De tous les sports, la boxe est assurément l’un des plus fascinants, mais également l’un des plus cruels.

Les athlètes passent des semaines, des mois et des années à s’entraîner dans des conditions qui ne sont pas toujours évidentes pour ensuite livrer un combat où ils sont laissés à eux-mêmes.

Les pugilistes surmontent les blessures et les terribles pertes de poids avant un duel en échange d’une bourse qui n’est souvent pas à la hauteur des sacrifices qu’ils ont effectués. Tout cela dans l’espoir d’atteindre les plus hauts sommets de leur discipline et les honneurs qui s’y rattachent.

Mais la boxe étant ce qu’elle est, il faut absolument un gagnant et un perdant. Les occasions de se racheter existent, mais elles s’obtiennent souvent à la suite d’un pénible retour à la case départ. Le sentiment d’échec d’un boxeur peut meubler son subconscient pendant longtemps.

Imaginez cependant un instant faire tous ces sacrifices pour absolument... rien. Faire tous ces sacrifices pour apprendre à quelques jours d’avis que la chance à laquelle vous rêviez ne se matérialisera pas. Faire tous ces sacrifices pour se faire dire de rentrer à la maison et d’attendre.

C’est précisément l’histoire de Jordan Balmir, qui a finalement attendu 15 mois avant d’avoir l’occasion de remontrer dans le ring après avoir subi son unique défaite en carrière. Quinze mois qui ont été ponctués par une longue traversée du désert qu’il accepte de partager dans le but de lancer un message d’espoir à ceux et celles qui pourraient se reconnaître dans son parcours.

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Balmir a connu un début de carrière intéressant en remportant ses 10 premiers combats chez les professionnels, mais le relatif anonymat dans lequel il évoluait l’a amené à défier Steven Butler à l’été 2018. Butler était encore un espoir bien en vue malgré le revers qu’il avait subi contre Brandon Cook plus d’un an et demi plus tôt. Le défi était grand, mais il faut parfois oser.

Les deux boxeurs se sont retrouvés à l’automne 2018 et sans surprise, Butler l’a emporté par arrêt de l’arbitre au 3e round. Bien que déçu, Balmir n’a pas du tout perçu cette défaite comme un immense fiasco. Au contraire, le Drummondvillois était prêt à revenir très rapidement dans l’arène et c’est ainsi que son agent lui a déniché un combat pas trop compliqué aux États-Unis.

Balmir a alors mis le cap à Las Vegas pour s’y entraîner et il était impatient d’affronter un boxeur dont il a aujourd’hui oublié le nom, mais à moins de sept jours du duel qu’il attendait tant, on lui a annoncé que le choc n’aurait pas lieu. On lui suggère de rentrer à la maison et de se tenir prêt.

« C’est à partir de ce moment-là que j’ai décroché, a raconté Balmir à RDS.ca quelques jours seulement avant qu’il n’affronte Omar Andrade, son premier combat depuis sa défaite contre Butler.

« Je me suis tanné et je me suis dit que j’allais prendre un break. Mais j’ai retrouvé mes vieux démons. Quand j’étais plus jeune, de 13 à 17 ans, j’ai consommé beaucoup : drogues et alcool. »

La chute sera vertigineuse. En termes clairs, Balmir l’a « échappé solide ». Le jeune homme habituellement souriant ne l’était plus du tout. Il n’a pas peur de le dire : il était dans une phase particulièrement dépressive de son existence. Des mois à s’autodétruire « avec la bouteille ».

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Jordan BalmirMais un bon matin, Balmir n’en peut plus. Il n’est plus capable de se regarder dans le miroir. L’heure de se reprendre en mains a sonné. Oui, la boxe l’avait déçue, mais elle allait le sauver.

« J’étais gros. J’étais laid. Je n’étais pas en forme. Je n’étais pas en santé. Je n’étais pas bien physiquement et mentalement. J’étais tanné, lâche Balmir. C’est alors que je me suis demandé ce que je connais. Qu’est-ce que je connais de bon? C’était évident : la boxe et l’entraînement. »

C’est ainsi que Balmir est retourné dans le gymnase de son entraîneur Jimmy Boisvert à Trois-Rivières. Ce dernier l’a évidemment accueilli à bras ouverts, mais il n’est pas nécessairement un adepte des demi-mesures et du laisser-aller. Une discipline dont Balmir avait vraiment besoin.

« Jimmy, c’est quelqu’un de très pointilleux et c’est ce que j’adore chez lui, explique Balmir. Quand tu lui montres que tu fais l’effort et que tu amènes le résultat, il est content de cela. J’avais confiance en lui, mais j’ai fait tout ce que j’avais à faire pour regagner la sienne. »

Il s’agit probablement de la plus grande leçon qu’il a apprise et du message qu’il souhaite aujourd’hui transmettre. L’enfer est pavé des meilleures intentions et c’est pourquoi il est plus important que tout d’agir. « Les paroles, ça part, mais les agissements et les écrits restent. »

« Dans la vie, il faut oser. Il faut trouver ce qu’on aime et le faire. Il faut arrêter de le dire et passer de la parole aux actes, conclut Balmir. Il ne faut pas remettre les choses à demain, mais les faire maintenant et se concentrer sur le moment présent. Il faut faire ce qu’on aime... »

Vainqueur de son combat contre Andrade, Balmir entrevoit ce nouveau chapitre de sa vie avec optimiste et entend pleinement profiter de la chance qui lui a été offerte par Eye of the Tiger Management. Mais plus important encore, il souhaite partager cette réussite avec les autres.

C’est que n’importe qui peut se reconnaître dans cette histoire : celle d’un jeune homme dans la vingtaine qui a finalement refusé de laisser ses déboires prendre le dessus pour se tourner vers ce qui le passionnait le plus. Oui, la boxe peut être cruelle, mais elle peut aussi sauver des vies.

 

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