UFC : Shields met St-Pierre avant Silva
AMM mercredi, 15 déc. 2010. 01:24 samedi, 14 déc. 2024. 19:48
MONTRÉAL - Jake Shields a beau être un petit nouveau au sein du UFC, ça ne l'empêche pas d'exprimer des points de vue différents de ceux de son patron.
La victoire de Georges St-Pierre aux dépens de Josh Koscheck en fin de semaine dernière a relancé le débat quant à l'identité du meilleur pratiquant d'arts martiaux mixtes livre pour livre de la planète. Certains croient qu'il s'agit du natif de St-Isidore. D'autres prétendent qu'Anderson Silva, le champion des poids moyens, lui est supérieur.
Dana White, lui, n'en démord pas. Dans les heures qui ont suivi la plus récente victoire de St-Pierre, le président du UFC a répété qu'il penchait toujours du côté du Brésilien, qui a remporté ses 13 derniers combats.
Mais Shields, qui sera, à moins d'un revirement de situation majeur, le prochain adversaire de St-Pierre, n'est pas du même avis.
"Je dirais GSP, sans hésiter", a répondu l'aspirant numéro un de la division des mi-moyens lorsque rejoint par le RDS.ca. "C'est mon opinion. Je sais que Dana pense différemment, mais je trouve que c'est difficile d'aller contre GSP. Il gagne chaque round de chacun de ses combats!"
"Anderson est un combattant phénoménal et son nom mérite évidemment d'être mentionné dans cette conversation, mais selon moi, il n'a pas été aussi dominant lors de ses dernières performances", argumente Shields, qui hésite du même souffle à placer Jose Aldo, le nouveau champion des poids plumes du UFC, sur le même pied d'égalité que les deux autres.
"Aldo est un excellent combattant, mais je devrai le voir à l'œuvre pendant un peu plus longtemps avant de le placer à la même hauteur, avance l'ancien monarque des organisations Strikeforce et EliteXC. À mon avis, il n'a pas affronté des adversaires de haut niveau comme l'ont fait Anderson et GSP, qui règnent au sommet de leur division depuis des années. Dans un an ou deux, si Aldo est toujours champion, il méritera d'être reconnu comme l'un des meilleurs."
Un avant-goût de son propre destin?
Shields était de retour à San Francisco mardi après avoir passé le week-end à Montréal. Il tenait à être aux premières loges pour assister au combat qui devait déterminer l'identité de son prochain adversaire.
"La démonstration de boxe de GSP a été extraordinaire, a témoigné l'Américain de 31 ans. Je n'ai pas été surpris de le voir utiliser cette stratégie parce que je savais qu'il possédait de merveilleuses habiletés pour se battre debout. D'ailleurs, j'ai toujours dit que cet aspect de son arsenal était sous-évalué."
"Je pense que même si on avait seulement le droit de se battre avec nos poings, GSP serait l'un des meilleurs de sa profession, est allé jusqu'à dire Shields. Il est très bon techniquement, il entre et sort de la portée de son adversaire de façon très impressionnante. C'est presque impossible de le toucher tellement il est efficace dans chacun de ses mouvements."
De son siège, Shields a vu la même chose que tout le monde. Il a vu St-Pierre dépecer la défensive de Koscheck avec une facilité déconcertante. Il l'a vu mitrailler les jambes de son assaillant d'épuisants coups de pieds. Il l'a vu repousser avec aisance presque toutes les tentatives de projections de l'un des meilleurs lutteurs de la division. Il a aussi vu le contraste entre le visage enflé du perdant et celui presque immaculé du vainqueur, ultime symbole d'une domination sans appel.
Mais il y a une différence entre Jake Shields et les quelque 23 000 autres personnes qui ont quitté le Centre Bell ce soir-là. Et elle n'est pas mince : c'est lui, et personne d'autre, qui risque d'être exposé au même traitement dans quelques mois.
"Évidemment, il y a de bonnes chances qu'il tente de me servir la même médecine", réalise Shields, un lutteur aguerri qui maîtrise l'art des soumissions comme peu peuvent s'en vanter mais qui n'a pas la réputation d'être un combattant redoutable dans un échange de poings.
"Mais en même temps, il est bon dans tout ce qu'il fait, ce qui fait de lui un combattant très imprévisible. On ne sait jamais vraiment ce qu'il va tenter de faire. Mais je suis préparé pour tout ce qu'il a à offrir. J'ai récemment passé un mois en Thaïlande pour améliorer mon muay thaï. Je suis allé partout et j'ai mis beaucoup d'importance sur l'amélioration de ma boxe."
"J'ai mérité un combat de championnat"
Un respect mutuel solide et sincère existe entre Jake Shields et Georges St-Pierre. Si le Californien ne tarit pas d'éloges envers celui qui détient la ceinture qu'il convoite, ce dernier ne se fait pas prier pour retourner l'ascenseur. Depuis que Shields a quitté Strikeforce pour joindre les rangs du UFC, le Québécois soutient qu'il fera bientôt face à l'un des rares combattants qu'il apprécie réellement voir à l'œuvre. Des compliments qu'il a réitérés après sa victoire contre Koscheck.
"Oui, j'ai entendu ce qu'il avait à dire sur moi et vous savez, c'est réciproque, répond Shields. Il est l'un de mes combattants favoris. Nous ne sommes pas de grands amis, mais nous sommes de bonnes connaissances. Il est le meilleur présentement et c'est exactement pour ça que je tiens autant à l'affronter. Ce n'est rien de personnel. C'est juste que pour être le meilleur, il faut battre le meilleur."
Shields doit se réjouir des bonnes paroles de St-Pierre, parce que les compliments ont été plutôt rares à son égard au cours des derniers mois. Plusieurs amateurs et observateurs ne croient pas qu'il mérite la chance de se battre pour un titre après une performance peu convaincante contre le Danois Martin Kampmann à ses débuts avec le UFC, en octobre. Shields avait alors eu de la difficulté à respecter la limite de 170 livres et n'avait pas été l'ombre de lui-même dans une victoire controversée par décision partagée.
Shields, qui connaît une impressionnante séquence de 15 victoires qui a pris naissance il y a six ans presque jour pour jour, soutient qu'il n'est pas froissé par les nombreuses critiques dont il fait l'objet depuis quelques mois, mais ses commentaires laissent filtrer une certaine amertume.
"C'est évident que je n'ai pas offert ma meilleure performance dans mon dernier combat, admet-il d'amblée avant de se défendre. Après une minute, j'étais complètement à sec, mais j'ai quand même trouvé un moyen d'aller chercher la victoire. Dans ce milieu, l'important est de trouver une façon d'atteindre vos objectifs. Dans le monde des arts martiaux mixtes, certaines personnes accordent trop d'importance à la façon avec laquelle on arrive au résultat désiré."
"Ma fiche au cours des six dernières années démontre que j'ai mérité un combat de championnat dans la plus grande organisation au monde, poursuit Shields. J'ai battu des gars comme Yushin Okami, Dan Henderson et Carlos Condit, mais comme je ne les ai pas battus quand ils étaient avec le UFC, on dirait que les gens n'y accordent pas autant d'importance. Pourtant, ce sont les mêmes combattants. Mais de toute façon, les gens qui brandissent ces arguments ne suivent pas vraiment notre sport, alors ça ne me dérange pas."
Jake Shields n'a donc visiblement pas la langue dans sa poche, mais étant donné son appréciation avouée pour les accomplissements de son prochain adversaire et connaissant le caractère plutôt réservé de celui-ci, il serait étonnant d'assister à une guerre de mots dans la stratégie promotionnelle du UFC.
Shields croit qu'il peut faire mieux que Josh Koscheck dans l'octogone, mais en terme de déclarations fracassantes, il admet sans gêne qu'il n'est pas de taille.
"Je ne suis pas très bon pour lancer des menaces en l'air et je n'ai que des bonnes choses à dire au sujet de GSP. Peut-être que je devrai revoir ma stratégie et jouer le rôle du vilain, mais je ne garantis rien", dit-il en échappant un rire sincère.
*Amateurs d'arts martiaux mixtes, vous pouvez maintenant me suivre sur Twitter.
La victoire de Georges St-Pierre aux dépens de Josh Koscheck en fin de semaine dernière a relancé le débat quant à l'identité du meilleur pratiquant d'arts martiaux mixtes livre pour livre de la planète. Certains croient qu'il s'agit du natif de St-Isidore. D'autres prétendent qu'Anderson Silva, le champion des poids moyens, lui est supérieur.
Dana White, lui, n'en démord pas. Dans les heures qui ont suivi la plus récente victoire de St-Pierre, le président du UFC a répété qu'il penchait toujours du côté du Brésilien, qui a remporté ses 13 derniers combats.
Mais Shields, qui sera, à moins d'un revirement de situation majeur, le prochain adversaire de St-Pierre, n'est pas du même avis.
"Je dirais GSP, sans hésiter", a répondu l'aspirant numéro un de la division des mi-moyens lorsque rejoint par le RDS.ca. "C'est mon opinion. Je sais que Dana pense différemment, mais je trouve que c'est difficile d'aller contre GSP. Il gagne chaque round de chacun de ses combats!"
"Anderson est un combattant phénoménal et son nom mérite évidemment d'être mentionné dans cette conversation, mais selon moi, il n'a pas été aussi dominant lors de ses dernières performances", argumente Shields, qui hésite du même souffle à placer Jose Aldo, le nouveau champion des poids plumes du UFC, sur le même pied d'égalité que les deux autres.
"Aldo est un excellent combattant, mais je devrai le voir à l'œuvre pendant un peu plus longtemps avant de le placer à la même hauteur, avance l'ancien monarque des organisations Strikeforce et EliteXC. À mon avis, il n'a pas affronté des adversaires de haut niveau comme l'ont fait Anderson et GSP, qui règnent au sommet de leur division depuis des années. Dans un an ou deux, si Aldo est toujours champion, il méritera d'être reconnu comme l'un des meilleurs."
Un avant-goût de son propre destin?
Shields était de retour à San Francisco mardi après avoir passé le week-end à Montréal. Il tenait à être aux premières loges pour assister au combat qui devait déterminer l'identité de son prochain adversaire.
"La démonstration de boxe de GSP a été extraordinaire, a témoigné l'Américain de 31 ans. Je n'ai pas été surpris de le voir utiliser cette stratégie parce que je savais qu'il possédait de merveilleuses habiletés pour se battre debout. D'ailleurs, j'ai toujours dit que cet aspect de son arsenal était sous-évalué."
"Je pense que même si on avait seulement le droit de se battre avec nos poings, GSP serait l'un des meilleurs de sa profession, est allé jusqu'à dire Shields. Il est très bon techniquement, il entre et sort de la portée de son adversaire de façon très impressionnante. C'est presque impossible de le toucher tellement il est efficace dans chacun de ses mouvements."
De son siège, Shields a vu la même chose que tout le monde. Il a vu St-Pierre dépecer la défensive de Koscheck avec une facilité déconcertante. Il l'a vu mitrailler les jambes de son assaillant d'épuisants coups de pieds. Il l'a vu repousser avec aisance presque toutes les tentatives de projections de l'un des meilleurs lutteurs de la division. Il a aussi vu le contraste entre le visage enflé du perdant et celui presque immaculé du vainqueur, ultime symbole d'une domination sans appel.
Mais il y a une différence entre Jake Shields et les quelque 23 000 autres personnes qui ont quitté le Centre Bell ce soir-là. Et elle n'est pas mince : c'est lui, et personne d'autre, qui risque d'être exposé au même traitement dans quelques mois.
"Évidemment, il y a de bonnes chances qu'il tente de me servir la même médecine", réalise Shields, un lutteur aguerri qui maîtrise l'art des soumissions comme peu peuvent s'en vanter mais qui n'a pas la réputation d'être un combattant redoutable dans un échange de poings.
"Mais en même temps, il est bon dans tout ce qu'il fait, ce qui fait de lui un combattant très imprévisible. On ne sait jamais vraiment ce qu'il va tenter de faire. Mais je suis préparé pour tout ce qu'il a à offrir. J'ai récemment passé un mois en Thaïlande pour améliorer mon muay thaï. Je suis allé partout et j'ai mis beaucoup d'importance sur l'amélioration de ma boxe."
"J'ai mérité un combat de championnat"
Un respect mutuel solide et sincère existe entre Jake Shields et Georges St-Pierre. Si le Californien ne tarit pas d'éloges envers celui qui détient la ceinture qu'il convoite, ce dernier ne se fait pas prier pour retourner l'ascenseur. Depuis que Shields a quitté Strikeforce pour joindre les rangs du UFC, le Québécois soutient qu'il fera bientôt face à l'un des rares combattants qu'il apprécie réellement voir à l'œuvre. Des compliments qu'il a réitérés après sa victoire contre Koscheck.
"Oui, j'ai entendu ce qu'il avait à dire sur moi et vous savez, c'est réciproque, répond Shields. Il est l'un de mes combattants favoris. Nous ne sommes pas de grands amis, mais nous sommes de bonnes connaissances. Il est le meilleur présentement et c'est exactement pour ça que je tiens autant à l'affronter. Ce n'est rien de personnel. C'est juste que pour être le meilleur, il faut battre le meilleur."
Shields doit se réjouir des bonnes paroles de St-Pierre, parce que les compliments ont été plutôt rares à son égard au cours des derniers mois. Plusieurs amateurs et observateurs ne croient pas qu'il mérite la chance de se battre pour un titre après une performance peu convaincante contre le Danois Martin Kampmann à ses débuts avec le UFC, en octobre. Shields avait alors eu de la difficulté à respecter la limite de 170 livres et n'avait pas été l'ombre de lui-même dans une victoire controversée par décision partagée.
Shields, qui connaît une impressionnante séquence de 15 victoires qui a pris naissance il y a six ans presque jour pour jour, soutient qu'il n'est pas froissé par les nombreuses critiques dont il fait l'objet depuis quelques mois, mais ses commentaires laissent filtrer une certaine amertume.
"C'est évident que je n'ai pas offert ma meilleure performance dans mon dernier combat, admet-il d'amblée avant de se défendre. Après une minute, j'étais complètement à sec, mais j'ai quand même trouvé un moyen d'aller chercher la victoire. Dans ce milieu, l'important est de trouver une façon d'atteindre vos objectifs. Dans le monde des arts martiaux mixtes, certaines personnes accordent trop d'importance à la façon avec laquelle on arrive au résultat désiré."
"Ma fiche au cours des six dernières années démontre que j'ai mérité un combat de championnat dans la plus grande organisation au monde, poursuit Shields. J'ai battu des gars comme Yushin Okami, Dan Henderson et Carlos Condit, mais comme je ne les ai pas battus quand ils étaient avec le UFC, on dirait que les gens n'y accordent pas autant d'importance. Pourtant, ce sont les mêmes combattants. Mais de toute façon, les gens qui brandissent ces arguments ne suivent pas vraiment notre sport, alors ça ne me dérange pas."
Jake Shields n'a donc visiblement pas la langue dans sa poche, mais étant donné son appréciation avouée pour les accomplissements de son prochain adversaire et connaissant le caractère plutôt réservé de celui-ci, il serait étonnant d'assister à une guerre de mots dans la stratégie promotionnelle du UFC.
Shields croit qu'il peut faire mieux que Josh Koscheck dans l'octogone, mais en terme de déclarations fracassantes, il admet sans gêne qu'il n'est pas de taille.
"Je ne suis pas très bon pour lancer des menaces en l'air et je n'ai que des bonnes choses à dire au sujet de GSP. Peut-être que je devrai revoir ma stratégie et jouer le rôle du vilain, mais je ne garantis rien", dit-il en échappant un rire sincère.
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