De tous les boxeurs qui s'illustrent sur la scène québécoise, Arash Usmanee est certainement l'un des plus méconnus. Pourtant, le Montréalais d'origine afghane n'a rien à envier à ses collègues plus médiatisés.

Usmanee possède un dossier parfait de 20 victoires en autant de combats et disputera vendredi soir à Miami sur les ondes de ESPN un duel pour la position de 2e aspirant au titre des poids super-plumes de la IBF contre l'Américain d'origine cubaine Rances Barthelemy.

Mais si Usmanee passe autant sous le radar, c'est surtout parce qu'il évolue complètement en marge du système. Sans machine pour l'appuyer, l'athlète âgé de 30 ans est néanmoins parvenu à se hisser dans les classements de 2 des 4 grandes associations internationales. Il s'agit là d'un véritable tour de force à en croire ses plus fervents défendeurs.

« Sans promoteur, c'est extrêmement difficile de percer », a expliqué son gérant Douggy Berneche au cours d'un entretien téléphonique avec le RDS.ca plus tôt cette semaine. « Il ne peut pas défendre les ceintures mineures qu'il remporte, car nous n'avons pas les moyens de payer les frais de sanction. »

Ainsi, une victoire vendredi placerait évidemment Usmanee dans le siège du conducteur pour l'obtention d'un combat de championnat, mais elle pourrait surtout enfin inciter un promoteur à le mettre sous contrat. Il faut dire qu'il a une histoire taillée sur mesure pour vivre le rêve américain.

« Arash a perdu son père à la guerre et il est passé par le Pakistan et l'Alberta avant d'arriver dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal », ajoute Berneche. « ESPN est d'ailleurs débarqué en ville toute une journée pour préparer un reportage de 4 minutes qui sera présenté avant le combat. »

Il serait cependant surprenant qu'InterBox ou le Groupe Yvon Michel change d'idée et s'approprie les services d'Usmanee, même si ce dernier pourrait se retrouver aux portes d'un combat de championnat et que son style combatif a pourtant tout pour plaire.

« S'il y avait eu un intérêt quelconque dans le passé, quelqu'un se serait déjà manifesté », croit Berneche. « Arash ne sera malheureusement jamais populaire au Québec. Il ne parle pas français, n'est pas flamboyant et en plus évolue dans une petite catégorie de poids. »

« Un gars comme Eleider Alvarez a été en mesure de faire rapidement sa place, car il boxe dans une catégorie où il est possible de le comparer à nos deux grandes vedettes (Lucian Bute et Jean Pascal). »

Par contre, cela ne signifie pas qu'Usmanee ne peut pas compter sur l'appui de la communauté d'ici. Son entraîneur au Club de Boxe de l'Est Daniel Trépanier ne pouvant se retrouver à ses côtés en raison d'un règlement de l'Association internationale de boxe amateur, c'est son ancien coach Marc Ramsay qui prendra la relève.

« Tout le monde dans l'équipe peut faire le travail de tout le monde. Sauf le mien bien entendu! », blague le pugiliste né à Kaboul. « Et Daniel sera dans les gradins de toute manière. Ce n'est pas comme s'il n'était pas là. Il n'y a pas de grosse histoire à faire avec ça! »

Reste que la décision d'aller affronter Barthelemy chez lui représente un pari plutôt audacieux. Ce dernier n'a pas subi la défaite en 17 combats et provient d'une grande famille de boxeurs, son frère aîné Yan ayant notamment remporté une médaille d'or aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004.

« Il s'agit d'un coup de poker. Nous jouons le tout pour le tout », avoue Berneche. « Ce combat va nous dire si Arash est bel et bien rendu là où nous le pensons. Ce duel ne pouvait pas arriver à un meilleur moment dans sa carrière. Barthelemy est un bon boxeur, mais il n'a rien d'exceptionnel. »

« Après cela, je ne peux pas croire qu'il n'y a pas un promoteur qui ne va pas lever la main. »