MONTRÉAL - Les trois juges ne se sont pas entendus, mais un point fera certainement l’unanimité : affronter Joachim Alcine à la suite d’une défaite s’avère une très mauvaise idée.

Un peu comme David Lemieux deux ans et demi avant lui, Delvin Rodriguez l’a appris à ses dépens en devant se contenter d’un verdict nul partagé, en finale d’un gala présenté vendredi soir au Stade olympique.

Disputant un premier combat depuis son revers contre Miguel Cotto, Rodriguez (28-7-4) en a eu plein les bras avec un Alcine (35-7-2) qui se battait devant les siens pour la première fois depuis sa victoire par décision majoritaire sur Lemieux.

Devant une famélique foule de moins de 500 spectateurs - dont plusieurs, si ce n’est pas la quasi-totalité, n’avaient pas payé leur billet -, les deux boxeurs ont offert un spectacle tantôt brouillon, tantôt relevé. Un juge a vu Rodriguez gagnant 97-93, un autre Alcine vainqueur 96-94 et le dernier une égalité 95-95. Sans surprise, la décision a été vertement critiquée.

« Je n’ai pas été capable d’envoyer mes combinaisons comme je le fais habituellement, mais je persiste à croire que j’ai gagné le combat », a lancé Rodriguez à sa sortie du ring. « Il ne m’a jamais atteint avec un coup franc, alors que je l’ai ébranlé à quelques reprises. C’est frustrant. »

« Je suis convaincu que j’ai gagné! C’était un combat serré, mais pas un combat nul », a répliqué Alcine. « J’ai performé contre un boxeur beaucoup plus jeune et beaucoup plus actif (dans les derniers temps) que moi. Je n’ai pas manqué de jus et j’étais énergique. C’était exceptionnel. »

Peut-être un peu plus lucide, l’entraîneur de « Ti-Joa », Buddy McGirt a accueilli le verdict avec joie. Les deux hommes n’ont renoué que deux semaines et demie avant le duel de vendredi.

« Je suis content du résultat, parce que Joachim a perdu les derniers rounds », a analysé McGirt. « L’objectif était de se rendre à la fin du combat. Il a survécu à la tempête et nous pouvons maintenant regarder de l’avant. Nous n’avions pas eu le temps de faire des ajustements. »

Alcine et Rodriguez se sont étudiés pendant le premier round, ne se risquant pas à envoyer autre chose que leur jab. Le Dominicain est cependant parvenu à ébranler le favori de la foule au deuxième round, après l’avoir atteint avec un direct de la main droite au visage.

Le Québécois d’origine haïtienne a ensuite connu ses premiers beaux moments dans la dernière minute du troisième round en brisant continuellement le rythme avec ses accrochages. Par moments, Rodriguez a paru découragé et semblait cruellement à court de solutions.

Les choses se sont envenimées au septième round lorsque les deux boxeurs ont échangé de nombreux coups, les frappes d’Alcine au corps de son rival donnant l’impression qu’il avait l’avantage. Mais Rodriguez n’a pas bronché et sa précision lui a permis de reprendre le dessus.

La table est donc peut-être mise pour un combat revanche, d’autant plus qu’il a été télédiffusé aux États-Unis sur les ondes de ESPN. Il serait cependant de mise de choisir un autre endroit que le Stade olympique, qui accueillait un premier gala de boxe depuis le 20 juin 1980.

Étant donné qu’Alcine et Rodriguez sont loin d’être Sugar Ray Leonard et Roberto Duran, l’ambiance était plutôt morne. Le promoteur Alexandre Choko aurait eu intérêt à privilégier un endroit nettement plus modeste pour y tenir son gala. Seulement, y aura-t-il une prochaine fois?

Douce amertume pour Alcine