils doivent être en mesure de comprendre.

*propos recueillis par Robert Latendresse