MONTRÉAL  - Quand Oscar Rivas et Bryant Jennings s'affronteront pour une deuxième fois sur le ring de l'Olympia de Montréal, le 22 octobre prochain, ils souhaiteront davantage que de vaincre leur adversaire. Ils souhaiteront marquer l'histoire.

C'est que les deux pugilistes s'affronteront pour la ceinture des super-lourds-légers du World Boxing Council, toute nouvelle division créée pour les boxeurs de 200 à 224 livres.

« C'est très important pour moi d'être un des boxeurs qui se battra pour la première fois pour ce titre, a affirmé Rivas (27-1, 19 K.-O.). Je suis très enthousiasmé de cela. En plus, chez les lourds, j'attendais mon tour depuis longtemps, des années. Dans cette division, je suis l'aspirant no 1. J'en suis très content. »

Elle servira à faire le pont entre les lourds légers (de 176 à 199 livres) et les poids lourds, traditionnellement à plus de 200 livres.

Mais voilà, au fil des dernières années, des «monstres» sont venus gêner la circulation chez les lourds. On peut penser à Tyson Fury (6'9'', 273 lbs à son dernier combat!), Deontay Wilder (6'7'', 231 lbs), Wladimir (6'6'', 250 lbs) et son frère Vitaly Klitschko (6'7'', 250 lbs). Plus près de nous, Arslanbek Makhmudov, à 6'5'' 1/2 et plus de 260 lbs est bâti dans ce moule des "super lourds".

Le WBC souhaitait donc rendre le plateau plus compétitifs pour les «petits» poids lourds. Rivas a bien tenté de suivre la cadence, mais à 6'0'', il avait du mal à aller au-delà de 240 lbs. Jennings (24-4, 14 K.-O.) a passé sa carrière entre 225 et 230 lbs, lui qui mesure 6'3''.

« Ça fait longtemps que ça aurait dû être instauré si on se soucie de la santé et de la sécurité des boxeurs, a noté Mauricio Suleiman, président du WBC. En 1908, le champion des poids lourds pesait 168 livres. C'est donc dire qu'un super-moyen était le champion du monde des lourds. »

« Au fil du temps, nous nous sommes adaptés aux gens plus costauds : la division des lourds-légers a été créée exactement pour faire le pont entre les mi-lourds et les lourds. Cette division a commencé à 190 lbs et le WBC a décidé de faire passer la division à 200 livres, car nous constations la force et la puissance des gros poids lourds. »

Pour l'instant, le WBC reste seul à avoir cette nouvelle division.

Rivas contre Jennings le 22 octobre à Montréal

« Nous n'avons pas discuté de ce sujet avec les autres associations, a indiqué Suleiman. Historiquement, le WBC a souvent été un précurseur dans les changements apportés à la boxe. Nous avons été les premiers à passer de 15 à 12 rounds (en combats de championnat du monde); à ajouter un quatrième câble (au ring); à instaurer la certification des gants; à bannir les gants de six onces; à exiger des tests antidopage; ainsi que l'introduction de plusieurs divisions de poids - il n'y en avait que huit - au fil des ans. Je suis très confiant que les super-lourds-légers attirera les gros noms de la boxe. »

Rivas occupe actuellement la position d'aspirant no 1 de la division, tandis que Jennings est troisième. L'absence des super-lourds-légers dans les trois autres principales associations fait en sorte que le top-40 du WBC est rempli de gros noms, qui devraient permettre de rendre intéressante - et pertinente - la division.

« Ça pourrait devenir l'une des divisions les plus encombrées de la boxe, a lancé Jennings. Je pense que les boxeurs vont rapidement la respecter, comme les partisans d'ailleurs. Présentement, nous devons faire face à des choses plutôt inorthodoxes dans le monde de la boxe. Je ne sais pas si cette nouvelle division pourra rivaliser avec ces nouveautés dans la boxe - les YouTubers, les combattants d'arts martiaux mixtes qui font de la boxe et vice-versa -, mais nous avons notre mot à dire. »

« Nous apportons quelque chose de plus à la boxe 'traditionnelle'. Nous verrons si ça tient la route face à toutes ces nouveautés. Je crois que ça le fera, et pas seulement parce que j'y suis impliqué. Je crois que les boxeurs de la planète qui pèsent 205, 206 livres, qui ne peuvent plus manger pour s'assurer de respecter la limite des lourds-légers; ou encore ceux de 220 livres qui doivent prendre du poids pour se mesurer au super-lourds doivent tous se regrouper afin que nous nous battions ensemble. »

Jennings ajoute un point intéressant : le succès de la nouvelle division passera par les réseaux sociaux et les nouvelles plateformes de communication.

« Nous devrons avoir des porte-parole actifs. Ce n'est pas seulement parce que Bryant Jennings et Oscar Rivas se battent que ça en fait un une division élite. Nous devrons avoir d'autres façons positives de rejoindre les gens, en plus d'avoir plusieurs combats. »

Yvon Michel - qui organisera son 49e combat de championnat du monde avec Groupe Yvon Michel et qui sera impliqué dans un 67e - abonde dans le même sens.

« La popularité d'une division va de pair avec la popularité de son champion, a rappelé le promoteur. Pour qu'il soit populaire, il doit être actif. Le mandat dont aura le champion à compter du 22 octobre sera donc d'être actif et de donner l'opportunité aux autres boxeurs classés. Je vous assure qu'à l'intérieur d'un an, ce sera l'une des divisions les plus contestées, les plus demandées. »