Critiqué vivement par les puristes du hip-hop, le rappeur Curtis Jackson - mieux connu sous le pseudonyme de 50 Cent - n'a pas tardé à se forger une réputation semblable dans le monde de la boxe.

Promoteur depuis quelques mois à peine, l'artiste a tenté de manigancer pour donner la chance à son protégé Andre Dirrell de disputer un combat éliminatoire pour la position vacante de deuxième aspirant au titre des poids super-moyens de la IBF contre Rowland Bryant.

Lors de la dernière mise à jour des classements de l'organisme de sanction basé au New Jersey, le nom de Dirrell est soudainement apparu au 10e rang. Pourtant, ce même Dirrell devait être exclu des classements pour une période d'au moins six mois à la suite de son désistement d'un duel éliminatoire pour la position de premier aspirant face à Adonis Stevenson en juillet dernier.

L'histoire devient encore plus intéressante lorsqu'on apprend que le plan machiavélique de Jackson aurait pu permettre à Dirrell de retrouver Stevenson dans un combat de championnat du monde si jamais Carl Froch avait décidé d'abandonner sa ceinture.

« Nous étions sur le point de nous en faire passer toute une », a reconnu Michel au cours d'un entretien téléphonique avec le RDS.ca mercredi. « Lou DiBella et moi négocions pour un combat de championnat entre Adonis Stevenson et Thomas Oosthuizen qui serait présenté sur les ondes de HBO le 2 mars dans un endroit qui reste à déterminer. »

Pour arriver à ses fins, Jackson a proposé aux promoteurs des aspirants classés devant Dirrell un duel le 15 décembre en Angleterre pour la modique somme de 10 000 $ US! Évidemment, tout le monde a refusé l'offre sur le champ, à l'exception de Bryant.

« Éthiquement, ça n'a juste pas de bon sens », s'est insurgé Michel. « Tu ne peux pas proposer un combat de cette importance à seulement trois semaines d'avis. Personne n'a le temps de se préparer. »

Rapidement, DiBella et Michel ont manifesté leur mécontentement au président de la IBF Daryl J. Peoples, qui a ensuite reconnu l'erreur de son organisation, retiré le nom de Dirrell du classement et annulé le combat éliminatoire contre Bryant. Le promoteur québécois n'aurait pas nécessairement rechigné à l'idée que Stevenson affronte Dirrell, mais il ne croit pas que cela aurait servi les meilleurs intérêts de son protégé.

« Est-ce que HBO aurait accepté de télédiffuser ce combat? », s'est questionné Michel. « Les négociations entre Lou et moi sont déjà bien avancées et ç'aurait été plate de tout recommencer. C'est ce qui est plaisant avec la IBF. Les règles sont suivies à la lettre. »

Stevenson sur les traces des Klitschko?

Même si le portrait se dessine de plus en plus, Stevenson est toujours en mode attente, puisqu'il ne connaît toujours pas l'identité de son prochain adversaire. Le boxeur longueillois est cependant déjà au courant de l'enjeu : ce sera pour le titre des super-moyens de la IBF.

« Adonis est prêt à aller se battre en Angleterre pour affronter Froch s'il le faut », a avoué Michel. « Il effectuerait alors son camp d'entraînement en Autriche au même endroit que les frères Klitschko. C'est là qu'allait Emanuel (Steward) lorsqu'il était l'entraîneur de Wladimir. »

Même si c'est son travail que de pallier à toutes éventualités, Michel ne pense pas que son protégé se mesurera au champion Froch ou encore à Lucian Bute dans un avenir rapproché. Les deux boxeurs auront trop d'offres intéressantes pour se réduire à effectuer une défense obligatoire s'ils décident finalement d'en venir aux coups.

« Après sa victoire aux dépens de Yusaf Mack, Froch parlait déjà de remplir un stade de soccer contre (Mikkel) Kessler », a précisé Michel. « Si Bute gagnait, il n'aurait aucun intérêt à affronter Adonis. »

« Bute effacerait toute une tache à son dossier et il deviendrait le candidat numéro un à un combat face à Andre Ward. Avec ou sans titre en jeu, ça ne fait aucune différence. »

Comme il l'a mentionné à plusieurs reprises depuis que Stevenson a battu Donovan George pour devenir l'aspirant officiel à la couronne des super-moyens de la IBF, Michel entend intercéder auprès de l'organisme de sanction pour empêcher qu'un combat revanche Bute-Froch soit pour la ceinture.

Pour ce faire, il présentera le règlement 3.B qui stipule qu' « aucun contrat pour un combat de championnat ne devrait contenir une clause qui garantit un combat revanche si ce dernier interfère avec une défense obligatoire » comme c'est le cas pour Froch. Bref, une histoire qui n'a pas fini de faire couler encore beaucoup d'encre.