Comme la plupart d'entre vous, j'ai eu une petite frousse lorsque j'ai vu Max Pacioretty heurter le poteau et choir lourdement sur la patinoire à la suite de la mise en échec de Zdeno Chara. Surtout après être venu à la conclusion qu'il était inconscient sur la patinoire.

Dans le studio dans lequel je me trouvais, c'était la consternation. On ne feelait pas. C'est notre cœur de joueur qui saigne en premier. On est à l'envers et on ne veut pas voir un joueur dans cet état. Dans ce genre de situation, c'est la santé du genre qui nous préoccupe.

Lors de mon intervention entre la deuxième et la troisième période, nous voulions démontrer comment le CH était la meilleure équipe sur la patinoire. Évidemment, à la suite de cet événement, la partie était devenue secondaire.

Il faut être en mesure d'évaluer la situation sans être émotif, ce qui est difficile de faire à froid. J'étais content qu'on ait pu revenir sur cet incident à la fin de la présentation du match. Avec un peu de recul, après avoir vu la séquence quelques fois, nous avons tenté de porter des idées un peu plus justes, arrêtées et cohérentes.

Maintenant que je sais que Pacioretty a une vertèbre fracturée, je n'ai pas changé mon opinion.

J'en ai contre la situation - certains appellent ça le respect -, mais c'est plutôt la reconnaissance de la position des joueurs qui sont vulnérables. Tant que les joueurs ne feront pas une prise de position extrême, rien ne changera. Quant à la LNH, elle doit prendre les décisions qui seraient extrêmes dans le cas des suspensions. Par contre, elle ne veut pas froisser les propriétaires et les gouverneurs pour lesquels elle travaille. Si ce n'est pas la LNH qui met ses culottes, il faut que ce soit les joueurs.

Je suis d'avis que ce geste devait être condamné. Avant de connaître le verdict, il y avait des indications claires que la LNH ne punirait pas le geste sévèrement.

Si autant de joueurs se blessent (on pense à Crosby, Richards, Gaborik et maintenant Pacioretty) et qui sont à l'écart du jeu en raison de commotion cérébrale, ces derniers doivent rapidement prendre des décisions et une prise de conscience importante.

Selon moi, les joueurs doivent réagir et exiger un nouveau règlement. Qu'il y ait intention ou pas, c'est le seul moyen d'enrayer ce genre d'événements déplorables. C'est comme l'histoire du bâton élevé. Maintenant, aussitôt que le bâton est porté trop élevé, que ce soit intentionnel ou accidentel, il y a une sanction imposée.

Tant et aussi longtemps qu'on ne sera pas tranchant avec un joueur d'impact, ça n'arrivera pas. La LNH doit répondre. Ce sont les gouverneurs et les propriétaires qui paient de grosses sommes pour avoir Chara sur la patinoire, alors s'il n'y pas de conflit d'intérêts, il n'y en aura jamais.

Chara savait où se trouvait Pacioretty

Je suis bien d'accord que Zdeno Chara ne voulait pas casser le cou à Pacioretty ni à le sortir sur une civière. Mais en même temps, rien ne me laisserait croire qu'il ne savait pas que c'était Pacioretty et qu'il avait gagné sa position sur la glace. Il le savait très bien.

Aussi intelligent qu'il puisse être et surtout en raison de sa stature, il doit reconnaitre que son adversaire était dans une position vulnérable. J'espère que ne surviendront pas des événements plus graves que celui dont on a été témoin mardi.

Je n'irai pas jusqu'à dire que le geste était prémédité parce que cela voudrait dire que c'est ce que Chara voulait faire.

Je vais dire les choses telles qu'elles sont : il savait que c'était Pacioretty et il savait où il était sur la patinoire. De plus, le 67 du Canadien n'avait pas la rondelle.

À 4-0, avec 15 secondes à faire à la deuxième période, si Chara avait été battu par un autre joueur, je ne sais pas à quel point il aurait appliqué le même genre de mise en échec.

Bien entendu, les joueurs ne doivent pas se laisser emporter par les émotions après un tel geste. Ça fait partie des définitions de tâches d'un athlète professionnel. Il faut être capable de mettre des événements de ce genre de côté.

Je me rappelle de l'incident où la jeune Brittanie Cecil avait perdu la vie lors d'un match à Columbus après avoir reçu une rondelle dans la foule. On ne savait pas qu'elle était décédée au cours du match, mais étions au courant de la situation. J'ai vu Luke Richardson quitter après s'être fait fracturer la mâchoire. Quand ce genre d'événements survient, il faut être capable de retourner sur la patinoire. Je présume que les joueurs avaient reçu des nouvelles de Pacioretty à savoir qu'il était conscient et qu'il bougeait ses membres.

Avec une vertèbre cervicale fracturée, on est passé près d'un désastre, d'une catastrophe et d'une conséquence un peu plus grave. Les joueurs ont sans doute voulu poursuivre et remporter le match pour leur coéquipier.

En terminant, c'est avec plaisir que je vous invite à visiter le site Internet de ma fondation pour enfants au http://www.fondationmarcdenis.org.

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Propos recueillis par Luc Dansereau