Plusieurs seront portés à croire que cet énoncé ne correspond pas à la réalité. Pourtant, il est prouvé scientifiquement que l'utilisateur de la canne à moucher conservera la vie à la très grande majorité des poissons qu'il graciera.

De plus en plus, les pêcheurs sont sensibilisés à la conservation. Vous vous souvenez tous de ces périodes pas tellement lointaines où les pêcheurs s'évaluaient à la quantité de poissons qu'ils avaient capturés. Si une limite de prises existait, il leur fallait l'atteindre à tout prix, un peu comme ces autres pêcheurs, soit disant plus talentueux que leurs confrères, lorsqu'ils crient à qui veut les entendre :

« C'est moi qui ai pris le plus gros, regarde mon « portrait »! »

Ce que ce dernier pêcheur n'a pas dit, c'est le nombre de poissons qu'il a blessé et remis à l'eau pour concrétiser sa vantardise.

Puiser sans épuiser

De nos jours, nous réalisons que les pêcheurs ont compris le message transmis de part et d'autres. Ils réalisent que la conservation est impérative si nous désirons que la relève puisse apprécier les grandes joies de l'halieutique.

Depuis plus de 20 ans au Réseau des Sports, par les émissions auxquelles je participe hebdomadairement, nous avons transmis ce message : représenter « Jos-tout-l'Monde ».

Pour faire une émission, nous tournions une journée pour rapporter les mêmes images que vous auriez pu réaliser. Ce n'est pas toujours facile. Lors de nos excursions, la plupart du temps, nous conservions les poissons que nous désirions pour la table, les autres prises recouvraient leur liberté.

Au cours des ans, graduellement il me fut permis de constater que la plupart des pêcheurs rencontrés agissaient de la même façon.

Richmond Pelletier, du Club de Pêche Molson, doit se réjouir. Son slogan, « puiser sans épuiser », est maintenant compris de la plupart des pêcheurs.

Donc la graciation, ou remise à l'eau, est d'extrême importance. Régulièrement nos conseils vous sont transmis à ce sujet.

Remise à l'eau = mortalité

Nous entendons fréquemment certains pêcheurs dire « Pourquoi les remettre à l'eau, de toute façon ils vont mourir ! »

Ces prétentions sont complètement fausses et plusieurs études scientifiques dont j'ai pris connaissance révèlent le contraire. Voilà justement où le lancer à la mouche est synonyme de conservation.

Une étude publiée par « American Fisheries Society » est très précise à ce sujet. Il est assuré que le poisson, qui a avalé un méné ou un gros vers de terre, capturé avec un gros trépied, un devons aux multiples trépieds - ou cet autre poisson ferré dans le fond de la gorge, aux branchies, au palais ou laissant voir des filets de sang, deviendra tout simplement de la nourriture à goéland, si vous le remettez à l'eau.

L'étude Warner et Johnson sur les ouananiches

Ce travail intitulé « Mortalité de la ouananiche ferrée avec une mouche et un lombric, dans une rivière controlée » révèle ce qui suit.

Voici la traduction du texte :

« Afin d'évaluer la mortalité des ouananiches (salmo salar) capturées avec des mouches et des vers dans une rivière aménagée, cette étude fut réalisée dans un cours d'eau du lac Moosehead dans l'état du Maine. Cent soixante dix-sept ouananiches furent capturées au cours d'une période de trois ans. Vingt-deux pourcent de mortalité fut constaté après le ferrage. Tous les 74 poissons contrôlés furent capturés dans un genre de verveux, ils ont survécu.

De ceux-ci, la mortalité des poissons capturés avec des vers de terre fut de 37%, tandis que pour les poissons capturés à la mouche, seulement 4% succombèrent.

Pourquoi sont-ils morts ?

La responsabilité de ce niveau plus élevé de mortalité chez les poissons capturés avec des vers incombe aux endroits de l'anatomie des poissons où se logeait l'hameçon. Presque 37% des poissons capturés au ver avaient l'hameçon enfoncé dans l'œsophage, tandis que les poissons capturés à la mouche étaient ferrés à la mâchoire ou dans la bouche.

La mortalité chez les poissons qui saignaient étaient de 86%, tandis que chez ceux n'ayant point d'épanchements sanguin, seulement 15% perdaient la vie. Aucune différence ne fut constatée entre la taille des poissons.

Conclusion

La graciation des poissons est extrêmement importante pour assurer une pêche d'avenir. Quant à la technique de pêche, libre à vous de choisir. Toutefois, vous pouvez constater qu'en pêchant à la mouche, le poisson, qui reprend sa liberté après vous avoir permis de pratiquer un grand sport, pourra peut-être revenir pour faire le plaisir d'un de vos amis, ou peut-être votre fils. Donc VIVE LA PÊCHE À LA MOUCHE !

Toutefois, je vous admettrai que je ne suis pas un puriste, comme mon ami Bellemarre, des gars du Casting Club du Québec, ou plusieurs des membres des Moucheurs du Montréal Métropolitain. Si les poissons refusent mes mouches et que j'en désire un pour souper… c'est peut-être avec regret, mais je prends mon lancer léger.