Depuis le début de ma carrière, je n'avais jamais eu connaissance que nos chevreuils traversaient des périodes aussi critiques que celle que nous avons vécue dès le début de l'hiver, qui a persisté dans ses tempêtes.

Vous vous souvenez sans aucun doute que dans un de mes commentaires du 30 décembre dernier, il était déjà question de la région de Mont-Tremblant, où l'hiver n'avait pas été aussi précoce depuis plus de six décennies. Nous devions nous attendre au pire. À cette période aussi hâtive, les chevreuils commençaient déjà à avoir de la difficulté à se trouver de la nourriture. Notre chroniqueur Stéphane Monette devait commencer à leur assurer la subsistance, il y en avait plus d'une trentaine qui attendaient le fourrage et la moulée. Je me rendais d'ailleurs visiter quelques endroits des Laurentides, où je pouvais constater toutes les difficultés qu'éprouvaient nos cerfs.

Dans peu de temps, même si plusieurs l'ont déjà fait visuellement, nous pourrons constater que cette partie de notre cheptel sauvage aura diminué de façon vraiment inquiétante, tout comme ce fut le cas au cours des années 1970, alors que ces cerfs étaient pratiquement disparus de certaines régions.

Pour assister au retour d'une population intéressante, le ministre de l'époque avait fait imposer la loi du mâle de façon très sévère, ainsi qu'un contrôle efficace des prédateurs. En guise de résultat, la population de chevreuils augmentait selon une progression géométrique. Au point qu'à la suite de ces mesures, nous avions trop de chevreuils au Québec. Souvenez-vous des pomiculteurs et de leurs problèmes…

Je crois qu'il serait souhaitable que notre ministre actuel fasse comme ce prédécesseur, en l'occurrence Claude Simard, qui faisait imposer la loi du mâle et le contrôle efficace des prédateurs que sont les loups et coyotes, sans oublier les chiens errants.

Cette recommandation avait été faite par le Dr. Bruce Stefenson, spécialiste ontarien du cerf de Virginie, qui avait été embauché temporairement par le gouvernement - j'avais même eu l'occasion de l'accompagner dans les ravages.
Vous avez tous pu constater que les résultats obtenus par ce scientifique, malgré les oppositions de certains des fonctionnaires de l'époque, furent des plus profitables pour le cheptel.

SITUATION DÉPLORABLE QUI S'AMÉLIORERA

Selon mes amis, dont Ernie Wells, journaliste spécialisé de Rimouski, les cerfs de cette partie de la province ont traversé le pire hiver des trois dernières décennies. Je me permettrai d'ajouter que ce fut la même chose ailleurs, en ce qui concerne ces cervidés. Dans le secteur dont parle Ernie, les bêtes ont consommé 167 tonnes de moulée.

Voici d'ailleurs les informations reçues de la région.

"Les chevreuils ont traversé le pire hiver des 30 dernières années. On ignore actuellement quel a pu être le taux de mortalité. Nous serons fixés à la suite de la prochaine saison de chasse sportive du mâle avec arme à feu. Le seul changement prévu est qu'il n'y aura pas de chasse du cerf sans bois. Il n'y aura donc pas de tirage au sort de permis spéciaux, afin de protéger les biches reproductrices et les faons."

C'était ce que désirait le biologiste Jean Lamoureux.

Comme le cerf de Virginie se reproduit très rapidement, surtout que la biche, à sa deuxième année, peut mettre bas d'un couple de faons - avec la suggestion du biologiste Lamoureux, nous pourrons probablement en arriver aux mêmes résultats que nous permettait d'obtenir l'étude du biologiste Bruce Stefenson. Les succès obtenus furent évidents.

Toutefois, les chasseurs devront se serrer la ceinture pour quelques années. Graduellement, cette partie de notre cheptel sauvage se rétablira.