M. Grandmont s'accroche à ses rêves
AMM mardi, 4 oct. 2011. 11:26 jeudi, 12 déc. 2024. 07:47
MONTRÉAL - Martin Grandmont peut facilement revenir en arrière et mettre le doigt sur le moment précis où son cœur s'est brisé, où son rêve s'est envolé.
Sam Stout était champion de la division des poids légers de l'organisation TKO depuis deux ans lorsqu'il s'est pointé au Centre Bell en septembre 2007 pour défendre son titre face à un solide cogneur de Drummondville, reconnu pour son style électrisant.
Alors âgé de 25 ans, Grandmont voyait son duel contre le populaire Stout, une étoile montante qui comptait déjà trois combats d'expérience au UFC, comme une porte d'entrée parfaite vers les grandes ligues. Une porte dont il n'avait d'ailleurs pas tardé à franchir l'embrasure.
Il n'y avait pas 20 secondes d'écoulées dans le combat que l'aspirant ouvrait le visage du champion avec une bonne droite. Préconisant un style peu orthodoxe et avantagé par sa longue portée, Grandmont avait ouvert la machine et continué de toucher la cible avec régularité. Stout, qui avait mérité le sobriquet "Hands of Stone" pour la solidité de ses poings, était en train de perdre à son propre jeu.
Jusqu'à ce que...
"Mon plus grand succès se trouve dans le fond à être ma plus grande défaite, reconnaît aujourd'hui Grandmont. Tout était un peu comme un rêve ce soir-là et tout est tombé sans même que je m'en rende compte."
À la fin de la troisième minute, celui qu'on surnommait The Hammer se préparait à lancer une gauche quand il a été accueilli par une violente droite de Stout qui l'a atteint directement au menton. Soudainement, les projecteurs sous lesquels il voulait tant briller le fixaient droit dans les yeux. Couché sur le dos, le regard au plafond, Martin Grandmont voyait ses aspirations partir en fumée.
"Je vis là-dedans depuis cinq ans. J'ai une carrière de presque vingt combats pros, mais les gens ne me parlent que de celui-là", dit-il en échappant un petit rire de résignation.
Stout, qui, après le combat, avait déclaré n'avoir "jamais frappé quelqu'un aussi fort de toute ma vie", ne s'est plus jamais battu sur les circuits locaux. Cette défense de son titre lui a permis d'embrasser une carrière internationale que Grandmont a dû se contenter de suivre comme simple spectateur.
"Quand tu pousses fort pour obtenir un résultat que tu ne réussis pas à atteindre, c'est difficile par la suite de trouver la volonté pour en refaire autant", admet Grandmont, qui a maintenu une fiche de 6-1, mais dans des galas de moindre envergure, depuis le plus douloureux de ses cinq échecs en carrière.
Une nouvelle lucidité
Grandmont s'est tenu loin de la compétition au cours des 14 derniers mois. Pendant sa longue période d'inactivité, l'athlète de 29 ans est retourné à l'école. Il a obtenu les accréditations requises pour s'inscrire dans un cours qui lui permettra de devenir tailleur de pierre. Il aimerait aussi travailler dans la restauration d'anciens bâtiments, un métier qui pourrait l'amener à voyager en Europe. À plus long terme, il souhaite même devenir architecte.
"C'est beau rêver, mais les MMA, et le sport en général, c'est quelque chose qui peut briser bien des rêves, a-t-il appris. Tu dois être lucide et avoir autre chose, sinon ça peut être décevant."
Mais il sent aussi qu'il a encore des choses à accomplir dans un sport qui a jadis été toute sa vie. Et quand Stéphane Patry, le grand manitou de la désormais défunte TKO, l'a contacté pour faire partie des débuts de son nouveau projet, Instinct MMA, il a accepté les conditions qui lui étaient proposées. Vendredi, à Boisbriand, il effectuera un retour dans l'octogone contre William Sriyapai, un Californien de 39 ans qui affiche un dossier de 12-5.
"La motivation, qui manquait pas mal vers la fin, est revenue. Mais dans le fond, j'aimerais encore ça participer à un événement du UFC. Au moins un, juste pour dire... Ça serait l'aboutissement de ma carrière."
Grandmont, qui est notamment passé à un cheveu de se battre dans la cage du Bellator au cours de la dernière année, ne croit pas rêver en couleurs. Ses arguments? Il est encore dans la fleur de l'âge, a déjà rivalisé avec quelques combattants qui ont goûté aux grandes ligues, montre une fiche intéressante (11-5) et, surtout, possède un style qui plairait à n'importe quel employeur.
"Le spectacle, ça compte pour quelque chose. Certains gars ont beau avoir une belle fiche, mais si leurs combats sont ennuyants... Moi, je pense toujours au spectacle, à ceux qui paient pour venir nous voir", précise celui qui a signé huit de ses onze victoires par K.-O.
Et si jamais il n'atteint pas son but, Martin Grandmont peut au moins se dire qu'il est maintenant capable de regarder vers l'avant sans se demander où il pourrait bien être s'il avait connu un sort différent, un soir de septembre au Centre Bell.
"Je regarde l'argent qu'a touché Sam Stout et c'est vrai que ma carrière aurait pu évoluer pour le mieux. Mais qui sait, peut-être que ça n'aurait pas été le cas. Je me serais peut-être enflé la tête avec le succès. Peut-être que tout ça n'aurait pas duré. Peu importe. Je ne peux pas baser ma vie sur ce qu'elle aurait pu être. Je veux plutôt la baser sur ce qu'elle est et ce qu'elle pourrait devenir."
"Je ne sais pas où ça me mènera, mais ça ne m'inquiète pas. J'ai tendance, des fois, à prendre le chemin le plus long..."
Amateurs d'arts martiaux mixtes, vous pouvez consulter mon blogue et me suivre sur Twitter.
Sam Stout était champion de la division des poids légers de l'organisation TKO depuis deux ans lorsqu'il s'est pointé au Centre Bell en septembre 2007 pour défendre son titre face à un solide cogneur de Drummondville, reconnu pour son style électrisant.
Alors âgé de 25 ans, Grandmont voyait son duel contre le populaire Stout, une étoile montante qui comptait déjà trois combats d'expérience au UFC, comme une porte d'entrée parfaite vers les grandes ligues. Une porte dont il n'avait d'ailleurs pas tardé à franchir l'embrasure.
Il n'y avait pas 20 secondes d'écoulées dans le combat que l'aspirant ouvrait le visage du champion avec une bonne droite. Préconisant un style peu orthodoxe et avantagé par sa longue portée, Grandmont avait ouvert la machine et continué de toucher la cible avec régularité. Stout, qui avait mérité le sobriquet "Hands of Stone" pour la solidité de ses poings, était en train de perdre à son propre jeu.
Jusqu'à ce que...
"Mon plus grand succès se trouve dans le fond à être ma plus grande défaite, reconnaît aujourd'hui Grandmont. Tout était un peu comme un rêve ce soir-là et tout est tombé sans même que je m'en rende compte."
À la fin de la troisième minute, celui qu'on surnommait The Hammer se préparait à lancer une gauche quand il a été accueilli par une violente droite de Stout qui l'a atteint directement au menton. Soudainement, les projecteurs sous lesquels il voulait tant briller le fixaient droit dans les yeux. Couché sur le dos, le regard au plafond, Martin Grandmont voyait ses aspirations partir en fumée.
"Je vis là-dedans depuis cinq ans. J'ai une carrière de presque vingt combats pros, mais les gens ne me parlent que de celui-là", dit-il en échappant un petit rire de résignation.
Stout, qui, après le combat, avait déclaré n'avoir "jamais frappé quelqu'un aussi fort de toute ma vie", ne s'est plus jamais battu sur les circuits locaux. Cette défense de son titre lui a permis d'embrasser une carrière internationale que Grandmont a dû se contenter de suivre comme simple spectateur.
"Quand tu pousses fort pour obtenir un résultat que tu ne réussis pas à atteindre, c'est difficile par la suite de trouver la volonté pour en refaire autant", admet Grandmont, qui a maintenu une fiche de 6-1, mais dans des galas de moindre envergure, depuis le plus douloureux de ses cinq échecs en carrière.
Une nouvelle lucidité
Grandmont s'est tenu loin de la compétition au cours des 14 derniers mois. Pendant sa longue période d'inactivité, l'athlète de 29 ans est retourné à l'école. Il a obtenu les accréditations requises pour s'inscrire dans un cours qui lui permettra de devenir tailleur de pierre. Il aimerait aussi travailler dans la restauration d'anciens bâtiments, un métier qui pourrait l'amener à voyager en Europe. À plus long terme, il souhaite même devenir architecte.
"C'est beau rêver, mais les MMA, et le sport en général, c'est quelque chose qui peut briser bien des rêves, a-t-il appris. Tu dois être lucide et avoir autre chose, sinon ça peut être décevant."
Mais il sent aussi qu'il a encore des choses à accomplir dans un sport qui a jadis été toute sa vie. Et quand Stéphane Patry, le grand manitou de la désormais défunte TKO, l'a contacté pour faire partie des débuts de son nouveau projet, Instinct MMA, il a accepté les conditions qui lui étaient proposées. Vendredi, à Boisbriand, il effectuera un retour dans l'octogone contre William Sriyapai, un Californien de 39 ans qui affiche un dossier de 12-5.
"La motivation, qui manquait pas mal vers la fin, est revenue. Mais dans le fond, j'aimerais encore ça participer à un événement du UFC. Au moins un, juste pour dire... Ça serait l'aboutissement de ma carrière."
Grandmont, qui est notamment passé à un cheveu de se battre dans la cage du Bellator au cours de la dernière année, ne croit pas rêver en couleurs. Ses arguments? Il est encore dans la fleur de l'âge, a déjà rivalisé avec quelques combattants qui ont goûté aux grandes ligues, montre une fiche intéressante (11-5) et, surtout, possède un style qui plairait à n'importe quel employeur.
"Le spectacle, ça compte pour quelque chose. Certains gars ont beau avoir une belle fiche, mais si leurs combats sont ennuyants... Moi, je pense toujours au spectacle, à ceux qui paient pour venir nous voir", précise celui qui a signé huit de ses onze victoires par K.-O.
Et si jamais il n'atteint pas son but, Martin Grandmont peut au moins se dire qu'il est maintenant capable de regarder vers l'avant sans se demander où il pourrait bien être s'il avait connu un sort différent, un soir de septembre au Centre Bell.
"Je regarde l'argent qu'a touché Sam Stout et c'est vrai que ma carrière aurait pu évoluer pour le mieux. Mais qui sait, peut-être que ça n'aurait pas été le cas. Je me serais peut-être enflé la tête avec le succès. Peut-être que tout ça n'aurait pas duré. Peu importe. Je ne peux pas baser ma vie sur ce qu'elle aurait pu être. Je veux plutôt la baser sur ce qu'elle est et ce qu'elle pourrait devenir."
"Je ne sais pas où ça me mènera, mais ça ne m'inquiète pas. J'ai tendance, des fois, à prendre le chemin le plus long..."
Amateurs d'arts martiaux mixtes, vous pouvez consulter mon blogue et me suivre sur Twitter.