Plusieurs pêcheurs, pour ne point écrire tous, se plaignent de la complexité des règlements. En voici deux bons exemples.

Le doré a mauvais goût

De tous nos poissons d'eau douce, le doré jaune possède une chair incomparable. Blanche ferme et appétissante, notre groupe de pêcheurs avait la chance de s'en régaler, lors d'une excursion, où Michel Morin avait décidé de nous faire un « shore lunch », ou si vous préférez un dîner sur la berge. Nous venions de réaliser une belle pêche au réservoir Cabonga.

Ayant fileté les poissons, d'une main de maître, Michel en déposa les filets dans la poêle, ou l'huile bouillante dévorait le beurre, qu'il y avait d'ajoutée. Par la suite, ce furent les filets de doré qui se firent sautiller dans le liquide bouillant. Tous assis sur des pierres autour d'un foyer, qui crépitait encore pour nous permettre d'obtenir une seconde portion. Nous savourions, dégustions, nous nous délections de si tendre chair.
C'est comme ça la chair du doré! Rien de meilleur!

C'est bon du doré, mais…

Je n'ai point l'intention de vous faire part de poissons contaminés par le mercure ou les PCB — des dorés de La Vérendrye, il n'en est point question. Pas plus d'ailleurs, que de la saveur de ce poisson, lorsqu'il n'a pas subit les effets d'un règlement, dont la responsabilité incombe aux personnes qui en sont les « créateurs », ou si vous préférez de grands « penseurs ».

Voici que je m'explique : dans plusieurs zones de pêche, nous sommes obligés de transporter nos dorés avec la peau.

La « loi c'est la loi » comme l'aurait dit Séraphin. Le règlement est très précis à ce sujet, pour le transport : « la peau doit adhérer au filet, sur toute sa longueur. »

En guise de résultat, arrivé à la maison, vous congelez le poisson. Après quelques temps, vous le décongelez, vous enlevez la peau et le faites cuire.

Vos convives vous diront : « Ton doré n'est pas aussi bon, que la dernière fois! »

La raison en est simple; le limon de la peau du poisson, a transmis son mauvais goût, à la chair durant la période de congélation.

Retour à la « p'tite peau », pourquoi pas?

Il fut un temps, où nous devions tout simplement laisser un petit morceau de peau au filet afin de permettre l'identification du poisson. N'était-ce point suffisant? Même après la congélation, le doré demeurait toujours savoureux… quelqu'un de Québec en a décidé autrement — c'est vrai, j'oubliais, il n'y a pas de doré à Québec, mais beaucoup de fonctionnaires dans les bureaux.

Il me faut conclure en vous mentionnant que j'étais à la pêche en compagnie de deux des journalistes des plus chevronnés en halieutique, deux des meilleurs guides de cette région, et d'un personnage huppé des hautes Laurentides, donc autant de pêcheurs pour qui la pêche n'avait aucun secret. Ils étaient tous d'accord relativement à ce sujet dont je viens de vous faire part aujourd'hui.

Résultat persuasif

J'ai fait une expérience par la suite, que je n'avais jamais réalisée. Je décongelai mes poissons, je leur enlevai la peau, les ayant préalablement déposés sur une surface blanche. Je constatai, qu'à l'endroit où j'avais dépouillé le filet, c'est-à-dire où j'en avais enlevé la peau, la surface de la planche était couverte de limon brunâtre ou verdâtre, visqueux et ayant fort mauvais goût (je lui ai goûté). Rien d'encourageant pour rehausser la gastronomie québécoise. Certains membres du groupe m'ont même dit : « Chez plusieurs pêcheurs, après avoir été congelés avec sa peau, les filets du doré se retrouvent très souvent à la poubelle! »

Perchaude et doré : pas la même mesure

J'ai déjà rédigé des textes sur le sujet, mais j'aime y revenir.
Le doré et la perchaude sont deux percidés, de forme générale, ils se ressemblent.

Nous avons des règlements quant à la longueur des poissons que nous pouvons conserver. Dans le cas de ces deux poissons, l'un ne se mesure pas comme l'autre : le doré se mesure, de l'extrémité de la gueule, jusqu'à l'intérieur du « V » de la queue - tandis que chez la perchaude, pour respecter la loi, il faut la mesurer du bout du museau, ou si vous préférez du bout de la gueule, jusqu'à la dernière extrémité de la queue.