MONTRÉAL – Lorsqu’il est sorti de l’ombre après la période de convalescence d’un an et demi qui a suivi sa défaite contre Anderson Silva, Patrick Côté n’a pas caché qu’il revenait dans le portrait avec des objectifs ambitieux.

Le Québécois avait déjà tracé sa voie jusqu’au sommet de sa division et n’avait rien d’autre en tête que d’y retourner.

Mais la route a été tortueuse. Des défaites consécutives contre Alan Belcher et Tom Lawlor l’ont contraint à aller refaire ses classes sur les circuits régionaux, où il a maintenu un dossier sans tache en quatre sorties. De retour dans les bonnes grâces du UFC, il a été incapable de se faire justice contre Cung Le avant de profiter de la disqualification d’Alessio Sakara pour savourer un premier triomphe en plus de quatre ans dans le plus prestigieux des octogones.

Le retour à la victoire a toutefois été douloureux – Côté s’est dit ébranlé pour la première fois de sa carrière par les coups illégaux qu’il a reçus derrière la tête – et l’a forcé à revoir les paramètres de son parcours professionnel. Vendredi, lors de la pesée officielle du UFC 158, le Prédateur a complété avec succès la transition vers une catégorie de poids inférieure qu’il a décidé de mettre à exécution à la fin de l’année 2012.

Maintenant plus léger d’une quinzaine de livres, Côté ne peut faire autrement que considérer son prochain combat comme un retour à la case départ. Son nom, jadis mentionné lorsqu’il était question de l’élite, est pratiquement à refaire.

« Ça va me mettre sur la mappe à 170 livres parce que ce sera mon premier combat dans cette division. C’est difficile d’en dire plus, a admis le combattant de 33 ans en toute humilité cette semaine. Ce serait illogique pour moi de prétendre à un rôle d’aspirant, je n’ai jamais combattu avec ces gars-là. Je n’ai pas le choix de prendre ça un combat à la fois et Bobby Voelker sera le premier. Je vais gagner celui-là et on verra pour la suite. »

Côté a accédé aux ligues majeures en 2004 en acceptant un rôle de remplaçant de dernière minute pour affronter Tito Ortiz, une légende vivante dont la photo tapissait l’écran de son ordinateur. Le barre était haute pour les tests subséquents, mais l’ancien champion canadien ne s’en est jamais fait donner une p’tite facile.

Sur papier, par contre, Voelker représente une formalité pour celui qui disputera un 14e combat au UFC. L’Américain, invisible depuis l’été 2011, n’a jamais atteint un niveau plus élevé que la série de développement Challengers de la défunte organisation Strikeforce.

« Ça serait une grosse erreur d’approcher ce combat dans cet état d’esprit, répond Côté pour remettre à l’ordre ceux qui prennent son prochain adversaire à la légère. Ce gars-là n’a jamais reculé devant personne. Il est très agressif, est capable d’encaisser et on ne peut jamais le compter pour battu. En plus, il en sera à son premier combat au UFC et se battra comme s’il n’a rien à perdre, c’est la chance de sa vie. C’est pour ça que je me suis entraîné très fort. Je n’ai pas le droit de perdre ce combat. »

Pas un gatekeeper

Dans le jargon des sports de combat, il existe un terme dont personne n’aime être affublé.

Lorsqu’un promoteur juge que la carrière d’un pugiliste de renom commence à s’engager sur une pente descendante, mais que sa cote de popularité est encore assez solide pour attirer les foules, il tirera parfois profit de la situation pour voir de quel bois se chauffe un jeune espoir de son écurie. Si ce dernier passe le test, on sait qu’on touche à du solide. S’il échoue, c’est qu’il n’est pas encore prêt à jouer dans la cour des grands.

Patrick Côté sait très bien ce qu’est un gatekeeper et le mot lui fait grincer des dents.   

« Ceux qui parlent de gatekeeper, c’est souvent du monde qui ne se sont jamais battus. Tu peux bien m’appeler un gatekeeper si tu veux, mais reste que je me bats dans la meilleure organisation au monde », se défend l’un des pionniers des arts martiaux mixtes québécois

« J’ai une belle histoire derrière moi, une belle réputation. Les gens peuvent voir ça comme ils veulent, mais je m’entraîne toujours aussi fort et j’essaie encore de gagner mes combats de la façon la plus spectaculaire possible », insiste-t-il.

Côté sait qu’il se tiendra en équilibre sur un très mince fil de fer lors de sa prochaine marche vers l’octogone et qu’une défaite lui vaudra presque assurément d’être servi aux crocodiles. Avec cette possibilité en tête, qui ne prendrait pas au sérieux un compétiteur qui a mis K.-O. 15 de ses 24 victimes?

« Je veux rester dans l’organisation le plus longtemps possible et ça commence samedi soir », assure-t-il.

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