UFC: Bocek suit la bonne vieille recette
AMM mercredi, 14 nov. 2012. 03:04 samedi, 14 déc. 2024. 06:03
MONTRÉAL - Les vies personnelle et professionnelle de Mark Bocek se rencontrent dans un ironique paradoxe.
Si vous entrez et le surprenez pendant une pause, vous le méprendrez peut-être avec le jeune employé qui prépare une brassée de foncé ou celui qui vend des produits naturels au comptoir à l'entrée. Parmi tous les athlètes de haut niveau qui se déplacent à Montréal curieux de constater de visu ce qui fait la réputation du Tristar Gym, Bocek, malgré qu'il aurait bien un truc ou deux à leur apprendre, passe généralement inaperçu.
Et vous savez quoi? C'est bien parfait pour lui.
« Dans un monde idéal, personne ne me connaîtrait, personne ne saurait ce que je fais. Je n'aurais aucun problème à vivre avec ça », annonce-t-il tout bonnement au terme d'un entraînement de jiu-jitsu.
Le gymnase est bondé de monde, des représentants des médias venus sur invitation pour espionner le camp d'entraînement des combattants du UFC qui seront en action deux semaines plus tard. On s'arrache évidemment Georges St-Pierre. Patrick Côté reçoit sa part de visites. Francis Carmont est un visage de plus en plus connu et doit lui aussi se plier à quelques entrevues, tout comme Ivan Menjivar et John Makdessi.
Adossé sur un mur, Bocek fait face à tout ce cirque. Son champ de vision est obstrué de temps en temps par un caméraman qui court entre deux assignations. S'il avait une montre au poignet, on s'arrêterait peut-être au moins pour lui demander l'heure, mais il n'en porte pas. L'anonymat presque total. Parlez-en en bien, parlez-en en mal ou n'en parlez pas du tout, c'est à peu près le dernier de ses soucis.
Pourtant, sa feuille de route n'a rien à envier à celle de ses confrères plus populaires. Il compte onze combats d'expérience au UFC et n'en a perdu que quatre. À sa fiche, une défaite contre l'ancien champion Frankie Edgar, une contre l'actuel détenteur de la couronne, Benson Henderson, et une autre plutôt controversée contre Jim Miller, qui a longtemps été considéré comme l'aspirant le plus sérieux au titre dans sa division.
Et surtout, on s'attendrait à un peu plus d'indignation de sa part. Voilà un homme qui tente de gagner sa vie dans un domaine où le chèque de paie est presque toujours directement proportionnel à la cote de popularité. Mais dans un monde où certains sont prêts à mettre leur santé en jeu pour un bonus ou à vendre leur mère pour un commanditaire, où d'autres ont fait la preuve qu'il était possible de progresser simplement en se faisant entendre par le plus large auditoire possible, Bocek continue de poursuivre ses aspirations en se basant sur la recette originale : gagner.
Traitez-le de naïf si vous voulez, vous vous doutez un peu de sa réponse.
« Les gens ne veulent pas voir des spécialistes du corps à corps, ils veulent voir deux gars se lancer des coups de poings les yeux fermés. Mais si je fais ça, je diminue automatiquement mes chances de victoire. Quand j'amène un gars au sol, je sais que je ne me ferai pas passer le K.-O., alors je place les probabilités en ma faveur. Mon but est de me battre avec stratégie et intelligence. »
Il faut le dire, le plan fonctionne plutôt bien. S'il défait Rafael Dos Anjos samedi au UFC 154, Bocek aura trois victoires pour chacune de ses défaites en arts martiaux mixtes. Mais la reconnaissance qu'il reçoit de ses patrons ne suit pas la même courbe. Son dernier combat, fait-il remarquer, faisait partie de le carte principale du gala. Pour un combattant, cette distinction signifie davantage de visibilité, donc plus de facilité à trouver des appuis financiers, et assure un revenu supplémentaire correspondant à un pourcentage des revenus provenant des ventes à la télévision payante.
Bocek a gagné ce soir-là. Comme récompense, on a placé son combat suivant en plein milieu d'un horaire qui en comprend douze. À ses yeux, on l'a fait glisser sur une échelle pendant qu'on permet à d'autres de grimper sur le dos d'un serpent.
« C'est un peu frustrant, mais on s'habitue, dit-il sur un ton plutôt indifférent. Je sais que ça a aussi à voir avec qui vend le plus de billets et qui offre les combats les plus spectaculaires. C'est une business et je la comprends très bien. »
Dos Anjos est plus expérimenté, mais son parcours n'est pas bien différent du sien. Il a gagné trois de ses cinq derniers combats, dont les deux plus récents, et l'art de la soumission représente son pain et son beurre.
« Mes adversaires ne sont jamais des proies faciles, mais j'aime bien cet affrontement. C'est un test difficile et je crois que le gagnant méritera sa place dans le top 10 de la division, entrevoit le rouquin ontarien. Sur papier, le duel semble assez égal, mais je crois détenir un avantage au niveau de la lutte et du jiu-jitsu. »
Bocek constate qu'il a fait des pas de géant dans plusieurs facettes de son jeu depuis qu'il s'entraîne à Montréal. Son ground and pound, son debout et son cardio sont autant d'aspects qui ont bénéficié de son arrivée au Tristar, mais une carence flagrante est toujours observable.
« Je sais que c'est important de savoir se vendre. J'essaie de travailler un peu là-dessus, mais le plus important pour moi demeure de gagner. »
Si vous entrez et le surprenez pendant une pause, vous le méprendrez peut-être avec le jeune employé qui prépare une brassée de foncé ou celui qui vend des produits naturels au comptoir à l'entrée. Parmi tous les athlètes de haut niveau qui se déplacent à Montréal curieux de constater de visu ce qui fait la réputation du Tristar Gym, Bocek, malgré qu'il aurait bien un truc ou deux à leur apprendre, passe généralement inaperçu.
Et vous savez quoi? C'est bien parfait pour lui.
« Dans un monde idéal, personne ne me connaîtrait, personne ne saurait ce que je fais. Je n'aurais aucun problème à vivre avec ça », annonce-t-il tout bonnement au terme d'un entraînement de jiu-jitsu.
Le gymnase est bondé de monde, des représentants des médias venus sur invitation pour espionner le camp d'entraînement des combattants du UFC qui seront en action deux semaines plus tard. On s'arrache évidemment Georges St-Pierre. Patrick Côté reçoit sa part de visites. Francis Carmont est un visage de plus en plus connu et doit lui aussi se plier à quelques entrevues, tout comme Ivan Menjivar et John Makdessi.
Adossé sur un mur, Bocek fait face à tout ce cirque. Son champ de vision est obstrué de temps en temps par un caméraman qui court entre deux assignations. S'il avait une montre au poignet, on s'arrêterait peut-être au moins pour lui demander l'heure, mais il n'en porte pas. L'anonymat presque total. Parlez-en en bien, parlez-en en mal ou n'en parlez pas du tout, c'est à peu près le dernier de ses soucis.
Pourtant, sa feuille de route n'a rien à envier à celle de ses confrères plus populaires. Il compte onze combats d'expérience au UFC et n'en a perdu que quatre. À sa fiche, une défaite contre l'ancien champion Frankie Edgar, une contre l'actuel détenteur de la couronne, Benson Henderson, et une autre plutôt controversée contre Jim Miller, qui a longtemps été considéré comme l'aspirant le plus sérieux au titre dans sa division.
Et surtout, on s'attendrait à un peu plus d'indignation de sa part. Voilà un homme qui tente de gagner sa vie dans un domaine où le chèque de paie est presque toujours directement proportionnel à la cote de popularité. Mais dans un monde où certains sont prêts à mettre leur santé en jeu pour un bonus ou à vendre leur mère pour un commanditaire, où d'autres ont fait la preuve qu'il était possible de progresser simplement en se faisant entendre par le plus large auditoire possible, Bocek continue de poursuivre ses aspirations en se basant sur la recette originale : gagner.
Traitez-le de naïf si vous voulez, vous vous doutez un peu de sa réponse.
« Les gens ne veulent pas voir des spécialistes du corps à corps, ils veulent voir deux gars se lancer des coups de poings les yeux fermés. Mais si je fais ça, je diminue automatiquement mes chances de victoire. Quand j'amène un gars au sol, je sais que je ne me ferai pas passer le K.-O., alors je place les probabilités en ma faveur. Mon but est de me battre avec stratégie et intelligence. »
Il faut le dire, le plan fonctionne plutôt bien. S'il défait Rafael Dos Anjos samedi au UFC 154, Bocek aura trois victoires pour chacune de ses défaites en arts martiaux mixtes. Mais la reconnaissance qu'il reçoit de ses patrons ne suit pas la même courbe. Son dernier combat, fait-il remarquer, faisait partie de le carte principale du gala. Pour un combattant, cette distinction signifie davantage de visibilité, donc plus de facilité à trouver des appuis financiers, et assure un revenu supplémentaire correspondant à un pourcentage des revenus provenant des ventes à la télévision payante.
Bocek a gagné ce soir-là. Comme récompense, on a placé son combat suivant en plein milieu d'un horaire qui en comprend douze. À ses yeux, on l'a fait glisser sur une échelle pendant qu'on permet à d'autres de grimper sur le dos d'un serpent.
« C'est un peu frustrant, mais on s'habitue, dit-il sur un ton plutôt indifférent. Je sais que ça a aussi à voir avec qui vend le plus de billets et qui offre les combats les plus spectaculaires. C'est une business et je la comprends très bien. »
Dos Anjos est plus expérimenté, mais son parcours n'est pas bien différent du sien. Il a gagné trois de ses cinq derniers combats, dont les deux plus récents, et l'art de la soumission représente son pain et son beurre.
« Mes adversaires ne sont jamais des proies faciles, mais j'aime bien cet affrontement. C'est un test difficile et je crois que le gagnant méritera sa place dans le top 10 de la division, entrevoit le rouquin ontarien. Sur papier, le duel semble assez égal, mais je crois détenir un avantage au niveau de la lutte et du jiu-jitsu. »
Bocek constate qu'il a fait des pas de géant dans plusieurs facettes de son jeu depuis qu'il s'entraîne à Montréal. Son ground and pound, son debout et son cardio sont autant d'aspects qui ont bénéficié de son arrivée au Tristar, mais une carence flagrante est toujours observable.
« Je sais que c'est important de savoir se vendre. J'essaie de travailler un peu là-dessus, mais le plus important pour moi demeure de gagner. »