L'hiver qui se poursuit avec ses soubresauts, ses tempêtes successives, ses grands vents, ses chutes de neige, ses poudreries et ses pluies diluviennes occasionnelles sont loin d'être en accord avec le bien aise de certains de nos gibiers.

Voilà certainement des températures qui affectèrent la majorité d'entre nous. Si les humains eurent à souffrir de ces caprices climatologiques, il n'en fut guère mieux pour la faune.

Nos perdrix

Ces magnifiques oiseaux, identifiés à tort comme «perdrix»,sont nos gélinottes huppées, l'oiseau populaire auprès des chasseurs de petit gibier. La question se pose, comment auront-elles réussi à traverser ces caprices de la température ?

Possédant la singulière habitude de s'élever en hauteur, pour par la suite plonger et s'enfouir sous la neige pour passer la nuit. Elles y demeurent protégées des prédateurs et grâce à leur plumage et son duvet, elles peuvent passer des nuits bien au chaud et en toute sécurité.

Tout va très bien, sauf si nous avons une pluie nocturne, ce qui se produisait en maintes occasions. La pluie forme une croûte de glace meurtrière en surface de la neige. Au moment du réveil, lorsque le soleil paraît au-dessus de la cime des arbres, la perdrix demeure prisonnière sous la neige - elle ne peut briser la couche de glace formée au-dessus de son gîte nocturne. Fréquemment elle y meurt emprisonnée.

Pour les canards, ce n'est guère mieux

Comme je demeure sur une île, baignant dans les eaux d'un secteur où la chasse est interdite, les canards y sont innombrables. Toutefois à l'arrivée de l'hiver plusieurs d'entre eux préfèrent demeurer sur la glace, parsemée d'étangs libres ici et là. Ils sont devenus de «drôles» de migrateurs, préférant se métamorphoser en sédentaires. Que mangent-ils ces oiseaux? Je les vois becquetant des bribes de végétation dérivant en surface de l'eau, mais aussi le pain et le maïs que leur apportent des âmes charitables. Toutefois ces bons samaritains ne s'y rendent pas à tous les jours. Il y a aussi maître renard, qui fait régulièrement sa ronde, profitant de la nuit pour s'approcher facilement de ceux qui dorment sur la glace. Il est très simple d'imaginer ce qui se passa au cours de la nuit - la surface de la glace près de la berge est maculée de sang.

Le chevreuil, pire victime de notre hiver

Notre chevreuil ou cerf de Virginie n'est pas encore adapté physiquement à la saison hivernale, il lui faudra des siècles d'évolution, pour atteindre le niveau du caribou ou de l'orignal.

Le premier possède de larges sabots, de véritables raquettes, qui lui permettent de se déplacer avec aisance sur la neige, sans s'y enfoncer comme le chevreuil aux pattes fines et sabots pointus. L'orignal est cet autre cervidé, dont les longues pattes sont de véritables échasses il a beaucoup plus de facilités à s'en tirer.

Le chevreuil lui, a beaucoup de difficultés à trouver sa nourriture lors de précipitations de neige et d'accumulations, comme ce fut le cas au cours de l'hiver que nous traversons actuellement. Fort heureusement, il tire à sa fin, mais les problèmes sont loin d'être terminés, puisqu'il y a aussi la prédation, qui s'intensifie lors du mois de mars. Loups et coyotes peuvent s'en donner à cœur joie, nous avons fréquemment des pluies suivies de gels nocturnes, qui forment la croûte de surface. Les chevreuils s'enfoncent et les canidés, dont les pattes sont mieux adaptées peuvent les tuer facilement. Ces proies faciles se coupent très souvent les pattes. Les pauvres chevreuils aux sabots aigus défoncent la croûte et s'enfoncent dans la neige. Ils deviennent ainsi des proies faciles. De plus, le sang maculant la neige, à la suite des blessures aux pattes, excite encore plus les canidés prédateurs.

Accentuez le piégeage

Il y eut des périodes où le ministère responsable de la faune réagissait lors de tels hivers. Je me souviens des succès obtenus par les trappeurs Matte et Charbonneau dans les Laurentides. J'apprenais d'un de mes amis vivant à proximité d'un ravage de chevreuils de la région de Tremblant, qu'il y avait une vingtaine de chevreuils morts dans son ravage.

Dans le secteur Rimouski et du Bas fleuve, même au cours de l'hiver, on me demandait d'inviter les trappeurs à s'en prendre aux coyotes. Ceci signifiant qu'il y a un mois, la situation inquiétait certains observateurs de cette région. Il est assuré qu'Ernie Wells aura les informations, que je désire et dont je vous ferai part sous peu.

Conclusion quelque peu encourageante

Toutefois, je serais porté à croire que la situation n'est pas encore critique, au moment de rédiger ces lignes. Mais il faudra surveiller de très près ce qui se produira au cours de mars. Les expériences des années passées sont là pour nous confirmer que c'est la période la plus critique. C'est au cours de ce mois que la pratique du nourrissage donne cours avec beaucoup plus d'intensité. Dans la région de Rimouski, on me disait que la situation d'urgence n'était pas encore mise en branle.

Voilà certainement une nouvelle, un tant soit peu…encourageante !