LONGUEUIL, Qc - De retour d'un deuxième séjour à Detroit, Adonis Stevenson donne l'impression qu'il n'a pas passé les dernières semaines qu'à parfaire sa technique de boxe.

Stevenson (16-1, 13 K.-O.) affrontera Jesus Gonzales (27-1, 14 K.-O.) pour la position de deuxième aspirant au titre des poids super-moyens de la IBF, samedi soir au Centre Bell, en finale du troisième gala de la saison de la série « Rapides et Dangereux ». Pour l'occasion, il a visiblement choisi de se placer du bon côté de la mince ligne qui sépare l'arrogance de la confiance.

« C'est fantastique d'être de la finale, mais en même temps, je ne dois pas me laisser déconcentrer par ça », a reconnu Stevenson, mardi après-midi, lors d'un entraînement public présenté dans un gymnase de la Rive-Sud de Montréal. « Le timing ne pourrait pas être plus parfait. Je ne veux surtout pas rater ma chance. »

« La possibilité de mettre la main sur un titre mondial change bien des choses », ajoute Derrick Colemon, qui a supervisé l'entraînement du pugiliste québécois. « C'est généralement à partir de ce moment-là que les gars comme Adonis réalisent qu'ils doivent absolument devenir sérieux. »

Comme il l'avait fait pendant la période des Fêtes, Stevenson s'est rendu au Kronk Gym où il a eu l'occasion de mettre les gants avec quelques boxeurs dont Andy Lee et Isiah Thomas. Même si le réputé entraîneur Emanuel Steward n'y était pas puisqu'il aide le champion des lourds Wladimir Klitschko dans sa préparation pour son prochain combat, le Longueillois assure qu'il n'a pas été laissé seul à lui-même et qu'il est plus que prêt à en découdre avec son adversaire.

« J'ai vu Gonzalez sur film, mais je ne veux pas trop me fier à ça, car un boxeur n'est jamais vraiment le même d'un combat à l'autre », explique Stevenson. J'ai remarqué par contre qu'il ne bouge pas beaucoup la tête et qu'il aime bien se servir de son crochet. »

Colemon s'est évidemment dit satisfait du travail accompli, mais il n'hésite cependant pas à souligner que son nouvel élève avait quelques grosses lacunes à son arrivée à Detroit.

« Adonis ne bougeait vraiment pas bien », avoue Colemon. « Nous lui avons demandé ce qu'il savait et nous sommes vraiment retournés à la base. Nous avons également changé ses choix de coups. »

Néanmoins, Stevenson en a suffisamment fait pour mériter le droit de porter l'emblématique culotte jaune du Kronk Gym rendue notamment célèbre par Thomas Hearns. Un exploit qu'aucun boxeur canadien n'est parvenu à accomplir.

Gonzales peu impressionné

Malgré tout, les efforts déployés par Stevenson au cours des derniers mois sont loin d'impressionner Gonzales. Ce dernier ne croit pas que le temps passé à Detroit a permis à son adversaire de changer ce qu'il est, un boxeur fondamentalement ordinaire.

« Adonis est un bon gaucher, mais il s'est fait passer le knock-out au deuxième round par un gars que j'ai battu », rappelle l'Américain de Phoenix en Arizona. « De plus, je ne m'étais pratiquement pas préparé pour ce combat contre Darnell Boone. »

« Adonis est âgé de 34 ans et même si Emanuel est un très grand entraîneur, tu ne peux pas changer un boxeur à ce point. Tout le monde sait que la boxe est un sport d'habitudes. »

Et même si Stevenson a réussi à faire parler de lui aux quatre coins de l'Amérique à la suite de sa percutante victoire par knock-out technique sur Aaron Pryor fils au mois de décembre dernier, Gonzales refuse d'y voir une quelconque signification.

« Pryor est un boxeur chétif de six pieds quatre pouces qui ne demande qu'à être frappé », lance celui qui a déjà battu le champion de la WBA et du WBC Andre Ward chez les amateurs. « Adonis frappe large et si j'ai l'occasion de l'atteindre tôt dans le combat, jamais il ne parviendra à se relever. »

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