MONTRÉAL - La routine sera la même. Pendant qu'on le présentera à la foule et que l'arbitre se préparera à l'inviter au centre de l'octogone, John Makdessi fixera son adversaire de l'autre côté de la cage, un dernier signe de reconnaissance avant de s'engager dans une bataille qui ne peut faire qu'un seul vainqueur.

C'est toutefois avec une mentalité modifiée que Makdessi confrontera Anthony Njokuani samedi soir prochain au UFC 145.

Le combattant montréalais a eu sa leçon. À son dernier combat, au mois de décembre à Toronto, l'élève de Team Zahabi, l'esprit occupé par un paquet de distractions, a répondu au son de la cloche sans se méfier et s'est fait accueillir par un adversaire qui ne se souciait pas du décorum. Au moment où la plupart des combattants se rejoignent normalement pour un dernier contact amical avant de passer aux choses sérieuses, Dennis Hallman est rentré comme un train pour profiter de l'effet de surprise.

"Je suis le genre de gars qui aime prendre son temps et trouver ses repères dans l'octogone. Mais Hallman m'a littéralement foncé dessus et je ne m'attendais pas vraiment à ça. C'était la première fois que ça m'arrivait", a raconté l'athlète de 26 ans en entrevue à RDS.

Makdessi avoue aujourd'hui qu'il n'était pas prêt mentalement pour son troisième combat au UFC. Déjà qu'un camp d'entraînement un peu chaotique et une blessure à l'abdomen ne l'avaient pas laissé dans les meilleures dispositions, son adversaire avait été incapable de réussir la transition à la division des légers, dépassant la limite de poids permise par trois livres et demie.

Le combat n'était donc même pas commencé que Hallman avait déjà gagné l'importante bataille psychologique.

"Quand je suis entré dans l'octogone et que j'ai regardé en face de moi, j'étais sous le choc. Mon adversaire n'avait pas du tout l'air d'un gars à 155 livres, se souvient Makdessi. Un mi-moyen aurait paru petit à ses côtés. Disons ça comme ça : je m'entraîne avec Georges St-Pierre et il n'est pas plus gros que Dennis Hallman."

En moins de 40 secondes, le cogneur d'élite qu'est Makdessi, un ancien kickboxeur, s'est retrouvé sur le dos, une position qu'il n'avait jamais connue auparavant dans sa jeune carrière. Enterré sous le poids du vétéran Américain, ce ne fut qu'une question de temps avant qu'il ne soit la victime de sa 40e victoire par soumission.

"Ma performance n'a rien à voir avec la qualité de mon jeu au sol. C'est très simple : il était plus gros, par près de 40 livres, et il m'a foncé dessus. Pas besoin d'un talent spécial pour faire ce qu'il a fait", conclut-il sèchement.

"Je ne me ferai plus prendre"

C'est donc avec un peu plus d'expérience et un peu moins de naïveté que Makdessi arrivera à Atlanta avec comme objectif de décrocher sa dixième victoire en onze combats.

"J'ai appris à ne pas prendre pour acquis que mon adversaire préconisera la même approche que moi et à partir de maintenant, je m'attendrai toujours au pire. Si Njokuani veut qu'on touche nos gants, il devra prendre l'initiative et le démontrer clairement, ça c'est sûr. Moi, je ne me ferai plus prendre."

Le protocole d'avant-combat devrait toutefois être le dernier des soucis de Makdessi. Âgé de 32 ans, Njokuani (14-6, 1 NC) est un artiste de la boxe thaïlandaise beaucoup plus dangereux que sa récente fiche - quatre revers à ses six dernières sorties - ne l'indique.

Vétéran de sept combats au WEC, le Nigérian d'origine a fait une entrée remarquée au UFC en s'inclinant devant Edson Barbosa dans ce qui fut déclaré le duel de la soirée. Il a ensuite, avec la même recette, fait la vie dure au Britannique Andre Winner avant de s'avouer vaincu face à Danny Castillo en décembre.

Makdessi et Njokuani se présenteront donc tous les deux au UFC 145 avec l'intention de se remettre d'une défaite qui leur fut infligée par un lutteur. Et même s'ils se disent prêts à toute éventualité, ils espèrent probablement avoir l'occasion de le faire en mettant leurs principaux attributs en valeur.

"Il est un bon striker, mais il m'apparaît très passif, analyse celui qu'on surnomme The Bull. Il aime patienter et contre-attaquer. De mon côté, je crois compter sur un arsenal plus diversifié. Il est un gars de muay thaï tandis que moi, je peux incorporer mon taekwondo, mon kickboxing, mon karaté et mon muay thaï ensemble. Je peux alterner de style d'une seconde à l'autre et je suis convaincu que je suis plus rapide que lui."

Un féroce compétiteur qui a maintenu une fiche parfaite en 22 combats de kickboxing avant de passer aux arts martiaux mixtes, Makdessi est passé à travers la rare déception de la défaite en s'entourant des personnes qui lui sont chères, une compagnie qui lui a permis de retomber rapidement sur ses pattes. Maintenant, le temps est venu pour lui de prouver que son dernier résultat n'était qu'une erreur de parcours.

"Personne n'est parfait, je suppose, et je l'ai appris à la dure. Mais tout ça est déjà oublié. J'ai sorti cette contre-performance de mon système et je n'en peux plus d'attendre avant de remonter dans l'octogone."

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